En février 2022, l’annonce de la levée des restrictions liées à la Covid-19 avait permis un regain d’optimisme, de courte durée puisque le début de la guerre en Ukraine y avait mis fin. En février 2023, bien que dans une proportion moins marquée, le climat des affaires de l’Insee a rebondi d’1 point à 103, atteignant son niveau le plus élevé depuis août 2022. Il a été soutenu par les services et l’industrie, signe d’un hiver qui s’est mieux passé que prévu en matière de fourniture d’énergie.
La confiance des ménages ne témoigne pas encore de ce regain d’optimisme. Son indice recule d’1 point, à 82, en février, et gravite ainsi près de 20 points en deçà de sa moyenne historique depuis juin 2022. La balance d’opinion sur les hausses de prix passées atteint 74, un plus haut depuis octobre 1976. Les ménages français ne s’attendent par ailleurs à aucune amélioration, notamment concernant leur niveau de vie.
La dynamique de l’inflation explique le pessimisme des ménages, avec un chiffre de 7,3% a/a (indice harmonisé) en février, supérieur au précédent pic de 7,1% a/a en novembre 2022, en raison d’une nette accélération de l’inflation alimentaire (14,8% a/a en février), tirée par les produits frais (+7,8% en février 2023 par rapport à décembre). La nette décrue de l’inflation énergétique devrait conduire l’inflation globale à la baisse à partir de mars mais l’inflation sous-jacente (4,5% a/a en février) devrait se maintenir.
Le salaire moyen par tête a progressé de 5,6% en 2022 (inflation moyenne à 5,9%), soutenu par une accélération du salaire horaire au cours de l’année et le versement de primes (dont la prime de partage de la valeur). En parallèle, les créations d’emplois ont été fortes en 2022 (+337K), mais leur dynamique s’est atténuée au 4e trimestre (+44K) en raison de l’essoufflement des effets de rebond post-Covid ainsi que de la conjoncture, notamment dans les activités scientifiques et techniques (activités de sous-traitance).
Après une légère hausse du PIB français de 0,1% t/t au 4e trimestre 2022, nous prévoyons une croissance nulle au 1er trimestre 2023 (ce que confirme notre nowcast), avec un nouveau repli attendu tant de la consommation que de l’investissement des ménages. Les prévisions de l’Insee et de la Banque de France pour le 1er trimestre 2023 sont un peu plus favorables (+0,1% t/t).
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 20/03/2023)