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Eco Perspectives // 1 trimestre 2021
economic-research.bnpparibas.com
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contraction. Le risque d’un scénario en W s’est donc matérialisé (cf.
graphique 2). Le deuxième « V » devrait toutefois être moins marqué
que le premier :
MOINDRE IMPACT SECTORIEL DU RECONFINEMENT
Perte d’activité par branche par rapport au T4 2019, écart en %
•
À la baisse (la contraction au T4 2020) : le deuxième confinement
est moins strict que le premier ; l’impact sectoriel est plus concentré
Total
Commerce
Transports et entreposage
0
-20
-40
-60
-80
Agriculture
Industrie agro-alimentaire
(
cf. graphique 3) ; les entreprises et les consommateurs se sont
adaptés ; l’environnement international est moins détérioré. De
fait, la rechute des enquêtes d’octobre et novembre sur le climat
des affaires et la confiance des consommateurs est nette mais bien
Hébergement et restauration
Cokéfaction et raffinage
Biens d'équipements électriques,
électroniques, informatiques
Information et communication
1
moindre qu’en mars-avril . Une particularité négative de l’impact
-100
Activités financières
Matériels de transport
du confinement au T4 réside dans la baisse de la consommation des
ménages, attendue légèrement supérieure à celle du PIB quand elle
avait été moindre au T2.
Activités immobilières
Autres branches industrielles
Services aux entrepries
Autres activités de services
Energie, eau, déchets
Construction
•
À la hausse (le rebond début 2021) : le confinement n’est allégé
que progressivement et sous conditions sanitaires ; l’économie est
affaiblie par le premier confinement ; les contraintes et incertitudes
sanitaires demeurent, ainsi que les disparités sectorielles ; les
incertitudes économiques (Brexit, vacillement de la croissance
américaine) continuent de projeter leur ombre.
Services principalement non
marchands
Estimation pour avr. 2020
Estimation pour nov. 2020
Prévision pour déc. 2020
GRAPHIQUE 3
SOURCES : INSEE, BNP PARIBAS
Il reste une part d’incertitude sur l’ampleur de la rechute du PIB au T4.
L’INSEE et la Banque de France estiment que l’économie fonctionnait
à 96% de son niveau normal en octobre et à 88% en novembre (contre
RETOUR DU PIB À SON NIVEAU D’AVANT-CRISE
MAIS PAS SUR SA TRAJECTOIRE D’AVANT-CRISE
105
71% en avril 2020). Le confinement se poursuivant en décembre, dans
T4 2019 = 100
une version un peu allégée, ce pourcentage devrait se redresser, mais
jusqu’où ? Notre prévision d’une contraction du PIB de 5% t/t (effectuée
avant les annonces du 24 novembre sur l’allègement du confinement)
repose sur l’hypothèse que ce taux remonte à 90%. Cette hypothèse, et
par conséquent notre prévision de contraction du PIB (au T4 et sur l’en-
semble de l’année 2020) pourraient se révéler trop pessimistes. Dans
son Point de conjoncture du 2 décembre, l’INSEE avance le chiffre de
100
95
90
85
80
=
=> Prévisions BNP Paribas (nov. 2020)
9
2% et prévoit une contraction de 4,4% du PIB au T4 et de 9,1% en 2020.
PIB
Trajectoire avant-crise
ESPOIRS ET DÉFIS DE 2021 ET 2022
Le redémarrage économique à compter de début 2021 devrait être
progressif mais significatif. Progressif pour les raisons susmentionnées
à propos du T1, auxquelles s’ajoutent les caractéristiques sectorielles
de l’économie française (le poids élevé des services marchands, plus
GRAPHIQUE 4
SOURCES : INSEE, BNP PARIBAS
2
durementetdurablementaffectésparlacrisesanitairequel’industrie ).
un redressement attendu de l’emploi mais aussi du taux de chômage,le
risque étant que le premier soit faible et le second important.
Les séquelles du choc récessif massif de 2020, d’ampleur incertaine,
pèseront également sur la reprise (défaillances d’entreprises, chômage
plus élevé, ratios de dette plus élevés, moindres gains de productivité). La situation sanitaire importe également. De ce point de vue, la
Avec une croissance attendue à 6,3%, il s’agit aussi d’un rebond découverte de vaccins contre la Covid-19 et le démarrage d’une large
significatif. Cette prévision, ainsi d’ailleurs que celle pour 2022 (3,8%), campagne de vaccination dès 2021, en France et ailleurs dans le monde,
se situe au-dessus du consensus et des prévisions institutionnelles. suscitent un important espoir. Ils permettent d’entrevoir la lumière au
Pour 2021, nous voyons même la balance des risques pencher du côté bout du tunnel et de lisser les perspectives de croissance, de réduire
positif, tandis qu’en 2022 elle serait équilibrée.
le risque d’une poursuite du stop-and-go. La diminution progressive du
risque sanitaire, des contraintes et des incertitudes associées, devrait
jouer favorablement sur les anticipations et les comportements de
dépenses. La défiance importante, dont semblent faire preuve les
Français à l’égard de ces vaccins, constitue toutefois un aléa négatif
non négligeable. Le rétablissement s’annonce long mais 2022 apparaît
comme un horizon accessible pour un retour à la normale, c’est-à-dire
un retour du PIB à son niveau d’avant-crise et de l’économie à 100% de
son niveau de fonctionnement normal. Le PIB resterait, en revanche,
loin de sa trajectoire d’avant-crise (cf. graphique 4). Et il est probable
qu’il ne la retrouve jamais, actant d’un choc négatif permanent.
En plus de la poursuite du rattrapage du niveau normal de l’activité, la
croissance devrait être soutenue par les effets amortisseurs des me-
sures d’urgence et les premiers effets du plan France Relance, notam-
ment sur l’investissement. Le potentiel de rebond de la consomma-
tion des ménages est également important compte tenu de l’épargne
accumulée pendant la crise. Son caractère liquide la rend facilement
mobilisable. Néanmoins, sa concentration dans le haut de l’échelle des
revenus entraîne l’effet contraire, les dépenses des plus aisés (voyages,
sorties et autres loisirs) étant plus contraintes par la crise sanitaire.
Le risque existe aussi que cette épargne soit transformée en épargne
de précaution. Ce sera affaire de confiance. Cela dépendra aussi de la
situation du marché du travail qui s’annonce, au mieux, mitigée, avec
Achevé de rédiger le 8 décembre 2020
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Comme elle s’était à peine redressée entre les deux confinements, la rechute de la confiance des ménages l’amène toutefois à un point bas depuis décembre 2018.
Le poids des secteurs les plus exposés se monte à 22% de la VA et 29% de l’emploi (matériels de transports, commerce, services de transports, hébergement et restauration, autres
services récréatifs).
La banque
d’un monde
qui change