La croissance potentielle désigne la croissance qu’une économie peut maintenir sur le long terme sans générer de tensions inflationnistes. Elle exclut les effets de court terme liés à un écart entre la demande et le niveau potentiel de l’offre. En d’autres termes, plus une économie parvient à accroître sa croissance potentielle, plus elle sera à même d’augmenter fortement son PIB de façon soutenable dans le temps. Cette croissance dépend principalement de trois facteurs : le travail, le capital et la productivité (ou la productivité globale des facteurs, PGF). Cette mesure est théorique ; elle n’est pas observée mais estimée à l’aide de modèles économétriques.
Plusieurs organisations réalisent une estimation de la croissance potentielle des pays. Même s’il peut différer sur certains aspects, le constat est néanmoins clair : cette croissance en Espagne, en Grèce, en Italie et au Portugal est l’une des plus basses en Europe. C’est ce qui apparaît notamment dans les résultats de l’OCDE (cf. graphique 1) et de la Commission européenne (cf. graphique 2). Si on se base sur les chiffres de l’OCDE, la croissance potentielle réelle n’a augmenté, entre 2014 et 2019, que de 1,09% au Portugal, 0,57% en Espagne, 0,1% en Italie, tandis qu’elle s’est réduite de 0,40% en Grèce.1 En comparant ces chiffres avec le reste de l’Europe, on observe un écart de l’ordre de deux points avec la plupart des pays d’Europe de l’Est et un déficit d’un point avec les pays scandinaves.
Les prévisions pour 2020 et 2021 ne montrent pas de réelle inversion de la tendance (cf. graphique 1b et graphique 2b). Notons toutefois que ces projections n’ont, pour l’heure, pas été mises à jour et ne tiennent donc pas compte des conséquences de la crise du coronavirus2; Or, l’épidémie aura, sans nul doute, un impact baissier sur la croissance potentielle de chaque pays.
Un problème persistant qui s’accentue
Les écarts de productivité avec le reste de l’Europe se creusent
La croissance potentielle des pays du sud de l’Europe est d’abord freinée par un niveau de productivité peu élevé. Les données d’Eurostat montrent en effet un écart important de la productivité par heure travaillée3 avec le reste de l’Europe. Ce niveau qui, excepté en Italie, était comparativement bas au début des années 2000, a ensuite augmenté moins vite que la moyenne européenne, notamment au cours des cinq dernières années (cf. graphique 3). Par ailleurs, le cas de l’Italie est particulièrement frappant : alors que la productivité du pays dépassait de près de 9% la moyenne européenne en 2005, cet écart n’a cessé de se réduire au cours des quinze dernières années, alors même que le processus de désindustrialisation ralentissait (cf. graphique 4). Par ailleurs, le niveau de productivité reste historiquement bas en Grèce et au Portugal, tandis qu’il s’est dégradé plus récemment en Espagne.
Deux principaux facteurs expliquent cette baisse relative de la productivité dans ces quatre pays par rapport aux autres économies européennes. En premier lieu, et bien que dans une moindre mesure en Italie, c’est la spécialisation de plus en plus forte de ces économies dans les services au détriment du secteur de l’industrie, dont le poids a baissé significativement depuis la fin des années 1990 (cf. graphique 4). Ainsi, en Italie et en Espagne, la part de l’industrie (hors construction) dans la valeur ajoutée a chuté d’un niveau supérieur à 20% à la fin des années 1990 à, respectivement, 17,5% et 14,5% à la fin 2019. Cette part a certes augmenté en Grèce au cours des dix dernières années, mais sa contribution à la valeur ajoutée du pays (13,4%) reste la plus basse d’Europe.
