L’accord commercial entre les États-Unis et la Chine apporte un répit bienvenu, mais une fois l’attention portée sur les négociations de la phase 2, l‘incertitude devrait s’intensifier.
En cas de conflit commercial, l’on peut à l’évidence supposer que le pays excédentaire va en pâtir, mais le pays déficitaire ne va pas pour autant en tirer avantage. Une étude récente, réalisée par le conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des Etats-Unis[1] conclut à l’impact négatif de cet affrontement sur les Etats-Unis également : « Les industries manufacturières américaines, les plus exposées à la hausse des droits de douane, enregistrent une diminution relative de l’emploi, l’effet positif lié à la protection contre les importations étant compensé par des effets négatifs plus importants, dus à la hausse des coûts des intrants et à la mise en place de tarifs en représailles. Les hausses de droits de douane s’accompagnent également de l’augmentation relative des prix à la production via le renchérissement du coût des intrants ».
En l’absence d’accord commercial, les facteurs ci-dessus auraient continué à jouer un rôle dans la mesure où il y aurait eu une nouvelle escalade des droits de douane et un prolongement de l’incertitude concernant les conséquences de la bataille commerciale. L’analyse contrefactuelle, qui compare une situation avec un scénario alternatif, montre que nous devons nous réjouir de cet accord. Cependant, abstraction faite de l’alternative, force est de conclure qu’il y a moins de raisons de se féliciter.
L’engagement de la Chine à accroître ses achats de produits américains ne porte que sur les deux prochaines années, les choses devenant moins claires ensuite. De plus, le vice-Premier ministre chinois aurait indiqué que ces achats seraient basés sur la demande du marché chinois[2]. Les pays tiers, réduits au rôle d’observateurs de cet accord « commercial aménagé » au niveau bilatéral, s’intéresseront, pour leur part, à ses conséquences en termes de réorientation des échanges commerciaux. Cette préoccupation a été exprimée par Phil Hogan, commissaire européen au commerce, dans un discours prononcé à Washington DC, qui a, par ailleurs, salué les dispositions adoptées sur la protection des droits de propriété intellectuelle[3]
Comme il s’agit d’un accord de phase « 1 », l’attention des entreprises et des gouvernements ne tardera pas à se porter inévitablement sur la prochaine phase des négociations. Le Président Trump a déclaré que la conclusion d’un accord de phase « 2 » avec la Chine pourrait être reportée après les élections de 2020, dans l’idée que cela lui permettrait de négocier un meilleur accord pour les Etats-Unis. Comme les négociations s’apparentent fort au jeu de la carotte et du bâton, cela pourrait très bien signifier qu’après le soulagement, l’incertitude liée aux échanges commerciaux risque d’augmenter de nouveau.