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Zone euro : la contraction du PIB sera-t-elle à nouveau évitée au T4?

27/01/2023
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Évolution trimestrielle des indicateurs de la zone euro

En décembre 2022, le climat des affaires, selon les enquêtes de la Commission européenne comme les PMI de Standard Poor's Global, s’est, de manière surprenante, assez nettement amélioré, bravant le cumul des chocs. L’amélioration est visible dans tous les secteurs d’activité ainsi qu’au niveau des composantes avancées (relatives aux nouvelles commandes). Le niveau des enquêtes reste toutefois relativement déprimé.

En décembre, la confiance des ménages a poursuivi son redressement pour le troisième mois d’affilée. Partant d’un niveau très dégradé, cette amélioration n’en est pas moins encourageante, portée par des inquiétudes moindres vis-à-vis du chômage et de l’inflation.

Le net reflux de l’inflation en décembre (près d’1 point en moins, à 9,2% en g.a.), surprenant très favorablement les attentes, est la nouvelle la plus positive du tableau conjoncturel de ce mois-ci, même si elle doit être relativisée par l’absence de reflux de l’inflation sous-jacente. Celle-ci a même encore augmenté à 5,2% (+0,2 point), sous l’effet de l’accélération des prix des produits manufacturés et des services. La diminution des pressions inflationnistes se confirme toutefois et devrait finir par entraîner l’inflation sous-jacente à la baisse.

Face aux signes de résistance de l’économie et de l’inflation sous-jacente, la BCE se montre déterminée à poursuivre le resserrement de sa politique monétaire. Nous tablons désormais sur une prolongation des hausses de taux au-delà du T1, portant le point d’arrivée un peu plus haut (3,25% au lieu de 3% pour le taux de dépôt).

À la faveur des surprises favorables sur un certain nombre d’indicateurs du T4, y compris sur les données dures (production et consommation en novembre), les perspectives de croissance apparaissent nettement moins négatives que redouté. Les facteurs de soutien semblent plus forts (diminution des difficultés d’approvisionnement, mesures budgétaires) et les vents contraires moins forts (crise de l’énergie moins aiguë). D’après notre estimation nowcast, le PIB de la zone euro échapperait même à la contraction et la croissance serait nulle. Nous avons aussi rehaussé notre prévision mais elle reste légèrement négative (-0,1% t/t au lieu de -0,4%).

Croissance du PIB t/t : observée, acquis et prévisions

Les modèles de prévision du PIB en quasi-temps réel (« nowcast »), aussi appelés « modèles de prévision du PIB par approche directe », sont communément utilisés par les conjoncturistes qui suivent au quotidien les évolutions de la croissance du PIB avant la publication des comptes nationaux trimestriels. Ces modèles permettent une estimation de la croissance du PIB sur la base des indicateurs déjà publiés au moment de la prévision. Leur intérêt est d’offrir, en amont de la publication des comptes nationaux trimestriels, l’image la plus fiable possible du dynamisme de l’activité pour le trimestre en cours. Le degré de sophistication des modèles de « nowcasting » a crû significativement, et les données utilisées se sont enrichies avec, en particulier, l’intégration des requêtes formulées sur Google, les articles parus dans les différents médias, des images satellites, des données de dépenses par cartes bancaires, etc.

Nous retenons une approche multi-fréquentielle à facteurs à partir de données économiques réelles (production industrielle, ventes au détail, etc.), de données issues d’enquêtes d’opinion et de conjoncture (PMI de Standard Poor's Global, enquêtes de la Commission européenne, etc.) et de données internationales et financières.

L’approche multi-fréquentielle à facteurs est estimée en deux temps. Dans un premier temps, nous réduisons la dimension de nos données mensuelles par une analyse en composante principal (ACP). Cette technique statistique permet d’estimer, par combinaison linéaire des variables initiales, un facteur mensuel qui représente la dynamique commune. Dans un second temps, nous utilisons ce facteur commun mensuel pour expliquer la croissance trimestrielle à l’aide d’une régression linéaire à fréquences mixtes (MIDAS[i]).


[i] Le modèle MIDAS permet d’estimer une variable à basse fréquence (trimestrielle dans notre cas) par des variables à haute fréquence (mensuelle).

Hélène Baudchon

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