Le marché du travail de la zone euro reste dynamique. Le taux de chômage, à 6,3% en septembre, demeure proche des plus bas historiques, tandis que les créations nettes d’emplois, bien qu’en ralentissement en 2025, se sont poursuivies au T3 (+0,1% t/t). Selon Eurostat, depuis la fin de l’année 2019, la zone euro a créé près de sept millions d’emplois supplémentaires.
Évolution de l'emploi dans la zone euro entre le T4 2019 (pré-COVID) et le T2 2025, en millions Et près d’un quart de ces emplois ont été créés dans le secteur de la tech et du numérique (voir note sous le graphique). Certes, l’emploi industriel s’érode en parallèle, en particulier dans l’automobile et les secteurs de biens intermédiaires, mais dans une ampleur nettement plus modérée.[1] L’évolution positive de l’emploi dans le secteur tech s’inscrit en ligne avec la hausse continue de la part des investissements dans les produits de la propriété intellectuelle, qui, si elle n’atteint pas les niveaux observés aux États-Unis, progresse néanmoins tendanciellement, à près de 5% du PIB au T2?2025[2] contre 6,5% outre-Atlantique.
L’Allemagne illustre sûrement le mieux cette dynamique. Depuis le T4 2019, l’emploi total s’est contracté de 220 000 (-0,5%), principalement en raison du secteur manufacturier (-319 000) et de la construction (-210 000), mais l’emploi dans la tech a progressé de 580 000. Ainsi, malgré et en réponse à ses difficultés structurelles, l’économie allemande se transforme. Une transformation mise en lumière par la nouvelle hiérarchie du Dax, désormais dominé par la valorisation de deux entreprises technologiques[3] , certes anciennes, mais qui se sont repositionnées au cœur de l’écosystème de l’IA.
Cette mutation du marché du travail, vers les activités liées au secteur de la tech, du numérique et de l’informatique, est visible dans nombre de pays européens, notamment l’Espagne (+230 000 emplois depuis le T4 2019) et la France (+180 000). Rapportées à la taille de la population active, les progressions sont plus marquées pour une partie des pays baltes (Lituanie, Lettonie), ainsi que pour l’Irlande, ou encore le Portugal.
Dans ces conditions, il ne fait aucun doute que les évolutions technologiques en cours, notamment liées à l’IA (secteur dans lequel l’Europe fait, sur certains aspects, jeu égal avec les États-Unis[4] ), redessineront les équilibres économiques au sein de la zone euro, mais aussi, plus généralement, au sein de l’UE. Sans occulter les défis auxquels l’Europe est actuellement confrontée, il ne faut pas minimiser non plus les évolutions structurelles en cours, qui sont à même d’alimenter des gains de productivité et de croissance plus élevés à moyen et long terme.