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Eco Perspectives // 1 trimestre 2021
economic-research.bnpparibas.com
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DISTRIBUTION DES PROBABILITÉS DE CHANGEMENTS
ANTICIPÉS DU REVENU INDIVIDUEL PAR MOIS
LE BUDGET 2021 S’ENFONCE DANS LE ROUGE
Comme les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus
continueront à se faire sentir l’année prochaine, la politique budgétaire
sera toujours très accommodante en 2021. La clause dérogatoire
à la règle du frein à l’endettement au niveau fédéral et aux règles
budgétaires de l’UE restera activée. Fin novembre, la commission
parlementaire du budget est parvenue à un accord avec l’exécutif sur
un budget révisé pour 2021, prévoyant un nouvel endettement de EUR
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%
Diminution
Augmentation
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80 mds (5,2 % du PIB), contre EUR 218 mds en 2020. Ce montant
est nettement supérieur à celui présenté par Olaf Scholz, ministre des
Finances, dans son projet de budget initial en septembre (EUR 96 mds).
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0
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Les dépenses fédérales avoisineront EUR 500 mds, un montant
comparable à celui de 2020. Elles augmenteront de EUR 85 mds par
rapport au projet initial pour couvrir les coûts supplémentaires liés
au nouveau confinement et à la vaccination. Par contre, les recettes
fiscales devraient être légèrement en hausse en raison du redressement
de l’économie (EUR 293 mds contre EUR 265 en 2020). De nombreuses
mesures sont mises en œuvre pour réduire la pression fiscale des
ménages. Ainsi, dès 2021, une bonne partie des contribuables allemands
ne paiera plus l’impôt de solidarité. Les allocations familiales seront,
par ailleurs, augmentées : EUR 15 par mois et par enfant. La tranche de
base non imposable sera relevée pour l’ensemble des ménages. L’une
des grandes questions est de savoir quand le parlement réactivera le
mécanisme de frein à l’endettement. Les élections législatives ayant
lieu à l’automne 2021, ce sera au prochain parlement de décider.
2000€ ou plus
1000€ - 1500€
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500 1000 1500 2000
SOURCE : PANEL EN LIGNE DES MENAGES
DE LA DEUTSCHE BUNDESBANK (BOP-HH)
GRAPHIQUE 3
précédente enquête de mai 2019, les intentions de dépenses ont reculé
sous l’effet des pertes de revenu et des anticipations de hausse de
l’inflation. Ce dernier facteur est d’autant plus surprenant que, dans la
théorie économique classique, les dépenses en biens durables auraient
tendance à augmenter en cas d’anticipation de hausse de l’inflation. La
perte de revenu n’a eu qu’un impact limité sur la propension marginale
à consommer.
Sur la base de cette enquête relative aux anticipations des ménages,
un autre groupe de chercheurs de la Bundesbank a étudié la manière
DÉPENSES DES MÉNAGES PENDANT LA PANDÉMIE
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dont ces derniers réagissent aux annonces de politiques publiques .
Les mesures de confinement et les règles de distanciation sociale ont
conduit à d’importantes pertes de revenu pour les ménages. Au T2 et
au T3, les salaires et traitements nets ont baissé de 3,8 % et de 0,5 %,
respectivement, soit une perte mensuelle moyenne par salarié d’envi-
ron EUR 130 au T2. Grâce à l’augmentation des dépenses de protection
sociale, la variation annuelle du revenu disponible des ménages est
ressortie à -0,8 % au T2 et à +0,7 % au T3. Sur la même période, la
consommation des ménages a fortement baissé en raison de la fer-
meture des magasins non essentiels, des bars, restaurants, etc. De
plus, avec l’aggravation de l’incertitude sur les revenus, les consom-
mateurs se sont montrés plus réticents à dépenser. Conséquence, le
taux d’épargne a grimpé à 20,1 % en T2, un plus haut depuis le début
de la série en 1991, pour revenir à 13,5 % au T3. Ce dernier chiffre
reste, cependant, bien supérieur à la moyenne de long terme (10,8 %).
On s’attend à un rebond de la consommation et à un retour du taux
d’épargne à des niveaux proches de cette moyenne de long terme une
fois que la pandémie aura disparu et que la situation sera revenue à la
normale. Le taux d’épargne pourrait même reculer bien en deçà de sa
moyenne de long terme avec la réalisation des achats reportés par les
consommateurs.
Le panel a été divisé en quatre groupes, trois d’entre eux recevant des
informations pertinentes sur les annonces réelles et le quatrième,
des informations non pertinentes, soit un traitement dit « placebo ».
Les trois mesures annoncées par les pouvoirs publics étaient
expansionnistes et auraient dû conforter la confiance des ménages.
Or, l’étude a montré qu’elles n’ont pas eu un impact significatif sur
les anticipations de revenu. Par ailleurs, les personnes ayant reçu des
informations sur les plans de relance ont estimé que la croissance
du PIB serait inférieure. Une raison possible est que les annonces
politiques ont indiqué aux ménages que l’économie était plus affaiblie
qu’ils ne le pensaient. Les chercheurs ont pu établir que les ménages
ayant un accès limité au crédit ont été plus optimistes après avoir
obtenu de nouveaux éléments sur les annonces faites par les pouvoirs
publics. Probablement ces ménages étaient-ils déjà conscients des
difficultés de l’économie. Ils révisent donc plus volontiers à la hausse
leurs anticipations après avoir reçu des annonces sur des politiques
expansionnistes. En revanche, les ménages, dont l’accès au crédit n’est
pas limité, se sont montrés plus pessimistes, donnant à penser que,
dans leur cas, l’effet du « signal » l’a emporté.
Il ne faudrait pas conclure, à partir de ces travaux de recherche, que les
plans de relance n’ont pas d’incidence sur les dépenses des ménages.
Par leur effet sur les anticipations d’emploi et de revenu, ils peuvent
avoir un impact important une fois mis en œuvre. Le résumé de l’étude
de la Bundesbank démontre essentiellement combien il est important
de soigner la manière de présenter ces programmes pour éviter une
réaction négative des ménages.
En mai, la Bundesbank a effectué une enquête sur la manière dont la
pandémie a affecté le budget des ménages . Il en est ressorti que plus
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de 40 %, en moyenne, des personnes interr gées ont accusé des pertes
de revenu ou d’autres pertes financières du fait de la pandémie ou
des mesures prises par les pouvoirs publics pour y faire face. Comme
on pouvait s’y attendre, ce pourcentage est bien plus élevé chez les
personnes présentes sur le marché du travail (46 %) que dans le reste de
la population, principalement les retraités (28 %). Les panélistes sondés
par la Bundesbank s’attendent à une baisse moyenne de leur revenu
mensuel net de EUR 64 sur les douze prochains mois. Par rapport à la
Achevé de rédiger le 13 décembre 2020
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René Bernard, Panagiota Tzamourani, Michael Weber, How are households’ consumption plans affected by the COVID-19 pandemic?” Research Brief, 35 édition , novembre 2020.
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Olga Goldfayn-Frank, Georgi Kocharkov, Michael Weber,Households’ Expectations and Unintended Consequences of Policy Announcements, Research Brief,34 édition – novembre 2020.
La banque
d’un monde
qui change