C’est l’été, l’heure des grands départs en vacances, et l’occasion d’évoquer les mutations à venir dans le secteur des transports. En France, ce dernier est, de loin, le premier pourvoyeur de gaz à effet de serre (GES) : 126 millions de tonnes d'équivalent CO2 ou 30% du total en 2021, soit trois fois plus que le bâtiment. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas les poids lourds et encore moins l’avion (environ 10% des voyages[1]) qui sont les plus gros émetteurs, mais bien les quelque 38 millions de véhicules particuliers qui circulent sur les routes et autoroutes de l’Hexagone.
D’où l’accent mis par les politiques publiques sur un « verdissement » accéléré du parc automobile. Dans le cadre de la « Stratégie Nationale Bas-Carbone » (SNBC), l’interdiction de vendre dès 2040 des voitures thermiques est déjà actée par la loi ; elle devrait en réalité intervenir dès 2035, soit à la date retenue par le Conseil européen en mars dernier[2]. Conséquence : les ventes de véhicules électriques décollent. Tandis que le marché automobile s’est contracté en 2022, leur hausse a été de 25%.
Et ce n’est qu’un début. À horizon 2035, pour peu que l’offre d’électricité décarbonée et les infrastructures de recharge suivent, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE anticipe la multiplication par 25 du parc, soit près de 16 millions de véhicules électriques. En 2050, la conversion devrait être achevée et le bilan carbone de la mobilité des personnes réduit de près de 70% selon le scénario « tendanciel » élaboré par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). En adjoignant au saut technologique des comportements de sobriété (limitation de la demande en voyages, en particulier lointains et par avion, augmentation des taux de remplissage, etc.) l’objectif de neutralité climatique (95% de baisse des émissions) devient réaliste[3].
Jean-Luc Proutat