Dans un contexte de reprise économique (rebond du PIB réel de +14,4% en glissement annuel au T2 2021 puis de +3,9% au T3 et +4,6% au T4, d’après l’estimation préliminaire d’Eurostat), les encours de prêts bancaires aux sociétés non financières (SNF) et aux ménages ont continûment accéléré dans la zone euro de mai à décembre 2021. Même si d’importants effets de base la maintenaient en territoire négatif, leur impulsion (qui reflète la variation, sur un an, de la croissance annuelle des encours) s’est donc redressée pour s’établir, en décembre 2021, à -0,6%.
Dans le cadre de l’enquête de la BCE sur la distribution du crédit au T4 2021 (la Bank Lending survey, conduite entre les 13 décembre 2021 et 11 janvier 2022), les banques interrogées déclaraient une hausse de la demande de financements des entreprises d’une ampleur inédite depuis le premier semestre 2020, période au cours de laquelle la majeure partie des prêts garantis par les États avait été souscrite. En décembre 2021, la progression annuelle des encours de crédits aux SNF (+4,2%) excédait celle qui prévalait avant le choc de la pandémie de Covid-19 (+3,8% en moyenne en 2018-2019). L’impulsion des prêts aux SNF s’est, de ce fait, franchement redressée : -2,9% en décembre 2021 contre -5% en septembre 2021.
Le fort dynamisme des encours de crédits aux ménages ne s’est pas démenti au second semestre 2021. En décembre 2021, leur glissement annuel s’établissait à 4,1%. La faiblesse exceptionnelle des taux d’intérêt a continué de soutenir les encours de prêts à l’habitat (+5,4% sur un an), tandis que les encours de crédits à la consommation demeuraient stables (+0,3% sur un an). Selon les banques, les ménages ont renforcé leur demande de prêts, dans toutes ses composantes, en Allemagne, en Espagne et en Italie. En revanche, en France, la demande de prêts à l’habitat était perçue comme inchangée tandis que la demande de crédits à la consommation se tassait.
Pour le premier trimestre 2022, les banques interrogées anticipaient, en moyenne, une intensification de la demande de financements, tant de la part des entreprises que des ménages. Reflet de leur appréciation globalement positive des perspectives économiques, malgré la recrudescence de l’épidémie et des difficultés persistantes d’approvisionnement, les établissements de crédit percevaient les risques de crédits aux SNF comme modérés. Ils prévoyaient de laisser inchangées les conditions d’accès au crédit des entreprises, d’assouplir les critères d’octroi sur les prêts à la consommation et de resserrer ceux sur les prêts à l’habitat. Face aux risques de surchauffe du marché immobilier en Allemagne, le superviseur bancaire y a d’ailleurs annoncé le 31 janvier dernier le relèvement du coussin contracyclique à 0,75% (effectif à compter du 1er février 2023) et un probable durcissement des exigences de fonds propres relatives aux prêts à l’habitat.