Le gouvernement britannique aurait-il trop vite baissé la garde ? Depuis le début du mois de juillet, presque toutes les barrières contre l’épidémie de coronavirus sont tombées outre-Manche. Londres n’exige plus le port du masque dans les espaces publics, même clos, ni la présentation d’un « pass » sanitaire, laissés à l’appréciation des citoyens. Conséquence, le pays le plus « libre d’Europe », selon les propos du ministre britannique David Frost, est aussi celui qui, en ce milieu d’automne 2021, enregistre le plus grand nombre de contaminations : près de 45 000 par jour soit dix fois plus qu’en France, pour des tailles de population ou des taux de vaccination comparables (67% pour l’ensemble). Si le bilan des décès est, fort heureusement, bien moins lourd que lors des vagues précédentes, la comparaison ne lui est pas non plus favorable : 10 400 victimes supplémentaires de la maladie depuis le début du mois de juillet, contre 6 400 en France.
Le desserrement par étapes des contraintes sanitaires avait permis à l’économie de rebondir très fortement au deuxième trimestre et de se rapprocher de son niveau pré-pandémique (un peu plus de 3 points de PIB l’en séparent encore). Mais depuis, la reprise butte sur des contraintes d’offre, au premier rang desquelles la pénurie de composants et la hausse des prix de l’énergie. Certes, le phénomène est mondial, mais outre-Manche il est renforcé par le Brexit, dont les effets indésirables deviennent palpables. Avec le retour des barrières à l’immigration en provenance de l’Union européenne (visas, autorisations de travail, etc.), les entraves aux embauches, et donc à la reprise, ne sont pas que conjoncturelles. Selon la Confederation of British Industry, elles pourraient durer deux ans.
La Banque d’Angleterre vient de réviser en baisse (de 2% à 1% environ) son estimation de croissance pour le troisième trimestre ; elle dit par ailleurs surveiller de près les conséquences sur le marché du travail de l’arrêt des principaux dispositifs de maintien dans l’emploi, qui concerne 1,5 million de personnes et qui pourrait contribuer à la remontée du chômage.