La croissance économique s’est renforcée au cours des deux premiers mois de 2022, mais il est probable que cette amélioration s’interrompe en mars. La croissance dans les services a atteint 4,2% en glissement annuel (g.a.) en janvier-février, chiffre qui reste faible mais qui est néanmoins en hausse par rapport au T4 2021 (+3,3%). Même constat pour les volumes de ventes au détail, qui ont progressé de 4,9% en g.a. en janvier-février, alors que leur croissance était inférieure à 2% au T4 2021. La croissance industrielle, plus robuste, a continué d’accélérer en janvier-février, pour s’établir à 7,5% en g.a. contre 3,9% au T4 2021. Elle a notamment été tirée par la reprise de la production de charbon et d’électricité et par l’amélioration des conditions d’approvisionnement dans le secteur automobile. En outre, les ventes à l’exportation sont restées solides et ont affiché un ralentissement plus limité qu’attendu (+16,3% en g.a. en dollars courants, contre 22,9% au T4 2021).
L’investissement a rebondi en janvier-février (+12,2% en g.a. en valeur), avec une accélération visible dans la majorité des industries manufacturières ainsi que dans le secteur minier et les projets d’infrastructure publique. Dans le secteur immobilier, la correction s’est poursuivie. Le prix moyen des logements des 70 principales villes a baissé en janvier en rythme mensuel (-0,3%) pour le 6e mois consécutif. Toutefois, l’ampleur de la contraction des volumes de transactions immobilières et de projets en construction s’est atténuée.
À très court terme, les risques baissiers sur la croissance sont particulièrement élevés, étant donné les nouvelles restrictions introduites ces derniers jours dans plusieurs grandes villes en raison de l’important rebond de l’épidémie de Covid-19, et à cause des répercussions de la guerre en Ukraine sur la demande mondiale et les prix des matières premières. L’effet à court terme sur les prix à la consommation devrait être relativement limité (notamment du fait de l’existence de contrôles sur certains prix des céréales). L’indice des prix à la production (IPP) devrait en revanche rapidement ré-accélérer (il a ralenti à 11,6% en g.a. en janvier-février, après avoir atteint 16,1% au T4 2021), ce qui pèsera sur la performance des producteurs.
Dans ce contexte, les autorités continuent d’assouplir leur policy mix. Lors de la session annuelle du Parlement, qui s’est achevée le 11 mars, elles ont annoncé leurs priorités économiques pour 2022. Pour atteindre l’objectif de croissance fixé à 5,5% pour 2022, une série de mesures de relance budgétaire et monétaire est attendue (la croissance économique était de « seulement » 4% en g.a. au T4 2021 et ne dépassera pas 5% au T1 2022). En outre, après des mois de resserrement réglementaire dans les services, les autorités semblent, depuis quelques jours, ajuster leur stratégie. Elles ont notamment annoncé un soutien accru au secteur immobilier et des ajustements dans le secteur des plateformes numériques. Ces mesures viseraient à « stabiliser » l’économie et pourraient améliorer considérablement la confiance des investisseurs. Les marchés boursiers chinois ont d’ailleurs rebondi après deux semaines de forte baisse (l’indice principal de la bourse de Shanghai a perdu 12% entre le 1er et le 15 mars, et regagné 6% depuis).