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Baromètre de l'inflation mars 2023

02/03/2023
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À quelle baisse de l'inflation peut-on s'attendre cette année ? La chute importante des prix énergétiques par rapport à leur sommet de l’été 2022 permet à l’inflation totale et aux prix à la production de baisser progressivement dans la plupart des pays de l’OCDE. Les effets de base attendus sur ce poste au cours des prochains mois devraient prolonger cette dynamique de désinflation. Le repli des indices PMI sur le prix des intrants et les délais de livraison et, dans une moindre mesure, les prix de ventes, indiquent, en effet, des pressions inflationnistes en voie de diminution.

Cependant, l’inflation des produits alimentaires ne faiblit pas, et celle dans les services s’accentue. Aux États-Unis, elle a atteint 5,7% sur 1 an en janvier selon l’IPC et 7,6% selon le PCE, tandis que l’IPCH correspondant en zone euro est grimpé à 4,4%. La hausse des prix dans les services a ralenti au Royaume-Uni en janvier, mais reste plus importante que dans l’Union monétaire et outre-Atlantique, à 6,0%.

La hausse soutenue des prix reste très généralisée. La majorité, sinon l’ensemble, des postes de la consommation progressent encore à un rythme nettement supérieur à 2% sur un an.

Au sein de la zone euro, des disparités importantes existent entre les pays. Le rythme d’inflation reste très élevé dans les pays baltes (entre 18% et 21%), en Slovaquie (15,1%) et dans une moindre mesure en Autriche (11,5%) et en Italie (10,7%). Le Luxembourg (5,7%), l’Espagne (5,9%) et Malte (6,8%) enregistraient, en janvier, les hausses de prix les moins élevés de l’Union monétaire, grâce à une inflation sur l’énergie qui s’est dissipée. En France, l’inflation est repartie à la hausse en janvier, à 7,0%, contre 6,7% le mois précédent.

Au Royaume-Uni, l’envolée des prix de l’électricité et du gaz ne faiblit pas en janvier (+89,5% a/a) et contribuait toujours pour près de la moitié à l’inflation totale. Combinée à la hausse des prix dans l’alimentation, qui s’amplifie (16,8% a/a en janvier), et à ses répercussions dans la restauration (+9,3%, inclus dans l’IPC), l’inflation dans le pays se maintient au-dessus de 10%.

Les anticipations d’inflation à long terme des ménages aux États-Unis et en zone euro se sont stabilisées depuis l’été 2022, et restent ancrées à un niveau proche, bien que supérieur, de la cible des 2% visée par les banquiers centraux. Les sondages auprès des prévisionnistes sont en ligne avec ces enquêtes. Les anticipations de long terme des ménages britanniques sont plus élevées (supérieures à 4%) mais restent en ligne avec la moyenne des dix dernières années. Sur les marchés, le point mort de l’inflation a baissé sous la barre des 3% (États-Unis, zone euro) ou proche de celle-ci (Royaume-Uni).

Les salaires progressent à un rythme soutenu aux États-Unis et au Royaume-Uni, portés par un marché du travail très résilient et un taux de chômage historiquement bas. Si les effets d’entrainement de l’inflation sur les salaires sont, à ce stade, moins importants en zone euro, ils s’amplifient toutefois.

Guillaume Derrien

États-Unis : contribution à l'inflation (p.p.)
Zone euro : contribution à l'inflation (p.p.)
Royaume-Uni : contribution à l'inflation (p.p.)
LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE