Ces achats permettent à l’État de contenir le coût de financement. Néanmoins, ces achats de dette par la banque centrale devraient s’arrêter en 2023. À cette date, le gouvernement devra non seulement réduire son déficit sous le seuil de 3% du PIB mais aussi le financer sans faire appel à la banque centrale. Il redeviendra dépendant des investisseurs étrangers, ce qui entraînera une hausse de ses coûts de financement et réduira d’autant ses marges de manœuvre pour soutenir son développement. D’ici-là, le gouvernement doit faire face à un nouveau choc : celui du conflit en Ukraine et de la hausse des prix des matières premières.
Conséquences limitées du conflit en Ukraine
L’impact direct du conflit en Ukraine sur l’économie de l’Indonésie sera faible car les relations commerciales avec l’Ukraine et la Russie sont limitées. En revanche, la hausse des prix des matières premières se répercutera directement sur la balance commerciale et indirectement sur l’inflation, à moins que le gouvernement ne décide de subventionner les produits importés.
Ces effets dépendent de deux facteurs : la durée de l’interdiction d’exporter de l’huile de palme (en vigueur depuis le 28 avril 2022) et l’adoption de mesures budgétaires pour contenir l’inflation importée. Jusqu’à présent, le gouvernement a choisi de soutenir son économie, au risque de ralentir la consolidation budgétaire en cours.
Comptes extérieurs : impact globalement positif si l’interdiction d’exporter de l’huile de palme est levée rapidement
La guerre en Ukraine et les sanctions à l’égard de la Russie n’affecteront pas directement les échanges commerciaux de l’Indonésie. En 2021, ses importations en provenance de ces pays constituaient respectivement seulement 0,5% et 0,6% de ses importations totales. De même, ses exportations à destination de ces deux pays étaient extrêmement modestes (0,2% et 0,6% des exportations étaient vers l’Ukraine et la Russie en 2021).
En revanche, d’un côté, le pays importe des céréales et du pétrole (dont la moyenne des prix sur les cinq premiers mois de l’année est supérieure de 25,4 et 65,7 % par rapport à 2021), de l’autre il exporte de l’huile de palme et du charbon.
La hausse des prix des céréales aura un impact modeste sur la balance commerciale car les importations de céréales sont faibles au regard du total des importations (2%). Toutefois, le pays importe la totalité de sa consommation de blé. En outre, 23% de ses importations proviennent d’Ukraine (l’Australie étant son premier fournisseur). Le pays va donc devoir trouver un autre fournisseur pour substituer ses importations d’Ukraine.
La hausse des prix des céréales aura un impact modeste sur la balance commerciale car les importations de céréales sont faibles au regard du total des importations (2%). Toutefois, le pays importe la totalité de sa consommation de blé. En outre, 23% de ses importations proviennent d’Ukraine (l’Australie étant son premier fournisseur). Le pays va donc devoir trouver un autre fournisseur pour substituer ses importations d’Ukraine.
Par ailleurs, l’envolée des prix du pétrole va détériorer sensiblement la balance commerciale car les importations nettes de pétrole et de produits pétroliers ont représenté en 2021 14,7% des importations totales. Une hausse des prix du pétrole de 10% pourrait avoir un impact négatif de 0,1 point sur le solde courant. En supposant que le prix du pétrole s’élève en moyenne à USD100 le baril sur l’année 2022 (+41% par rapport à la moyenne enregistrée en 2021), le solde courant se dégraderait donc de 0,4 point de PIB.
Dans le même temps, le pays devrait bénéficier de la hausse des prix des produits exportés, et en particulier ceux de l’huile de palme et du charbon, lesquels constituaient chacun 11,6% de ses exportations en 2021 (soit 2,2% du PIB pour chaque produit exporté). Selon les prévisions du FMI publiées dans le WEO en avril 2022, les prix du charbon et de l’huile de palme augmenteraient de 179% et 35% sur l’année 2022, ce qui générerait un effet comptable positif sur le compte courant de 2,2 points de PIB.
Au total, en dépit de la hausse des prix du pétrole, la balance des paiements courants de l’Indonésie pourrait afficher un excédent pour l’année 2022 si les prix des produits qu’elle exporte se maintiennent, comme cela semble se profiler, à des niveaux élevés. Sur les quatre premiers mois de l’année 2022, le pays a déjà enregistré un surplus commercial record de près de USD17 mds (l’équivalent de 4% du PIB annualisé). Même si les importations ont sensiblement accéléré par rapport à la même période en 2019 (l’année 2020 étant biaisée par l’épidémie de la Covid-19), l’augmentation des exportations a été encore plus marquée, car favorisée par la très forte hausse des prix de l’huile de palme et du charbon.