La réaction du marché n’a rien de surprenant : une détente de la politique monétaire a les faveurs des investisseurs car, toutes choses égales par ailleurs, elle entraîne une appréciation des cours des actifs. De plus, les allusions de Jerome Powell à une éventuelle baisse du taux de la Fed, en réaction aux vents contraires qui soufflent sur les échanges commerciaux, ont peut-être alimenté l’espoir que la BCE pourrait commencer à agir dans ce sens. Le fait qu’elle ne fasse pas preuve d’empressement n’est pas une surprise. Même si l’industrie manufacturière est à la peine, les secteurs des services et du bâtiment affichent une bonne résilience et les fondamentaux favorables devraient continuer à soutenir l’économie de la zone euro. Et c’est d’autant moins surprenant qu’en dépit du discours sur les outils dont dispose encore la BCE, la marge d’assouplissement de sa politique est bien plus mince qu’auparavant : lorsque les munitions commencent à manquer, mieux vaut viser juste. Cependant, l’annonce la plus intéressante de la conférence de presse est certainement celle d’un débat en cours au sein du Conseil des gouverneurs sur la disposition à agir en cas d’événements défavorables, plusieurs membres envisageant la possibilité de nouvelles baisses des taux, la reprise du programme de rachat d’actifs (QE) ou un nouveau prolongement de la forward guidance. Sur le front de l’inflation comme dans le monde militaire, une seule stratégie donc : qui veut la paix, prépare la guerre et s’y prend suffisamment tôt.