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Eco Perspectives // 2 trimestre 2021
economic-research.bnpparibas.com
1
6
Le secteur du textile, de l’habillement et de la chaussure a accusé
une baisse de la valeur ajoutée de près de 25% et de nombreux
emplois ont été perdus. Le secteur de l’alimentation et des boissons
a été moins touché, de même que les biens intermédiaires, comme
les produits chimiques et ceux en caoutchouc et en plastique. Le
secteur manufacturier a été soutenu par l’accroissement modéré des
exportations. Les données de la balance commerciale montrent qu’en
valeur, les ventes italiennes à l’étranger ont presque entièrement
effacé le recul de la première partie de la crise.
SYSTÈME PRODUCTIF PAR TAILLE DES SOCIÉTÉS (% DU TOTAL)
Micro
Petites
Moyennes
Grandes
22.7
4
3.7
À PANDÉMIE NOUVELLE, VIEUX PROBLÈMES
1
3.3
En Italie, les problèmes soulevés par la pandémie de Covid-19 se sont
superposés à des difficultés structurelles qui entravent la croissance
du pays depuis quelque temps et les ont aggravées (dette publique
élevée, système de production fragmenté, faible investissement dans
l’éducation, la R&D et l’innovation). Il sera difficile d’emprunter une
trajectoire de croissance robuste en l’absence d’initiatives décisives
pour stimuler l’innovation, la productivité et le développement durable.
20.3
GRAPHIQUE 3
SOURCE : BNL, CALCULS DEPUIS DONNÉES ISTAT
Au moment où la pandémie de Covid-19 a frappé, les derniers chiffres
disponibles laissaient apparaître une importante fragmentation
du système productif italien : en Italie, les TPE représentent 95%
des entreprises, concentrent 43,7% des emplois et créent 27,5% de
la valeur ajoutée. Par comparaison avec les autres pays européens,
les entreprises italiennes sont plus petites, employant en moyenne
À fin 2020, environ 75% des entreprises italiennes employant au moins
trois salariés n’avaient pas défini de cadre stratégique pour faire face
aux conséquences de la crise à moyen ou long terme, et environ un
tiers montraient des signes de crise ou de détresse. Les cinq groupes
étaient fortement homogènes en termes de taille : les « statiques en
crise » étaient en moyenne beaucoup plus petites que les « proactives
avancées » (6,5 salariés pour les premières et 47,2 pour les secondes).
Même si les réactions des entreprises face à la crise dépendent en
grande partie de l’impact des mesures de confinement sur les différents
secteurs, il est évident que les entités les moins productives (coûts de
personnel élevés, main d’œuvre peu qualifiée et activité domestique)
ont été, de loin, les plus touchées.
4
salariés (contre 4,5 en Espagne, 5,6 en France et 11,9 en Allemagne).
La taille des entreprises affecte à la fois leur productivité et leur
propension à investir. En Italie, la productivité du travail s’établit
à EUR 30 000 dans les TPE, contre EUR 72 680 dans les grandes
entreprises. Dans le secteur manufacturier, une grande entreprise
investit en moyenne chaque année environ EUR 14 500 par salarié,
contre EUR 3 600 pour une TPE. La prévalence des TPE et des PME, et
la faiblesse de la productivité et de la propension à l’investissement
qui en découle, sont à la fois la cause et l’effet de la rareté des postes
qualifiés et des infrastructures numériques dans les entreprises
italiennes. Les dernières données Istat disponibles montrent qu’en
Italie, seulement 5,1% des salariés du système productif ont suivi une La valeur ajoutée par salarié des « proactives avancées » est plus
formation ou obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur.
Par ailleurs, la taille des entreprises affecte considérablement
l’utilisation des infrastructures numériques : les entreprises entrées
dans l’ère numérique (celles qui ont intégré les technologies
disponibles et en font un usage avancé) sont principalement de
grandes entreprises. Ainsi, 23% des entreprises de plus 500 salariés,
de deux fois supérieure à celle des « statiques en crise » (environ
EUR 73 000 contre EUR 33 000) et leurs salariés sont en moyenne
plus diplômés. Par secteur d’activité, les entreprises les plus réactives
sont plus nombreuses dans l’industrie, notamment la chimie, la
pharmacie, l’électronique et les boissons. Dans les services, celles qui
ont le mieux réagi face à la crise travaillent principalement dans les
télécommunications, l’informatique, la finance et l’assurance. Parmi
les entreprises qui ont le plus pâti de la crise, indépendamment du
secteur d’activité, un fort pourcentage n’avait investi dans aucun
domaine (R&D, ressources humaines, technologies et numérique,
capital humain et formations, internationalisation, responsabilité
sociale et environnementale) et n’a, par conséquent, pas modifié sa
stratégie face à la crise.
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5% des entreprises de 250 à 499 salariés et 10 % des entreprises
de 100 à 249 salariés répondent à cette définition. Parmi les petites
entreprises, elles sont moins de 2,3%.
Les limites structurelles d’une partie du système productif italien
affectent, en outre, la capacité d’adaptation et l’efficacité de la réponse
aux défis posés par la pandémie de Covid-19. Une analyse récente
d’Istat répartit les entreprises italiennes en cinq catégories face à la
crise actuelle : 1. les « statiques en crise » (entreprises lourdement
affectées par les mesures sanitaires d’urgence et qui n’ont pas adopté
de stratégie spécifique) ; 2. les « statiques résilientes » (celles
qui n’ont pas mis en place de réponse parce qu’elles ne pâtissent
pas d’effets négatifs significatifs) ; 3. les « proactives en détresse »
Achevé de rédiger le 31 mars 2021
(
frappées par la crise, mais elles n’ont pas mis en place de stratégies
de réponse) ; 4. les « proactives en expansion » (à peine affectées
par la crise, n’ont pas modifié leur schéma de développement) ; 5. les
«
proactives avancées » (bien qu’affectées par la crise, elles ont accru
leurs investissements par rapport à 2019).
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