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Japon : les filiales à l’étranger, rouage essentiel de l’industrie nippone

20/10/2023

Au cours des dernières décennies, les entreprises japonaises ont étendu de manière significative leurs activités à l’étranger. Selon les chiffres du ministère de l’industrie un quart (25,8%) du chiffre d’affaires total des entreprises manufacturières japonaises est désormais réalisé par des filiales implantées hors des frontières du pays.

Transcription

Au cours des dernières décennies, les entreprises japonaises ont étendu de manière significative leurs activités à l’étranger. Selon les chiffres du ministère de l’industrie un quart (25,8%) du chiffre d’affaires total des entreprises manufacturières japonaises est désormais réalisé des filiales implantées hors des frontières du pays.

La progression de ce phénomène a été remarquable. De 5% en 1990, la part est passée à 10% au début des années 2000, pour atteindre un pic à plus de 25% aujourd’hui. Cet accroissement s’est fait de pair avec le développement des chaînes de production mondiales et l’imbrication de l’économie japonaise dans celles-ci.

Plusieurs facteurs de fond ont incité les entreprises japonaises à renforcer leurs activités à l’étranger. L’appréciation progressive du yen, entre le début des années 1980 et son pic en 2012, a constitué un premier élément important. Elles ont également cherché à se rapprocher des marchés locaux où la demande est plus soutenue, et le coût du travail, dans certains cas, moins élevé.

Le troisième facteur est démographique : la baisse de la population active et le manque de main d’œuvre disponible au Japon a probablement aussi inciter les entreprises à se tourner vers l’extérieur.

Certains secteurs, dont le profil d’activité se prête le mieux à ce type de développement, ont particulièrement embrassé ce phénomène. C’est le cas de l’automobile, du secteur des équipements informatiques et électroniques, qui se sont principalement orientées, dans les années 1990 vers les régions industrialisés (Amérique du Nord, Europe), avant de se tourner davantage, au tournant des années 2000, vers l’Asie et en particulier la Chine.

Cette structure de production, qui repose sur la complémentarité entre le territoire national et ces filiales à l’étranger, montre toujours ses forces aujourd’hui. L’enquête trimestrielle publiée début septembre par le ministère des Finances japonais révèle en effet que les entreprises nippones interrogés, ont dégagé dans leur ensemble un revenu brut d’exploitation quasi-record au deuxième trimestre 2023.

Rapporté au PIB, les profits s’élevaient à environ 13%. Si on compare ce ratio avec les précédents pics, c’est au-dessus de celui juste avant la crise de 2008, mais légèrement en dessous de 2019. Les entreprises ont pour l’heure très bien navigué la succession de chocs que l’économie mondiale a subi depuis plus de trois ans alors même que la demande mondiale ralentit et que la consommation domestique japonaise reste freinée par la baisse démographique.

La question est désormais de savoir si cela conduira enfin à un décollage des salaires au Japon. Ce phénomène se fait attendre, et c’est évidemment un point sur lequel le gouvernement du premier ministre Kishida et la banque du Japon concentrent leurs attentions, dans le but de stimuler la croissance et l’inflation à moyen et long terme.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE