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Eco Emerging // 3 trimestre 2022
economic-research.bnpparibas.com
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RESSERREMENT MONÉTAIRE POUR LUTTER CONTRE L’IN-
FLATION
HONGRIE : CONTRIBUTION DES PRINCIPAUX POSTES À L’INFLATION
Biens alimentaires
Transport
Loyers, électricité, gaz, eau
Autres
Les pays d’Europe centrale (PEC) subissent une forte remontée des
prix à la consommation depuis fin 2021, accentuée par la guerre en
Ukraine. Le taux d’inflation est plus élevé que la moyenne de l’Union
européenne et d’autres pays émergents d’Asie et d’Amérique latine.
En Hongrie, il est au plus haut depuis 2001 (+10,7% en g.a. en mai) et
dépasse largement l’objectif de 3% de la banque centrale. Toutefois,
l’inflation est relativement moins élevée que chez les autres PEC grâce
à un gel temporaire sur les prix des produits alimentaires de base et de
l’énergie, d’abord jusqu’en juin puis étendu jusqu’au 1er octobre.
pp
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Inflation (g.a., %)
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Les postes « alimentation » et « transport » ont principalement
contribué à cette poussée inflationniste, respectivement à hauteur de
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,3 points et 1,9 point en mai. Mais l’inflation sous-jacente (+9,1% en
-2
g.a. en mai) a également sensiblement accéléré, reflet de l’ensemble
des coûts de production, y compris les salaires. En 2022, l’inflation
pourrait atteindre 11% en moyenne et se maintiendrait à des niveaux
élevés en 2023 en raison des pressions salariales élevées.
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019
2020
2021
2022
GRAPHIQUE 2
SOURCES : EUROSTAT, BNP PARIBAS
Le resserrement monétaire qui avait débuté en juin 2021 a d’abord été
graduel. Il s’est accentué depuis le début de cette année, portant le
taux directeur à 7,75% fin juin, soit un cumul de 715 points de base (pb)
depuis le début de ce cycle. Ce durcissement est d’autant plus justifié
que le forint (HUF) s’est déprécié de 8,6% vis-à-vis de l’euro depuis fin
Le compte courant était structurellement excédentaire jusqu’en 2019.
Il est devenu déficitaire en 2020-2021. En 2021, son creusement est
principalement attribué à la détérioration très prononcée du solde
commercial. La balance des revenus, structurellement déficitaire, s’est
également dégradée l’an dernier. Par ailleurs, la balance des services,
en excédent, n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise Covid. La
chute des revenus en provenance du tourisme explique en partie cette
situation. Le poste « voyages » dans la balance des services était de
HUF 803 mds fin 2021 contre 1 324 mds fin 2019, soit seulement 61%
du niveau d’avant la crise du Covid-19.
Cetteannée,ledéficitcourantvasecreuserenraisondel’alourdissement
de la facture énergétique et de l’affaiblissement des exportations.
Le solde commercial s’est d’ores et déjà dégradé pour atteindre un
déficit de EUR 1 544 millions en cumul sur les 4 premiers mois de
l’année, contre un excédent commercial de EUR 2 920 millions sur la
même période en 2021. L’an prochain, nous anticipons un maintien du
déficit courant en raison d’un ralentissement plus marqué de l’activité
économique au sein des principaux partenaires commerciaux de la
Hongrie et des prix de l’énergie qui se maintiendraient à des niveaux
élevés.
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021 et que les réserves de change ont sensiblement baissé. Le ratio
de couverture des importations est faible, à 3,7 mois fin 2021, même si
le régime de taux de change flexible et l’appartenance à l’UE limitent
les risques de liquidité. Le resserrement monétaire va sans doute se
poursuivre au cours des prochains mois. Pour autant, la politique mo-
nétaire n’est pas vraiment restrictive, car le taux d’intérêt réel calculé
par rapport au taux directeur ou au taux obligataire à 5 ou à 10 ans
reste encore négatif.
BLOCAGE TEMPORAIRE DE L’ACCÈS AUX FONDS EUROPÉENS
La Hongrie est temporairement privée des fonds européens dans le
cadre du Plan pour la reprise et la résilience, dont le montant des
subventions s’élève à EUR 7,2 milliards sur la période de 2021-2023.
La décision de l’UE de bloquer les fonds prive le pays d’une source de
financement importante pour l’équilibre budgétaire et celui du compte
courant.
Le déficit budgétaire dépassera sans doute l’objectif officiel de 4,9%
cette année. Sur les cinq premiers mois de l’année, le déficit a déjà
atteint HUF 2879 mds, soit 4,6% du PIB. Par ailleurs, le coût de finan-
cement s’est nettement renchéri en raison du resserrement monétaire
et d’une sur-réaction des marchés face à la situation géopolitique. Le
taux des obligations à 5 ans s’élève désormais à 5,62% en moyenne
en juin, soit une hausse de 212 pb par rapport à janvier 2022. Dans ce
contexte, les récentes mesures annoncées par le gouvernement de-
vraient contenir la dégradation des comptes publics. Il prévoit notam-
ment une baisse des dépenses (incluant des investissements publics)
au deuxième semestre 2022. Une taxe sur profits exceptionnels sur les
entreprises serait par ailleurs, appliquée temporairement pour venir en
appui aux recettes de l’État. La dette publique rapportée au PIB devrait
se réduire grâce à la croissance nominale élevée, mais le ratio resterait
supérieur à 70% en 2022.
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Achevé de rédiger le 1 juillet 2022
Cynthia KALASOPATAN ANTOINE
cynthia.kalasopatanantoine@bnpparibas.com
La banque
d’un monde
qui change