er
economic-research.bnpparibas.com
Eco Perspectives // 1 trimestre 2021
1
8
BELGIQUE
L’IMPACT STRUCTUREL RESTE LIMITÉ, MAIS IL FAUDRA TÔT OU TARD PAYER L’ADDITION
D’après nos prévisions, l’économie belge devrait se contracter de 7,2 % cette année, puis progresser de 3,8 % en 2021.
Après une reprise dynamique au troisième trimestre, la consommation privée devrait de nouveau reculer à la fin de
l’année, mais pas autant que lors du premier confinement. Jusqu’à présent, les dommages structurels semblent avoir
été, en grande partie, évités : le taux des faillites se situe à un niveau proche de la normale et le taux de chômage est
resté stable depuis le début de l’année. Les mesures de soutien adoptées par le gouvernement n’y sont certainement
pas étrangères et une fois qu’elles auront expiré, elles laisseront apparaître des cicatrices de long terme.
À la fin du premier semestre 2020, le PIB réel trimestriel de la
CROISSANCE ET INFLATION (%)
Belgique se situait à 15% en deçà du niveau du dernier trimestre 2019.
Les révisions à la hausse des comptes nationaux, pour le premier
Croissance du PIB
Prévisions
.8
Inflation
comme pour le deuxième trimestre, ont généré des perspectives plus
optimistes, vraisemblablement confortées par un taux de croissance
supérieur aux prévisions au troisième trimestre, s’inscrivant à 11,4% en
glissement trimestriel.
Prévisions
3
3.8
3
.5
.5
1
.7
1.7
1
.3
1.4
Le tableau s’est néanmoins obscurci avec la recrudescence de nouveaux
cas au début du quatrième trimestre et le renforcement consécutif des
mesures de lutte contre la propagation du virus. Nous tablons sur un
repli de l’activité économique au quatrième trimestre de cette année
et on ignore encore si une récession technique pourra être évitée au
début de 2021.
1
0.5
-
-
0.5
2.5
-4.5
-
-
6.5
8.5
-
7.2
CHÔMAGE : TENDANCE À LA HAUSSE
2
019
2020
2021
2022
2019
2020
2021
2022
Le taux de chômage est resté stable autour de 5% depuis le début de
l’année, ce qui est assez remarquable. Sur la même période, le taux
de chômage moyen de l’UE a, en fait, augmenté de près d’un point de
pourcentage et une tendance similaire a été observée dans les pays
voisins. L’extension du plan de « chômage partiel » est, sans aucun
doute, pour beaucoup dans cette performance notable du marché du
travail en Belgique.
GRAPHIQUE 1
SOURCES : COMPTES NATIONAUX, BNP PARIBAS FORTIS
IMPACT NÉGATIF SUR LES ENTREPRISES
Dans son enquête mensuelle, la Banque nationale de Belgique a
étudié l’impact négatif de la crise sanitaire sur le chiffre d’affaires des
entreprises. Les pertes de chiffre d’affaires ont culminé à plus de 30%
pour l’économie dans son ensemble au mois d’avril, mais la situation
s’est peu à peu améliorée pour revenir à moins de 15 % en août. Pour
le mois de novembre, les entreprises s’attendent à une nouvelle
détérioration avec le démarrage du deuxième confinement.
En avril, période au cours de laquelle les mesures adoptées par
le gouvernement pour lutter contre la pandémie ont été les plus
restrictives, près de 1,2 million de personnes ont eu recours à ce plan.
En septembre, ce chiffre est tombé en deçà de 200 000, un niveau qui
reste encore deux fois plus élevé que la normale.
Avec le deuxième confinement, imposé au début du mois de novembre,
ce nombre devrait de nouveau augmenter : plus de la moitié de
l’ensemble des sociétés envisage en effet de placer davantage de
salariés en chômage partiel. D’après nos prévisions, environ un demi-
million de travailleurs devrait en bénéficier vers la fin de l’année. À
partir du deuxième trimestre 2021, ce nombre devrait de nouveau
progressivement reculer.
À ce moment-là, le taux de chômage réel repartira à la hausse avec
l’expiration attendue des mesures de soutien du gouvernement. Dans
l’ensemble, le taux de chômage devrait atteindre un pic bien supérieur
à 7 % au début de 2022. Même si la perte de 140 000 emplois, selon
les estimations, va entraîner d’importantes difficultés économiques, le
taux de chômage se situera à un niveau comparable à celui de 2017.
Les secteurs les plus touchés sont ceux en contact avec la clientèle,
comme l’événementiel, les services d’hôtellerie-restauration et le
commerce non alimentaire. C’est ce que confirment les données
agrégées en temps réel sur les dépenses de consommation qui, au
cours des deux premières semaines de novembre, ont enregistré un
repli de 20% par rapport à la normale. Après avoir affiché une reprise
presque complète et renoué avec les niveaux antérieurs à la crise au
troisième trimestre, la consommation privée pourrait enregistrer un
recul significatif dans les derniers mois de l’année.
Pour autant, l’impact de ce deuxième confinement sera probablement
moins sévère, les entreprises semblant à présent mieux à même
d’affronter les mesures les plus strictes. En novembre, le télétravail à
plein temps a été rapidement réintroduit pour plus de 30% de l’ensemble
des salariés. Ce taux, très proche de celui du premier confinement, est
bien supérieur à celui de 9 %, indiqué pour le mois de septembre.
Cette année-là, à mi-chemin de la législature du gouvernement
Michel-I, près de 160 000 emplois avaient été créés depuis la fin de
2
014 et autant l’ont été dans les deux années qui ont suivi. Il sera
De manière générale, les entreprises craignent une forte augmentation
du risque de faillite. Comme le montrent les enquêtes, près de 10%
d’entre elles pourraient avoir mis la clé sous la porte au second
peut-être difficile de retrouver un rythme aussi soutenu de créations
d’emplois mais, du fait de la singularité de cette crise par à-coups, un
rebond rapide n’est pas exclu.
La banque
d’un monde
qui change