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Eco Emerging // 4 trimestre 2020 (achevé de rédiger le 28 septembre 2020)
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largement sortir de la bande cible d’inflation de la banque centrale
DÉGRADATION DE LA POSITION EXTÉRIEURE
(
BNA), comprise entre 7% et 9 %, sur l’année pour atteindre 21 % en g.a
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en moyenne en 2020, puis 20,6 % en 2021 suite à l’ajustement des prix
réglementés et la dépréciation rapide du kwanza.
Réserves en devises (éch.d.)
Dette extérieure
Balance courante
% PIB
100
USD mds
Outre l’augmentation des créances douteuses, l’effet conjugué de l’in-
flation et de la dépréciation du kwanza représente un risque pour le
secteur bancaire. En effet, le nombre de défauts est susceptible de
bondir (alors que 28 % du crédit est libellé en dollar US). Par ailleurs,
la dépréciation du change alourdit le service de la dette et la position
extérieure débitrice du pays. De plus, elle accentue le risque de finan-
cement si elle se traduit par une pression croissante sur les réserves
de change.
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PRESSION ACCRUE SUR LES CAPACITÉS DE FINANCEMENT
La crise actuelle affaiblit considérablement les perspectives financières
du pays, déjà entamées par le choc de 2014-2016. Au regard des condi-
tions actuelles, le FMI a revu sa prévision du ratio de dette publique à
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20,3 % pour 2020. Cette révision s’explique largement par la déprécia-
GRAPHIQUE 2
SOURCES : FMI, BNP PARIBAS
tion du kwanza, 70 % de l’encours étant libellé en devises.
Or, la capacité du pays à répondre à ses besoins de financement
extérieurs s’est fortement réduite. En effet, suite au choc de 2014-
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016, l’Angola n’est parvenu à financer un déficit courant qu’au prix
le cadre de l’ISSD, initiative conjointe du pays du G20 et du Club de
Paris : les économies réalisées seraient de l’ordre de USD 30 millions
d’ici à fin 2020. Néanmoins, cela ne concerne pas l’encours contracté
auprès de la Chine avec laquelle l’issue des négociations sera décisive,
bien que perçue comme positive. Cela étant, ces mesures n’incluent pas
la dette détenue par le secteur privé.
d’une ponction significative de ses réserves de change (passées de
USD 32,2 mds en 2013 à USD 17,3 mds fin 2019). En outre, la dette
extérieure du pays a plus que doublé en pourcentage du PIB, passant
de 20,6 % en 2013 à 76.2% fin 2019, et notamment l’endettement non
concessionnel favorisé par un environnement de taux faible.
Dans l’environnement actuel, cette détérioration à la fois de la liquidité
et de la solvabilité extérieure du pays conduit à un renchérissement du
coût de financement extérieur difficilement soutenable. Cela s’illustre
notamment par l’augmentation de la prime de risque sur la dette
souveraine en devises, qui dépasse les 500 points de base (pb) depuis
début 2020, à 1 063 pb en août contre 557 fin décembre 2019. Cela
s’explique, d’abord, par le niveau de réserve historiquement faible et
le financement extérieur très largement dépendant des exportations
de pétrole (95 % des recettes totales en devises du pays). Or, la baisse
des recettes en devises résultant de la chute des prix du pétrole
est aggravée par une baisse structurelle de la production. En 2020,
le besoin de financement extérieur est estimé à plus de USD 5 mds
En l’absence d’accord et/ou si les montants concernés demeurent
insuffisants, un rééchelonnement de la dette pourrait être nécessaire
pour rendre la dette soutenable. Aussi, à plus moyen terme, la
reconstruction des amortisseurs financiers extérieurs, conditionnée
par la hausse significative du prix du pétrole brut et la diversification
substantielle de l’économie, est vitale.
Perrine GUÉRIN
perrine.guerin@bnpparibas.com
(
près de 89 % du PIB) et les capacités du pays pour y répondre sont
limitées. Les recettes fiscales de l’État tirées des revenus pétroliers
ne représentant pas la totalité des recettes fiscales, la dépréciation
du kwanza rend les remboursements de plus en plus coûteux. Les
capacités de financement du pays reposent particulièrement sur ses
accords de prêts bilatéraux libellés en devises, en particulier avec la
Chine (plus de la moitié de l’encours de la dette en 2019).
À très court terme, un défaut sur la dette extérieure devrait pouvoir
être évité avec un service de la dette estimé autour de 36 % des revenus
en 2020 (dont USD 3,3 mds d’acquittement de dette et USD 1,2 mds
d’intérêts à rembourser).
À ce jour, le pays est momentanément soulagé par le soutien financier
du FMI, dont le déboursement de la 4e tranche de facilité (USD 1 md)
et l’accord de financement additionnel (USD 767 millions), dans le
cadre du programme de facilité élargie de crédit accordé en 2018, vient
d’être conclue. L’Angola est aussi parvenu à négocier un moratoire sur
le service de sa dette auprès des créanciers bilatéraux et officiels dans
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D’après le FMI qui a révisé ses estimations pré-Covid (octobre 2019) : la prévision d’inflation était initialement de 15 % en 2020 (contre plus de 17% observé en 2019).
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