Bien que dans une moindre mesure en Italie, le renforcement de l’activité touristique, comme moteur de la croissance économique, a joué un rôle important dans cette spécialisation accrue dans les services. En effet, il a entraîné le développement de secteurs tels que la restauration, l’hôtellerie, le transport ou encore l’activité immobilière. La part de ces activités dans la valeur ajoutée totale reste en effet plus élevée que la moyenne européenne (cf. tableau 1). Or, la productivité des services est en moyenne inférieure à celle de l’industrie. C’est ce qui ressort notamment d’une étude de Sorbe et al. (2018) sur la productivité moyenne des services marchands au sein de l’OCDE. Les auteurs estiment que dans ces secteurs la productivité est, en moyenne, inférieure de 40% à celle dans l’industrie manufacturière.4
Quatre raisons principales expliquent cela :
- Des économies d’échelle moindres que dans le secteur manufacturier ;
- Une automatisation des activités plus difficile que dans l’industrie ;
- Des coûts de transaction plus élevés ;
- Une concurrence moins forte, principalement en raison d’une forte proportion d’activités non échangeables.
Le poids relativement plus important des activités de services dans l’économie n’explique cependant pas, à lui seul, ces écarts de productivité, puisqu’une forte hétérogénéité existe à l’intérieur même de ce secteur. Le secteur de l’information et de la communication et celui des activités professionnelles, scientifiques et techniques affichent un niveau de productivité moyen plus élevé que les autres secteurs où le contenu en emploi est plus fort (cf. tableau 2). Or, c’est sur ces autres secteurs que les pays du sud de l’Europe restent le plus fortement adossés (cf. tableau 1), ce qui constitue un frein, certes modéré, mais persistant à la croissance de leur productivité.5
Rappelons cependant que ces pays ont bénéficié d’un certain regain de compétitivité au cours des dernières années, regain attribuable en partie à des baisses des coûts de main-d’œuvre et principalement des salaires ; une baisse qui, hormis en Italie, a été encore plus marquée que la contraction du PIB (voir encadré 1, page 10). Les problèmes de compétitivité auxquels sont confrontés les pays d’Europe du Sud aujourd’hui affectent donc moins les prix (c’est-à-dire le coût du travail) que par le passé, et davantage la productivité.
Un niveau d’investissement insuffisant
Le manque d’accumulation de capital constitue le second frein à la croissance potentielle de ces pays. La formation brute de capital fixe (FBCF) représentait moins de 20% du PIB au T4 2019. Ce ratio a chuté à partir de 2012 sous la moyenne européenne.6 En Grèce, en particulier, la part de l’investissement dans le PIB a baissé de plus de moitié en l’espace de dix ans, atteignant un creux à 9,7% au T4 2018, avant de se redresser quelque peu (11,1% au T1 2020). C’est néanmoins de loin la part la plus faible en Europe.7 Une partie de cette baisse, notamment en Espagne et au Portugal, tient à la réduction drastique des investissements dans les secteurs de la construction et de l’immobilier qui résulte, au cours de la décennie passée, du «dégonflement» des bulles spéculatives immobilières dans ces deux pays.8
Cependant, cela n’explique pas tout. Si on exclut l’investissement dans la construction (cf. graphique 4), le ratio sur PIB reste en dessous de 10%, ce qui constitue un niveau encore inférieur à la moyenne européenne (11,3%). De fait, les pays d’Europe du Sud investissent comparativement peu dans des équipements capables de générer d’importants gains de productivité. Les investissements consacrés aux biens d’équipement (machines et transport) et aux actifs dits « intangibles » (classés « produits de la propriété intellectuelle ») figurent en effet parmi les plus faibles d’Europe.9 Ce retard est visible dans les dépenses en recherche et développement (R&D) qui sont comptabilisées comme investissements de propriété intellectuelle. Or, la R&D est essentielle pour développer l’innovation et faire le lien entre recherche fondamentale et procédés de commercialisation, et permettre ainsi des gains de productivité sur le long terme.
Selon la Banque mondiale, la part du PIB consacrée à la R&D était en 2018 (données les plus récentes) de 1,18% en Grèce, 1,24% en Espagne, 1,37% au Portugal, et 1,40% en Italie. Ce sont, encore une fois, des niveaux bien en deçà de la moyenne européenne qui s’établissait en 2018 à 2,18% du PIB.
Le frein démographique
Les pays d’Europe du Sud font également tous face à une baisse démographique importante qui a des répercussions sur le niveau de la population active. La population (hors solde migratoire) en Grèce, Espagne et au Portugal a commencé à diminuer en 2010, tandis que l’inflexion en Italie s’est faite en 2014. Le déclin de la population italienne n’en est pas moins conséquent à l’heure actuelle. Selon les chiffres de l’Istat10, la population italienne a chuté de 0,9% (-551 000) entre 2014 et 2019. En cause, principalement le taux de natalité qui a enregistré, en 2019, son niveau le plus bas jamais observé depuis plus d’un siècle.11 Cette tendance devrait se poursuivre dans les prochaines années. Selon Eurostat, la population italienne, hors solde migratoire, pourrait se réduire de 2,6 millions d’ici à 2030, soit une baisse de 4,4% durant la décennie en cours (cf. graphique 6). Dans le même temps, et toujours en excluant le solde migratoire, la population en Grèce et au Portugal se contracterait respectivement de 4,6% et 3,6%.12 L’Espagne enregistrerait une baisse de 2,6% d’ici à 2030.13 Bien que ce ne soit pas le seul facteur en jeu (le taux d’activité a notamment diminué), cette baisse de la population aboutit à une stagnation (Espagne, Italie), voire une chute (Grèce, Portugal) de la population active (cf. graphique 7). Dans ce contexte de baisse tendancielle du facteur travail, la nécessité de générer des gains de productivité, pour soutenir la croissance économique, sera de plus en plus importante.
Effets de la pandémie de Covid-19 sur la croissance potentielle : quelques pistes de réflexion
Comment une période de récession affecte-t-elle la croissance de long terme ?
La crise de la Covid-19 va-t-elle réduire davantage la croissance potentielle de ces pays ? Il n’y pas de réponse simple à cette question car les facteurs à prendre en considération sont multiples. Rappelons tout d’abord les principaux canaux par lesquels un choc économique se répercute sur les capacités productives de moyen et long terme (cf. tableau 3) :
- L’investissement en capital productif, peut se réduire si les entreprises font face notamment à un accès au crédit plus difficile (du fait notamment d’une hausse de l’endettement) ou à une plus grande incertitude sur leur retour sur investissement.
- Une baisse prolongée de la profitabilité va également peser sur la formation de capital des entreprises.
- Le chômage structurel (qui s’apparente plus ou moins au NAIRU14) peut augmenter, notamment si le chômage de longue durée réduit les possibilités pour les demandeurs d’emploi de retrouver un travail (pertes de compétences par exemple).
- Un taux de participation à la population active en déclin, notamment si de nombreux chercheurs d’emploi se découragent et sortent de la population active.
Si l’impact d’une crise économique sur ces facteurs semblent peu discutable – baisse de l’investissement, hausse du chômage structurel et baisse du taux de participation – son effet sur la productivité globale des facteurs est plus nuancé. D’un côté, une crise économique affectera la PGF si l’investissement dans l’innovation, et notamment la recherche et développement, chute. Mais à l’inverse, cela peut encourager les entreprises à accroître leur efficacité productive.
Quel a été l’impact de la crise financière de 2008-2009 sur la croissance de long-terme ?
Les études s’accordent pour établir, de façon générale, une relation positive entre une chute du PIB et une baisse de la croissance potentielle. Ball (2014)15 estime que, durant la crise de 2008-2009, les pertes de PIB potentiel, par rapport au niveau qui aurait dû être observé si la crise n’était pas intervenue, se sont élevées à plus de 20% pour la Grèce et l’Espagne. Ces deux pays ont été parmi les plus touchés en Europe par la crise financière de 2008 et celle de la dette souveraine européenne en 2011. La croissance potentielle au sortir de la crise a en effet chuté significativement, et a même été négative dans le cas de la Grèce (cf. graphique 8). Cela signifie que la perte de PIB potentiel vis-à-vis de la tendance d’avant-crise s’accroît au fil du temps. L’étude de Ollivaud & Turner (2015)16 corrobore Ball, avec des chutes de PIB potentiel importantes, et en particulier en Grèce (cf. graphique 9). Haltmaier (2012)17 utilise un panel de récession plus large dans le temps et aboutit également à des pertes de capacité productive au sortir d’une période de récession. En résumé, ces études font état d’un effet d’hystérèse, c’est-à-dire d’un impact persistant, du choc économique de 2008-2009 sur la croissance potentielle.
L’étude de Haltmaier (2012) indique également que la magnitude du choc récessif a, pour les pays développés18, un impact significatif sur les pertes de PIB potentiel. Autrement dit, plus la récession est sévère, plus les pertes de PIB potentiel sont importantes.19 Ce dernier point, s’il se vérifie dans le contexte économique actuel, est important.
En effet, et même s’il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de la crise actuelle sur la croissance potentielle, force est de constater que le choc récessif observé au premier semestre 2020 a été particulièrement sévère pour les pays d’Europe du Sud.
Le PIB réel s’est contracté au cours de cette période entre 14,6% (Grèce) et 22,1% (Espagne). Seules la Belgique et la France ont connu des pertes d’activité aussi significatives (cf. graphique 10). Si on se penche plus particulièrement sur l’investissement (cf. graphique 11), on observe que l’Espagne et l’Italie ont connu des chutes conséquentes, dépassant les 20%, tandis que le Portugal et la Grèce ont enregistré des baisses de l’ordre de 10%, ce qui reste des contractions importantes.
Le secteur du numérique, un levier de croissance à exploiter
Les gains de productivité liés aux technologies numériques apparaissent élevés aujourd’hui, faisant de ce secteur un axe d’investissement majeur. Les technologies numériques génèrent, de fait, des effets d’entraînement (ou de complémentarité) entre de nombreux pans du processus de production. Ainsi, le numérique permet d’améliorer la relation entre la gestion du capital et des compétences au sein d’une entreprise20, ou encore entre les chaînes de valeur et la gestion des clients.21 Il existe également des effets d’entraînement entre différentes technologies, telles que le développement concomitant de l’internet à très haut débit et le cloud.22
L’impact positif de la transition numérique sur la productivité des entreprises et des services publics est par ailleurs largement documenté. Rivares et al. (2019)23 s’intéressent tout particulièrement à celui des plateformes en ligne sur la productivité des services. L’analyse couvre 10 pays de l’OCDE et utilise les données de Google Trends comme proxy pour le niveau d’utilisation d’une plateforme.24 En moyenne, l’utilisation plus forte des plateformes numériques accroît la productivité d’environ 2,5%. Le développement du numérique permet, en premier lieu, de réduire les asymétries d’information entre consommateurs et fournisseurs, renforçant ainsi la concurrence. Il permet également d’allouer plus efficacement les travailleurs aux entreprises les plus productives dans ces secteurs. Sorbe et al. (2019)25 estiment les gains de productivité générés plus spécifiquement par l’expansion de l’internet à très haut débit et du cloud. Ils estiment qu’une hausse de 10% de l’utilisation du haut débit accroît progressivement la productivité au fil du temps, allant de +1,4% lors de la première année à +3,9% après trois ans. Les gains de productivité liés au cloud s’accentuent également, passant de +0,9% la première année à +2,3% à la fin de la troisième année.
La transition numérique est l’un des domaines où les pays d’Europe du sud accusent un retard significatif. Le Digital Economy and Society Index (indice DESI) de la Commission européenne, relatif à l’économie et à la société numérique26 traduit bien ce déficit (tableau 4) :
- La Grèce occupe l’avant-dernière place (27e) du classement, et se place dernière en termes de connectivité, 25e pour les «compétences des citoyens dans le numérique et l’usage des services internet». Ce retard se traduit en termes d’emplois : selon le rapport de la Commission européenne, la part des emplois dans le secteur des technologies de l’information et de la communication ne représentait en 2017 que 1,5% de l’emploi total, le niveau le plus bas dans l’UE.27
- L’Italie est également au bas de l’échelle (25e) et dernière pour les « compétences des citoyens ». Le rapport souligne que seulement 45% de la population possède les compétences basiques pour l’utilisation de logiciels, ce qui est bien inférieur à la moyenne européenne (60%), et loin derrière les Pays-Bas (80%).
- Le Portugal se classe 19e, souffrant d’un manque de formation de la population et d’un taux d’utilisation des services internet comparativement bas. Le rapport souligne, entre autres, la faible part de diplômés dans les technologies de l’information et de la communication (1,9% du nombre total de nouveaux diplômés contre une moyenne européenne de 3,6% en 2017).
- L’Espagne se classe mieux (11e), même si la formation des citoyens au numérique reste également insuffisante28.
- Des politiques ont cependant déjà été mises en place afin d’accélérer la transition numérique, avec un ciblage particulier sur l’administration et les services publics (voir encadré 2, page 10).
Conclusion
Au cours des dernières années, la croissance structurelle de l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal a été freinée par plusieurs facteurs : la tertiarisation de l’économie et l’importance des services à plus faible valeur ajoutée, la chute de la démographie ou encore un manque d’investissement dans des équipements permettant des gains de productivité solides. La crise de la Covid-19 pourrait exacerber certains de ces problèmes, chroniques. Une nouvelle baisse de la croissance potentielle accentuerait également les difficultés que ces pays rencontrent pour réduire leurs ratios de dette publique sur PIB qui sont amenés à s’accroitre de façon spectaculaire cette année.29 De plus, le secteur bancaire pourrait être fragilisé davantage, en particulier en Grèce et en Italie où le niveau des prêts non performants restait élevé avant la crise du coronavirus.30
La situation actuelle pourrait néanmoins encourager la mise en œuvre de réformes structurelles cruciales, telles que l’accélération de la transition numérique et écologique, qui pourraient constituer un levier important de productivité et d’emploi dans le moyen et le long terme.
1 OECD Economic Outlook, novembre 2019.
2 Les prévisions de l’OCDE datent de novembre 2019 tandis que celles de la Commission européenne datent de mai 2020.
3 Mesurer la productivité par heure travaillée plutôt que par employé permet d’évaluer la productivité plus précise, car cela écarte les distorsions possibles entre les travailleurs à temps plein et ceux à temps partiel.
4 Sorbe et al. (2018), Can productivity still grow in services-based economies? Literature overview and preliminary evidence from OECD countries, OECD working paper.
5 Par ailleurs, de nombreuses études ont été publiées afin d’améliorer la fiabilité des statistiques de productivité, en particulier dans les activités de services. L’intégration croissante de technologies rend en effet difficile la mesure réelle du niveau de production et, par extension, de la productivité. Pour une étude récente, voir Abdirahman, M., Coyle, D., Heys, R. & Stewart, W. (2020). Une comparaison de déflateurs pour les services de télécommunications, économie et statistiques / Economics and Statistics, 517-518-519, 103–122. Voir aussi Byrne, Oliner et Sichel (2017), Prices of high-tech products, mismeasurement and pace of innovation, NBER working paper series, ou Feldstein (2017) Underestimating the real growth of GDP, personal income, and productivity, Journal of Economic Perspectives. Cette réflexion dépasse le cadre de cet EcoConjoncture. Cependant, il est peu probable que cela change les conclusions de cette étude : les difficultés de la mesure de la productivité s’accentuent à mesure que l’investissement dans les nouvelles technologies et que les créations d’emplois dans ces secteurs augmentent, ce qui n’est pas le cas des pays d’Europe du Sud. Une meilleure mesure de la productivité aurait, à l’inverse, toutes les chances de montrer un écart de productivité encore plus grand entre ces pays et ceux ayant un secteur technologique plus développé.
6 La moyenne européenne était de 21,3% au T4 2019 (source : Eurostat).
7 Seul le Luxembourg (11,4%) a un niveau plus bas que l’Italie, l’Espagne et le Portugal.
8 En part du PIB, l’investissement en construction a chuté en Espagne d’un point haut de 20,8% au T3 2006 à 9,9% au T4 2019. Au Portugal, cette part est passée de 13,5% à 9,5% au cours de la même période.
9 Selon la définition d’Eurostat (ESA 2010), les investissements en propriété intellectuelle incluent les investissements en logiciels, recherche et développement, droits artistiques et littéraires, et explorations minières. Les données d’Eurostat ne fournissent pas une décomposition de l’investissement pour chacun de ces composants. Cependant, en se basant sur les chiffres d’autres pays, et notamment les États-Unis, il est vraisemblable que les investissements en logiciel et R&D constituent la majeure partie des investissements en IPP en Europe. Aux États-Unis, l’investissement en R&D et en logiciels représentait en 2019 91,9% de l’investissement total en produit de la propriété intellectuelle (données du Bureau of Economic Analysis).
10 https://www.istat.it/it/files//2020/07/Statistica-report_Bilancio-demografico_anno-2019-EN.pdf
11 Une légère baisse du solde migratoire depuis 2017 a également contribué à la baisse de la population.
12 Pour stimuler les naissances, le gouvernement grec a, par exemple, mis en place au début de l’année 2020 une prime de naissance de 2 000 euros.
13 La croissance naturelle (c’est-à-dire le solde entre naissances et décès) de la population en Espagne est en chute constante depuis plus de 10 ans et enregistre depuis 2017 un solde négatif, qui ne cesse de s’accroître. Voir le rapport de l’INE : https://ine.es/en/prensa/mnp_2019_p_en.pdf
14 Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment
15 Laurence Ball (2014), Long-term damage form the Great Recession in OECD countries, European Journal of Economics and Economic Policies.
16 Ollivaud & Turner (2015), The effect of the global financial crisis on OECD potential output. OECD Economic Journal.
17 Jane Haltmaier, Do recessions affect potential output? US Federal Reserve International Finance Discussion Papers, Décembre 2012
18 Son résultat n’est pas significatif dans le cas des pays émergents.
19 Pour une étude récente et exhaustive de l’impact des récessions sur le PIB potentiel, voir Cera et al., Hysterisis and Business Cycles, IMF working paper, mai 2020.
20 Voir par exemple Brynjolfsson et Hitt (2000), Beyond computation : information technology, organisational transformation and business performance, Journal of Economic Perspectives pp 23-48.
21 Voir par exemple Bartel, Ichniowski et Shaw (2007). How does information technology affect productivity? Plant-level comparisons of product innovations, process improvement, and workers skills. The Quarterly Journal of Economics.
22 Pour une étude de cas pour le Royaume-Uni, voir De Stefano, Kneller & Timmis (2014), The (Fuzzy) Digital Divide: The Effect of Broadband Internet Use on UK Firm Performance, University of Nottingham discussion paper.
23 Rivares et al. (2019), Like it or not ? The impact of online platforms on the productivity of incumbent service providers, OECD Working papers No 1548.
24 L’hypothèse étant que plus une plateforme numérique est utilisée, plus elle est recherchée sur Google.
25 Sorbe et al. (2019), Digital Dividend : policies to harness the productivity potential of digital technologies, OECD Economic paper.
26 https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/desi
27 Ces chiffres corroborent ceux plus récents d’Eurostat. L’emploi en Grèce dans le secteur de l’information et de la communication représentait 2,1% de l’emploi total au T4 2019, soit le niveau le plus bas en Europe.
28 Pour plus de détail sur l’Espagne, voir BNP Paribas Ecoflash Espagne : l’espoir d’une relance verte, 9 juin 2020.
29 Selon les prévisions de la Commission européenne (mai 2020), le ratio de dette publique sur PIB atteindrait, à la fin de 2020, 196,4% en Grèce, 158,9% en Italie, 131,6% au Portugal et 115,6% en Espagne.
30 Selon les données du FMI, le ratio de prêts non performants s’établissait au T1 2020 à 35,29% en Grèce et 8,09% en Italie (T2 2020).