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Eco Perspectives // 1 trimestre 2021
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AUTRICHE
LES ENTREPRISES TRÈS FRAGILISÉES PAR LA CRISE DE LA COVID-19
Le gouvernement a décrété un deuxième confinement en novembre dernier en raison de la forte résurgence des
contaminations. Les indicateurs conjoncturels font état d’une chute de l’activité économique. Grâce au dispositif de
travail partiel, le chômage a à peine augmenté. De plus, l’inflation s’est maintenue à un niveau relativement élevé par
rapport à d’autres pays de la zone euro. En 2021, la politique budgétaire va rester très accommodante et le déficit
ne pourrait être abaissé qu’à 6,3% du PIB. Après la récession de 2020 (-7,5%), l’économie devrait rebondir de 3,5% en
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021. Le principal risque réside dans l’accroissement de l’endettement des sociétés non financières.
LA REPRISE INTERROMPUE PAR UN DEUXIÈME CONFINEMENT
CROISSANCE ET INFLATION (%)
L’Autriche a assez bien résisté à la première vague de la crise sanitaire,
mais la deuxième, cet automne, s’est révélée beaucoup plus sévère.
Elle a obligé le gouvernement à imposer un deuxième confinement
au début du mois de novembre, entraînant la fermeture des hôtels,
bars, restaurants et théâtres au moins jusqu’au 6 janvier 2021. Après
une reprise vigoureuse au troisième trimestre (11,1%), le deuxième
confinement a provoqué un nouveau ralentissement, quoique moins
sévère qu’au printemps. L’indice du climat des affaires de l’institut
autrichien WIFO a plongé dans le rouge : dans leur évaluation de la
situation actuelle, les entreprises considèrent que celle-ci a empiré et
se disent très préoccupées pour les prochains mois. En particulier, les
conditions économiques dans les secteurs du tourisme, des transports
et des biens de consommation sont jugées très défavorables.
Croissance du PIB
Prévisions
Inflation
Prévisions
3
.5
3.0
3
.5
1.7
1.7
1
.4
1.5
1.4
1.5
0.5
-
-2.5
-
4.5
-6.5
-
8.5
-7.5
2020
Les conditions du marché du travail ont connu une détérioration,
quoique moins sévère que prévu grâce au dispositif du chômage partiel.
Le taux de chômage a atteint un pic à 5,9% en juin contre 4,5% avant la
crise. Il a reculé, au cours des derniers mois, atteignant 5,4% en octobre.
Cependant, l’indicateur avancé du service de l’emploi autrichien laisse
entrevoir une augmentation des licenciements dans les semaines à
venir.
2019
2021
2022
2019
2020
2021
2022
SOURCE : BNP PARIBAS
GRAPHIQUE 1
Quoi qu’il en soit, les dépenses publiques devraient baisser de 1,3%
par rapport à 2020, où elles ont été poussées à la hausse par plusieurs
mesures d’urgence. Côté recettes, l’effet de certaines mesures d’aide
Pour apporter une aide financière au secteur de l’hôtellerie, le taux comme l’imputation des pertes sur exercices antérieurs, se fera
de la TVA dans les services de l’hôtellerie et de la restauration a été pleinement sentir. Par ailleurs, le taux marginal d’imposition de
temporairement abaissé à 5% en juillet 2020. Ce taux restera probable- la première tranche de revenu sera abaissé. Cependant, cela sera
ment applicable jusqu’en décembre 2021. Cependant, conformément compensé par l’accroissement des recettes fiscales liées au dynamisme
à la volonté du gouvernement, la baisse du taux de la TVA n’a pas été attendu de la reprise. Le ratio des recettes des administrations
répercutée sur les consommateurs. En premier lieu, cela pourrait être publiques devrait reculer à 47,1 % du PIB contre 47,9 % en 2020. Le
considéré comme une sorte de compensation pour le secteur, qui doit déficit pourrait être ramené à 6,3 % du PIB, contre 9,5 % en 2020. Enfin,
faire face à une hausse des frais et à une baisse des revenus en rai- le ratio dette/PIB devrait augmenter à 84,8 % contre 84 % en 2020. En
son des réglementations sanitaires visant à arrêter la propagation du 2019, il s’élevait à 70,5 %.
virus. De plus, de nombreuses entreprises du secteur font face à des
problèmes de liquidité. Par ailleurs, l’inflation est restée relativement
UN SECTEUR PRIVÉ SÉRIEUSEMENT FRAGILISÉ
élevée par rapport à d’autres pays européens, principalement en raison
de la hausse des prix dans le secteur des services. De manière géné- Après la récession de 2020 (-7,5 %), l’activité économique devrait re-
rale, elle est attendue aux environs de 1,5% en 2020.
bondir à 3,5 % en 2021. La fragilité du secteur des sociétés non finan-
cières constitue le principal risque pesant sur l’économie. La rentabilité
des entreprises, qui se situait déjà à un niveau bien inférieur à celui de
la Grande récession, a accusé une nouvelle contraction. De surcroît, le
L’ORIENTATION BUDGÉTAIRE RESTE ACCOMMODANTE
Comme en 2020, plusieurs règles budgétaires, telles que le frein à ratio d’endettement du secteur des entreprises a augmenté de treize
l’endettement et celles du Pacte européen de stabilité et de croissance, points de base, à près de 324%, au premier semestre 2020. Malgré la
seront suspendues en 2021, en raison de l’impact persistant de la crise forte baisse de l’activité, le nombre de procédures de faillites et d’in-
de la Covid-19 sur le budget. Les mesures de soutien aux secteurs solvabilité, enregistré en 2020, sera probablement inférieur à celui de
les plus affectés – comme l’aide aux charges fixes, le programme 2019, en raison des mesures juridiques prises pendant la crise de la
de chômage partiel ou le fonds d’aide en faveur des organisations à Covid-19. Néanmoins, on peut s’attendre à une augmentation des pro-
but non lucratif – seront maintenues. Les dépenses d’investissement, cédures d’insolvabilité une fois que ces mesures auront expiré.
en particulier dans les domaines de la lutte contre le changement
Achevé de rédiger le 7 décembre 2020
climatique, des transports publics et de la digitalisation, sont en
hausse. De plus, les politiques actives du marché de l’emploi vont
remplacer les dépenses au titre des indemnités de chômage partiel.
La banque
d’un monde
qui change