Le Royaume-Uni n’est pas le pays commercialement le plus exposé à la Russie : il ne lui achète pratiquement pas de gaz et ne lui destinait, en 2019, que 0,7% de ses exportations de biens (contre, par exemple, 2% pour l’Allemagne). Il n’empêche, outre-Manche comme dans toute l’Europe, les sanctions et pénuries découlant de la guerre russe en Ukraine exacerbent les tensions inflationnistes et assombrissent les perspectives économiques. Le très écouté Office for Budget Responsibility (OBR) a ramené de 6% à 3,8% sa prévision de croissance pour 2022, tandis que la hausse annuelle des prix (6,2% en février) pourrait culminer à 9% en fin d’année.
Pour les Britanniques, dont les salaires réels ont commencé à baisser, les pertes de pouvoir d’achat vont s’accentuer. Dès le 1er avril, 22 millions d’entre eux seront concernés par la hausse de 54% des tarifs réglementés de l’énergie (calculés sur une base annuelle). Pour le chancelier de l’Échiquier, Rishi Sunak, la réactivation des aides gouvernementales devient un sujet incontournable… à aborder avec prudence. Alors que la prochaine loi de finances, effective en avril, alourdit la fiscalité (12 milliards de recettes annuelles supplémentaires avec notamment la hausse des taux de cotisation à l’assurance maladie), quelques mesures correctrices ont été annoncées : baisse de 5 pence par litre (6 centimes d’euro) de la taxe sur les carburants, application d’une TVA à 0% sur la pause de panneaux solaires, doublement de la dotation au Household’s Support Fund… Selon l’OBR, ce dispositif est toutefois loin de compenser la hausse de la pression fiscale programmée en 2022 et au-delà.
Le retour du « quoi qu’il en coûte » n’est pas encore d’actualité, tandis que la normalisation monétaire se poursuit. Le 16 mars, la Banque d’Angleterre a augmenté, pour la troisième fois consécutive, son taux directeur désormais fixé à 0,75%, et d’autres hausses sont prévues.