La dégradation des enquêtes sur le climat des affaires s’est poursuivie en mai, en particulier dans le secteur manufacturier, bien que la production industrielle ait résisté en avril. Cette dernière a progressé de 1,6% m/m, atteignant son niveau le plus élevé depuis décembre 2007. Le PMI manufacturier a néanmoins chuté de 2,6 points en mai, à 51,9. C’est son sixième mois de baisse consécutive. Le net retranchement de cet indicateur apparaît clairement sur notre baromètre. La composante « nouvelles commandes » a lourdement chuté (-5,2 points, à 47,4) et celle relative aux prix des intrants s’est aussi rétractée (-5,7 points, à 81,4), après un record en avril. Le rythme de hausse des coûts de production reste cependant très important.
La consommation privée, déjà en recul au T1 (-0,6% t/t), restera fragile au T2. Les ventes au détail ont, en effet, enregistré deux baisses d’affilée en mars et avril (recul cumulé de 1,2%), tandis que la confiance des ménages reste très dégradée, après une chute spectaculaire au premier trimestre. L’indice de la Commission européenne ne s’est que très légèrement rétabli en mai (-22,0 contre -23,9 en mars). Les perspectives d’épargne au cours des douze prochains mois notamment sont les plus mauvaises depuis juillet 2017. Cela témoigne de l’inquiétude des consommateurs quant à l’impact de la hausse de l’inflation sur leur pouvoir d’achat.
En effet, l’augmentation des prix à la consommation s’accentue. L’indice harmonisé (IPCH) enregistre une progression sur un an de 7,3% en mai, le chiffre le plus élevé depuis 1990 (début des statistiques actuelles). Si la hausse des prix énergétiques reste très prononcée, elle s’amplifie également pour les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées (+7,5% a/a), dans l’hôtellerie, les bars et la restauration (+6,0%), les équipements du logement (+4,5%) et, dans une moindre mesure, l’habillement (+1,6%). Cependant, les effets de second tour, et notamment une boucle prix-salaires, semblent pour le moment largement écartés dans le pays. Selon Istat, les salaires horaires ont progressé de 0,8% a/a en avril, suggérant donc une perte en termes réels d’environ 5,5% en avril. Cette baisse très significative explique en partie la baisse du moral des ménages.
Le marché du travail a, dans l’ensemble, poursuivi son rétablissement sur la première moitié de l’année, mais des premiers signes d’essoufflement apparaissent : l’emploi a marqué le pas en avril (-12 150). Le taux de chômage est tout de même redescendu à 8,4% de la population active en avril, tout comme le chômage des jeunes désormais à 23,8%. Ce second chiffre reste très élevé mais il constitue néanmoins un plus bas depuis décembre 2008.