Le Portugal a été l’un des pays européens les plus durement touchés par la troisième vague de Covid-19 survenue cet hiver. Le gouvernement a réinstauré un confinement « dur », ce qui a permis de réduire drastiquement la propagation du virus. Un plan progressif de déconfinement a débuté le 15 mars et s’achèvera le 3 mai prochain. L’espoir d’une reprise économique solide repose sur la campagne de vaccination qui se déroule pour l’heure, et comme partout dans l’Union européenne, à un rythme peu soutenu. Le succès de la vaccination en Grande-Bretagne offre néanmoins des perspectives de reprise intéressantes pour le secteur touristique portugais, très dépendant des visiteurs d’outre-Manche. Le PIB en volume pourrait rebondir à hauteur de 5,0%-5,5% en 2021, après une contraction de 7,6% en 2020.
À l’instar de la Grande-Bretagne, le Premier ministre António Costa a dévoilé un plan de déconfinement très progressif qui a débuté le 15 mars dernier, et qui « s’achèvera » le 3 mai prochain avec la réouverture, entre autres, des restaurants et des cafés. Sur le plan économique, un nouveau paquet budgétaire de EUR 7 mds a été annoncé le 12 mars.
L’enjeu des prochaines semaines sera de permettre au secteur touristique de redémarrer. Des mesures importantes ont d’ores et déjà été prises dans ce sens : à compter du 17 mai, les voyageurs britanniques seront autorisés à entrer sur le territoire portugais, à la condition de présenter un certificat de vaccination contre la Covid-19 ou un document attestant d’un test PCR négatif récent. Cette annonce fait suite à la décision du gouvernement britannique de retirer le Portugal de sa liste rouge, évitant ainsi aux voyageurs de retour du Portugal d’observer une quarantaine de 10 jours.
Ces perspectives positives se sont reflétées sur les indices de confiance, et notamment l’indice de sentiment économique (ESI) de la Commission européenne, qui a bondi en mars (+7,6 points à 93,1). L’ESI reste néanmoins à un niveau bien inférieur à celui d’avant-crise et la confiance des consommateurs est particulièrement fragile.
Sur le front de l’emploi, il est certain que les mesures de soutien apportées par le gouvernement ont permis de limiter la casse : l’emploi a chuté de 1,9% en 2020, un niveau bien en deçà de celui du PIB en volume (-7,6%).
Néanmoins, les chiffres bruts de l’emploi masquent des disparités majeures. Les jeunes travailleurs ont été frappés de façon disproportionnée par la crise, comme en atteste la baisse notable du taux d’emploi de 15-24 ans au cours de l’année 2020 (cf. graphique 2). Cette crise laissera des traces profondes sur l’insertion des jeunes dans le marché du travail.
Sur le plan des finances publiques, le déficit budgétaire de 5,7% de PIB, enregistré en 2020, est comparativement moins élevé que celui de ses voisins européens, le Portugal ayant bénéficié d’un excédent budgétaire avant la crise. Ce niveau de déficit reste néanmoins très significatif et la dette publique a bondi de près de 16 points de PIB en 2020 pour atteindre un ratio de 133,6%. Les risques à court terme sur la dette portugaise restent néanmoins très contenus. En effet, après une remontée notable en février, les taux souverains à 10 ans ont rechuté vers des niveaux proches de ceux observés avant la crise du coronavirus (autour de 2,0%).
Dernier point notable : la baisse du nombre de transactions immobilières, due à la crise sanitaire, ne semble pas avoir entamé la dynamique haussière des prix immobiliers dans le pays, qui ont encore enregistré une croissance très solide en 2020 (+8,4%)1. La baisse des taux d’intérêt qui se poursuit, couplée à un manque d’offre, contribue à cette hausse marquée des prix.