Point positif, le poids de la Russie et de l’Ukraine dans les importations est réduit. Ces deux pays comptaient pour 7% des achats de céréales à l’étranger de l’Algérie en 2021 contre plus de 40% pour l’Égypte et la Tunisie. De plus, les prix domestiques de l’essence sont parmi les plus bas au monde, et la hausse des recettes budgétaires liées aux hydrocarbures va permettre d’absorber sans trop de difficultés l’augmentation des subventions alimentaires.
Cependant, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et la hausse des cours mondiaux des matières premières, en raison notamment du conflit en Ukraine, vont maintenir durablement les pressions inflationnistes. À titre d’exemple, seulement 30 à 35% des besoins en blés sont couverts par la production nationale. L’accélération continue de l’IPC hors alimentation, passé de 4,4% au début 2021 à 5,5% actuellement, suggère aussi une diffusion à l’ensemble des secteurs. Ainsi, la progression de l’IPC atteindrait 8,6% en moyenne cette année et 8% en 2023 contre 7,2% en 2021 et seulement 2,4% en 2020. Une hausse plus prononcée n’est pas à exclure. Hormis la mise en la place de mesures budgétaires, les moyens pour lutter contre l’inflation sont limités en raison notamment du niveau bas d’intermédiation financière.
Stabilité macroéconomique toujours fragile
Position extérieure : allègement de la pression
Après presque une décennie de déficits, le compte courant est en train de se rééquilibrer considérablement grâce à l’envolée des exportations d’hydrocarbures. De fait, la balance commerciale est redevenue excédentaire depuis le 2e trimestre 2021 et celle des comptes courants depuis le 3e trimestre, ce qui a permis d’enrayer l’érosion de la liquidité extérieure. Sauf à imaginer un retournement brutal des cours du pétrole, cette amélioration devrait se poursuivre au moins au cours des deux prochaines années.
Les réserves de change pourraient ainsi s’étoffer d’une quinzaine de milliards de dollars US d’ici à fin 2023 pour atteindre USD 60 mds (graphique 7), soit un niveau confortable de plus d’une année d’importations de biens et services. Cependant, elles se situeraient encore très en deçà du pic de USD 200 mds (35 mois d’importations de biens et services) atteint fin 2013. En outre, les excédents courants resteront contenus entre 2 et 3% du PIB en 2022-2023 alors que sept des neuf aux autres pays producteurs de gaz et de pétrole de la région enregistreront des surplus à deux chiffres, souvent proches de 20% du PIB (graphique 8).