Les salaires en zone euro ont nettement accéléré au premier trimestre 2023 :
En glissement annuel, les salaires de base moyens, négociés par accord collectif, ont augmenté de 4,3%, la progression la plus forte depuis la création de l’Union monétaire. Ce rythme de croissance, bien qu’en dessous de l’inflation, est notable. La progression des salaires devrait rester importante au cours des prochains mois, alimentée par l’inflation et le niveau historiquement bas du taux de chômage (6,5% en avril).
Les autres points clés du mois :
• La dynamique de l’inflation au Royaume-Uni continue d’inquiéter et devrait contraindre la Banque d’Angleterre à augmenter de nouveau son taux directeur au cours de l’été. Si l’inflation totale a baissé, passant de 10,1% en mars à 8,7% en avril en glissement annuel, l’inflation sous-jacente gagne encore en vigueur (de 6,2% à 6,8%). À la hausse très importante des prix alimentaires (19,3%) s’ajoute celle des services qui, à 6,9% en avril, est la plus élevée depuis 31 ans, tirée notamment par des augmentations de loyers sans précédent depuis le milieu des années 1990 (+5,5%, plus forte progression depuis mars 1996). La hausse des prix dans les services n’épargne aucune composante : la communication (+7,9% en g.a. qui reflète le bond des abonnements téléphoniques en avril), les assurances automobiles (+38,5% en g.a.) ou encore les voyages organisés (+12,7%). Désormais, plus de 85% des composantes de l’IPC affichent une progression annuelle supérieure à 4%, un nouveau record.
• L’inflation sous-jacente aux États-Unis est restée élevée en avril (mesures IPC et déflateur), mais certains indicateurs alternatifs s’améliorent quelque peu. Les indices de généralisation de l’inflation amorcent un recul, tandis que les données d’enquête PMI indiquent à nouveau, en mai, un nombre moins important d’entreprises augmentant leurs prix de vente (elles restent minoritaires dans le sondage). Les anticipations d’inflation à long terme demeurent bien orientées et le point mort d’inflation poursuit sa baisse. La hausse des salaires a ralenti depuis le début de l’année mais l‘écart avec l’inflation demeure plus faible que celui observé en Europe et au Japon, indiquant une baisse des salaires réels moins importante aux États-Unis.
• En zone euro, la hausse des prix à la production est retombée à 1% en avril. Dans plus d’un tiers des pays de l’Union monétaire, la composante énergétique de l’IPC se situe même en zone en déflation, la plus forte contribution négative se situant en Belgique et aux Pays-Bas. Dans les pays baltes et en Slovaquie, l’inflation totale reflue très modestement, et se maintient au-dessus de la barre des 10% en mai en glissement annuel.
• L’inflation des produits alimentaires en zone euro s’est stabilisée à un niveau très élevé. Néanmoins, plusieurs secteurs des services connaissent une poussée inflationniste de plus en plus importante, alimentée pour certains par la hausse des salaires : c’est le cas des secteurs de l’hôtellerie-restauration, de l’enseignement, et dans les loisirs et la culture. Certaines mesures alternatives de l’inflation, surveillées de près par la BCE, ont néanmoins ralenti. C’est le cas de l’indice PCCI et de la médiane pondérée.
• Les anticipations d’inflation à long terme des ménages sont reparties à la hausse en mai aux États-Unis (enquête de l’université du Michigan), tandis qu’elles ont baissé en zone euro en avril (enquête CES de la BCE). Les banquiers centraux garderont toutefois un œil attentif sur leurs évolutions futures, même si jusqu’ici on ne constate pas de réel décrochage.
• Au Japon, les anticipations de marché s’ajustent encore timidement au nouveau contexte inflationniste. Le point mort d’inflation est repassé tout juste au-dessus de 1,2% à la fin du mois de mai. Pourtant, la hausse des prix sous-jacents (hors énergie et aliments périssables) a dépassé en avril la barre des 4% en glissement annuel pour la première fois depuis 1986, année correspondant au début des statistiques actuelles. Plus de la moitié des catégories de l’IPC enregistrent à présent une hausse supérieure à 2% sur les douze derniers mois. Deux des trois mesures alternatives d’inflation scrutées par la Banque du Japon ont franchi la barre des 3% (moyenne ajustée) ou s’en rapprochent (mode).