Si le risque de pénurie énergétique semble s’éloigner cet hiver, les obstacles auxquels est confrontée l’économie italienne restent importants. Contrairement à ses proches voisins européens, en Italie l‘inflation ne faiblit pas. Elle ne s’est que légèrement tassée en décembre dernier, passant de 12,6% à 12,3%, et elle reste la plus élevée en Europe de l’Ouest. Par ailleurs, l’évolution des prix sur trois mois (3m/3m) s’est envolée à 19,8%, le plus haut niveau jamais enregistré depuis le début des statistiques actuelles en 1996.
Malgré l’ampleur des mesures de soutien instaurées en 2022 – d’un coût total estimé par la Banque d’Italie à EUR 68 mds – celles-ci ont moins freiné la hausse des prix que les dispositifs instaurés en France ou en Espagne par exemple. C’est en partie un choix assumé par les autorités italiennes, qui ont davantage privilégié des mesures de subventions directes ou des allègements de cotisations pour les ménages et les entreprises, qu’une intervention sur les prix. Néanmoins, face à la hausse timide des salaires horaires (+1,6% a/a en novembre), la baisse du pouvoir d’achat des ménages italiens reste conséquente.
Si, au vu de la baisse du taux de chômage, le marché du travail transalpin poursuit son rétablissement, cet indicateur masque des dynamiques de fond moins positives pour la croissance économique. Le taux de chômage a reflué à 7,8% en novembre 2022, son plus bas niveau depuis mai 2009, si on exclut les distorsions d’avril 2020 liées à l’instauration des mesures de chômage partiels. Néanmoins, la population active s’est stabilisée à un niveau bien inférieur à 2019, en baisse d’environ 300 000 (-1,5%).
La consommation privée s’est rétablie au T3 2022 mais devrait avoir marqué le pas au T4, entraînant dans son sillage un recul de l’activité que nous estimons à -0,4% t/t. Les ventes au détail ont continué de baisser en octobre et novembre, freinées par un repli important des achats de produits alimentaires (-6,7% entre janvier et novembre 2022).
Guillaume Derrien