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Eco Emerging // 2 trimestre 2022
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LE GOUVERNEMENT DEVRAIT CONTENIR LE RISQUE INFLATIONNISTE
des produits alimentaires et des transports ont été enregistrées depuis
la fin de l’année 2021.
La Malaisie importe des produits alimentaires (céréales, viande, fruits
et végétaux) et des engrais. Même si ses importations de céréales
restent modestes (l’équivalent de 0,6% du PIB en 2021), la hausse des
prix alimentaires provoquée par le conflit en Ukraine pourrait générer
une augmentation générale des prix estimée à 22 points de base (pb)
en 2022, sans parler de l’effet induit par la hausse des prix des en-
grais sur les prix de 2023. On estime, en effet, que l’élasticité des prix
alimentaires aux prix internationaux est de 0,6 alors que l’alimentaire
constitue 28,4% du panier de consommation des ménages. Mais pour
les ménages les plus pauvres, les produits alimentaires représentent
MALAISIE : SOLDE DU COMPTE COURANT
En février 2022, l’inflation globale est restée contenue à seulement
2
,2% en glissement annuel (g.a). Néanmoins des tensions sur les prix
Solde commercial
Solde des services
% PIB
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Solde du compte courant
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1
0
8
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4
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0
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-
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3
8,5% de leur consommation. En outre, ces prix ont déjà augmenté de
,9% en g.a. en février vs. 1,5% à la même époque l’année dernière.
-6
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
SOURCE : CEIC
GRAPHIQUE 2
L’augmentation des prix du pétrole pourrait quant à elle générer une
hausse des prix domestiques de 60pb si elle était intégralement réper-
cutée. À ce jour, le gouvernement a maintenu inchangés les prix des
principaux carburants (diesel et sans-plomb 95) afin de protéger les
ménages déjà fortement fragilisés par la crise sanitaire.
la hausse du déficit du compte des services (due à l’effondrement des
recettes de tourisme) mais son surplus commercial a atteint 11% du PIB.
La Malaisie a bénéficié de la hausse des prix des matières premières
En outre, l’augmentation des recettes budgétaires (induite par la et du rebond du commerce mondial. Par ailleurs, les investissements
hausse des prix du pétrole), pourrait permettre au gouvernement de directs étrangers ont sensiblement accéléré pour atteindre 4,7% du PIB
prendre à sa charge l’intégralité de la hausse des prix internationaux alors qu’ils s’élevaient à seulement 2,7% du PIB en moyenne sur les
du pétrole sans fragiliser ses finances publiques. Le budget du gouver- cinq années précédant la crise de la Covid-19.
nement a été établi avec un prix moyen du pétrole de 67 USD par baril.
Les comptes extérieurs devraient rester solides en 2022, soutenus,
Le gouvernement prévoyait alors d’encaisser RM 43,9 mds (2,7% du
d’une part, par les prix élevés des matières premières et, d’autre part,
PIB) de revenus issus du pétrole (sous la forme de taxes directes et in-
par la réouverture des frontières aux touristes (le déficit du compte
directes mais aussi de dividendes versés par Petronas). Avec la hausse
des services a atteint 4% du PIB en 2021 contre seulement 1,4% en
des prix du pétrole portés à 102 USD le baril en moyenne sur les trois
moyenne sur la période 2015-2019). Sur les deux premiers mois
premiers mois de l’année 2022 (+52% par rapport au budget prévision-
de 2022, les exportations ont enregistré une croissance très solide
nel du gouvernement), les recettes pétrolières pourraient s’élever à
(
+20,2% corrigée des variations saisonnières) contribuant à accroître le
RM 85 mds (5,2% du PIB), générant ainsi un surplus de RM 41,1 mds
par rapport au budget initial. Le gouvernement estime par ailleurs que
le surcoût en termes de subventions sur le prix au détail de l’essence,
pour le maintenir inchangé, serait de RM 17 mds par rapport à 2021.
Même en supportant l’intégralité de la hausse des prix du pétrole, le
gouvernement disposerait encore d’un excès de recettes par rapport à
son budget prévisionnel, équivalent à 1,4% du PIB.
surplus commercial. Les combustibles ainsi que les huiles végétales et
animales ont enregistré les hausses les plus fortes.
Les risques sur le compte courant ne sont pour autant pas nuls.
L’ampleur du choc inflationniste mondial et du choc épidémique en
Chine vont peser sur la demande mondiale. Par ailleurs, l’afflux de
touristes sera contraint par l’absence de visiteurs chinois (dont les
recettes constituaient près de 18% des recettes touristiques de la
Malaisie avant la crise de la Covid-19) et par la perte de pouvoir
d’achat des consommateurs de tous les pays d’Asie (l’ASEAN représente
Dans ces conditions, même si aucune annonce n’a encore été faite
concernant l’adoption de subventions, il apparait probable que le gou-
vernement mette en place une politique de soutien, a minima pour les
ménages les plus fragiles, et ce d’autant plus que des élections pour-
raient avoir lieu au S2 2022. Le gouvernement et les partis d’opposition
se sont accordés en septembre 2021 pour assurer une certaine stabilité
politique jusqu’en juillet 2022.
5
0,8% des touristes).
Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt américains pourrait générer des
sorties de capitaux, surtout si la banque centrale de Malaisie maintient
une politique monétaire accommodante. Cependant, en février et mars,
le pays a continué d’enregistrer des entrées nettes d’investissements de
portefeuille (selon les données de l’IIF). La Malaisie, comme la majorité
des pays exportateurs de matières premières, a en effet bénéficié d’un
regain de confiance des investisseurs. Contrairement aux monnaies des
autres pays de l’ASEAN, le ringgit (RM) est resté relativement stable
LES COMPTES EXTÉRIEURS SONT SOUTENUS PAR LA HAUSSE DES
PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES
La balance des paiements est solide. En 2021, pour la deuxième année face au dollar depuis le début de l’année.
consécutive, la position extérieure nette du pays a enregistré un solde
créditeur équivalent à 5,9% du PIB. En février les réserves de change
s’élevaient à USD 103 mds, l’équivalent de 4,9 mois d’importations de
biens et services.
Le pays a un excédent structurel de son compte courant. En 2021, cet
excédent s’est légèrement réduit (-0,7pp à 3,5% du PIB) en raison de
Achevé de rédiger le 11 avril 2022
Johanna MELKA
johanna.melka@bnpparibas.com
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