La crise de la Covid-19 génère toujours de vives discussions sur le devenir de la mondialisation des échanges commerciaux et financiers, et des chaînes de valeur mondiales. La part de la valeur ajoutée étrangère contenue dans les exportations d’un pays ou d’une région[1] synthétise bien le niveau d’imbrication dans les chaînes de valeur mondiales. Cette part a augmenté rapidement du début des années 1990 jusqu’à la crise financière mondiale de 2008, sous l’effet de la libéralisation des échanges (baisses des tarifs douaniers et multiplications des accords de libre-échange) et de la chute des coûts de transport. Un accroissement qui a été particulièrement important en Asie, l’émergence de la Chine comme usine du monde impliquant l’importation de davantage d’intrants dans cette région venant surtout de l’Europe et de l’Amérique du Nord.
Après la Grande Récession de 2008, ce processus s'est ralenti, les intrants étrangers dans les principales régions diminuant. L'une des raisons est que les échanges de biens intermédiaires sont devenus plus régionalisés. L'industrie allemande a augmenté les intrants en provenance d'Europe centrale et orientale, tandis que le secteur manufacturier américain s'est davantage concentré sur le Mexique. Par ailleurs, la Chine est montée en gamme et devenue moins dépendante des intrants des pays de l'OCDE ; elle est même devenue un concurrent sur certains secteurs. La part des intrants étrangers dans les exportations de l'Asie de l'Est et du Sud-Est a ainsi perdu près de 3 points de pourcentage entre 2010 et 2016, avant de remonter. La crise de la Covid-19 pourrait renforcer la tendance à une plus grande régionalisation alors que les industries cherchent à améliorer la résilience des chaînes d'approvisionnement (multiplicité de fournisseurs, redondance des chaînes de transport et de logistique, etc.).[2]