En Europe centrale, les flux de capitaux (investissements directs étrangers, flux de portefeuille et flux bancaires) ont plutôt bien résisté en dépit des incertitudes géopolitiques. De même, ils ne semblent pas affectés, pour le moment, par l’affaiblissement de l’activité économique dans la région. Au S1 2023, ils ont atteint EUR 22,9 mds, un montant supérieur à une année pleine durant la période pré-Covid. Les flux de portefeuille ont constitué le poste le plus important, soutenus sans doute par le différentiel de rendement des obligations d’État très avantageux vis-à-vis de l’Allemagne.
Autre fait marquant, en 2021 et 2022, les flux de capitaux ont atteint respectivement EUR 55,1 mds et EUR 72 mds, des niveaux proches des records observés en 2007/2008. C’est la Pologne, la Roumanie et, dans une moindre mesure, la Hongrie qui ont reçu la quasi-totalité de ces flux, notamment sous la forme d’investissements directs étrangers (IDE). Le rebond des IDE s’explique par l’effet conjugué de plusieurs facteurs. Il y a sans doute un effet de rattrapage de projets d’investissement reportés lors de la pandémie de Covid-19. Mais le processus de réorganisation de l’activité productive des pays de la zone euro (near-shoring) induit par les récents chocs d’approvisionnement y contribue aussi. Plus spécifiquement propres à l’année 2022, les fermetures d’usines en Russie et en Biélorussie, liées aux sanctions imposées par l’UE, ont réorienté une partie de l’activité productive dans certains pays voisins.
À court et moyen terme, l’Europe centrale demeure une région attractive pour les IDE. Parmi les arguments fréquemment avancés, figurent bien sûr la proximité géographique avec l’UE et les avantages associés en matière de délais et de coûts d’acheminement. Les avantages comparatifs en matière de salaire par rapport à la zone euro, ainsi qu’une main d’œuvre qualifiée constituent encore des atouts importants. Par ailleurs, les réglementations en matière d’IDE sont jugées parmi les moins contraignantes selon un indice calculé par l’OCDE pour 69 pays et qui tient compte notamment des restrictions sur la participation au capital, le rapatriement des profits et la propriété des terrains.