La Tunisie traverse une grave crise économique. Le PIB réel s’est de nouveau contracté de 0,2% en glissement annuel au T4 après une chute de 0,3% lors du trimestre précédent. Estimée à 0,4% sur l’ensemble de l’année, la croissance n’a jamais été aussi faible depuis plus d’une décennie (hors crise du COVID). En conséquence, le taux de chômage culmine désormais à 16,4% contre 15,2% fin 2022. C’est 1,5 points de plus que son niveau prépandémie. Plus préoccupant, celui des jeunes atteint 40,9%.
Les raisons de cette mauvaise performance sont multiples. Le PIB agricole s’est contracté de 11% en raison d'une grave sécheresse. Hors-agriculture, l’activité économique a fortement ralenti. Malgré la bonne saison touristique, la croissance du PIB hors-agricole est tombée à 1,8% en 2023. Plusieurs secteurs ont même enregistré une chute de leur activité, en particulier dans le domaine minier et de l’extraction d’hydrocarbures dont le déclin semble difficile à enrayer. L’activité dans le commerce s’est également tassée de 0,4% l’an dernier, une première depuis 2020.
Les perspectives restent sombres. Malgré un effet de base favorable grâce à un rebond de la production agricole, la croissance devrait difficilement dépasser 2% en 2024. Les pressions inflationnistes sont encore loin d’être jugulées. À 7,8% en glissement annuel, l’inflation demeure l’une des plus élevées de la région. En outre, la fragilité de la situation macro-financière va continuer de saper la confiance des investisseurs, à moins que les autorités ne parviennent à signer un accord avec le FMI. Cela semble hypothétique à court terme compte tenu du contexte électoral chargé cette année.