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Zone euro : reprise générale des nouveaux crédits à l’habitat, mais en ordre dispersé

15/05/2025
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La reprise du crédit à l’habitat s’est généralisée à l’ensemble des pays de la zone euro en mars 2025, mais demeure hétérogène.

Les nouveaux crédits à l’habitat aux ménages[1], hors renégociations, ont augmenté en cumul annuel dans tous les pays de la zone euro en mars 2025, ce qui est inédit depuis avril 2022. Les hausses sur un an ont été cependant très hétérogènes, allant de 4,3% en Croatie à 48,6% en Lituanie, avec une moyenne pondérée par les volumes de 24,3% à l’échelle de la zone euro. Les nouveaux crédits en zone euro (EUR 60,3 mds) ont ainsi retrouvé, en mars 2025, leur niveau d’août 2022, après avoir atteint un point bas en janvier 2024 (EUR 37,0 mds).

LES NOUVEAUX CRÉDITS À L’HABITAT, HORS RENÉGOCIATIONS, ONT AUGMENTÉ EN CUMUL ANNUEL DANS TOUS LES PAYS DE LA ZONE EURO EN MARS 2025

Les pays ayant enregistré les plus fortes baisses de taux en avaient également enregistré les plus fortes hausses.

La reprise des nouveaux crédits à l’habitat a naturellement été stimulée par la baisse généralisée des taux d’intérêt.
À l’échelle de la zone euro, le taux d’intérêt moyen appliqué à la clientèle[2] a diminué de 51 points de base en un an, pour s’établir à 3,31% en mars 2025. L’ampleur de la baisse des taux enregistrée en Lituanie, en Estonie et en Lettonie, s’explique notamment par des hausses passées plus importantes que dans le reste de la zone euro. En revanche, la baisse de la production nouvelle dans les pays baltes durant la phase de remontée des taux avait été relativement moindre que dans le reste de la zone euro, soutenant la poursuite de la hausse des prix de l’immobilier.

Le recours prépondérant aux taux fixes ou aux taux variables n’a pas eu d’effet systématique sur la production nouvelle.

Le recours accru aux crédits à taux variables (ancrage à un taux de référence comme l’EURIBOR 6 ou 12 mois, par exemple) peut avoir contribué à limiter le recul des nouveaux crédits malgré l’ampleur de la hausse des taux, les ménages ayant pu anticiper un ajustement à la baisse durant la vie du prêt. Il ne peut toutefois s’agir du seul facteur explicatif, comme le suggèrent les marchés de l’Irlande, de la Finlande et de Chypre. On peut voir sur le graphique que l’augmentation des crédits de ces pays est nettement moins dynamique que dans les pays baltes. De même, un recours prépondérant aux taux fixes ne semble pas avoir systématiquement exercé de contrainte supplémentaire sur les nouveaux crédits, comme le suggère l’évolution des nouveaux crédits aux Pays-Bas et en Allemagne, et dans une moindre mesure en France.

La croissance du revenu des ménages participe aussi à expliquer les écarts de trajectoires, ce qui est moins le cas des maturités initiales moyennes, qui s’établissent le plus souvent entre 25 et 30 ans[3]. En tout état de cause, les trajectoires nationales dépendront principalement des spécificités domestiques et de la position du marché local dans le cycle immobilier. La dernière enquête sur la distribution de crédit de la BCE suggère que la reprise devrait se prolonger au T2 2025. Mais elle devrait se tasser à mesure que les taux cesseraient de baisser, voire augmenteraient[4].

[1] Et institutions sans but lucratif au service des ménages.

[2] Moyenne des taux contractuels annuels/taux effectifs au sens étroit longs et courts, pondérée par les montants de production nouvelle.

[3] La maturité effective pouvant être plus courte en raison des remboursements anticipés.

[4] Selon nos dernières prévisions, les taux longs qui servent généralement de référence aux crédits à taux fixes devraient repartir à la hausse, notamment.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE