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EcoEmerging// 2 trimestre 2020
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l’échange avec la chute des cours du pétrole (-61%), du prix du
sucre (-21%), du maïs (-14%) et du coton (-27%). Par ailleurs, la
dépréciation du real – dont le cours est étroitement lié au cycle des
matières premières et souffre de l’appréciation du dollar –
surenchérit mécaniquement le coût des importations. Toutefois, la
baisse de l’excédent commercial sera limitée par la baisse des
importations en volume, du fait de la récession et de la dépréciation
du change. De plus, les cours de certaines matières premières
exportées par le pays (soja, café, viande de bœuf, blé, minerai de
fer) résistent. En 2020, le déficit du compte courant devrait se
résorber (-2,5% du PIB) avec la baisse du déficit de la balance des
services (-1,9% du PIB en 2019) et celui des revenus primaires
3- Tensions sur les marchés financiers
Indice boursier B3 IBOVESPA (points)
Taux de rendement sur titre de dette publique à 10 ans (é.d., %)
1
20000
10000
10
9
9
8
8
7
7
6
6
.5
1
100000
.5
.5
.5
90000
80000
70000
60000
(
-3,1% du PIB en 2019) qui devrait profiter de la baisse des profits
et dividendes transférés.
01/01/20 16/01/20 31/01/20 15/02/20 01/03/20 16/03/20 31/03/20
Sources : B3, Macrobond
La pandémie a conduit à une forte poussée de l’aversion au risque
générant i/des fuites importantes de capitaux (retrait de la bourse
d’environ USD 14 mds de la part des non-résidents depuis janvier
d’après l’IIF) et ii/des chocs importants sur le prix des actifs. De
janvier à fin mars, la dépréciation du real a atteint -23% atteignant
un plus bas historique à USDBRL 5,25, la bourse a accusé de
lourdes pertes (-45% au plus bas) et les conditions financières se
sont fortement tendues sur les marchés secondaires de la dette
corporate et souveraine (la vente de titres d’État pour générer de la
liquidité a poussé les rendements à 10 ans à se tendre, au plus haut,
de +310 bps). Malgré le resserrement des conditions financières les
risques de refinancement sur les engagements en devises
demeurent faibles : i/les tombées de dette libellées en USD à risque
iii/ relâchement des exigences de fonds propres et de
provisionnement ; iv/ rachat en partenariat avec le Trésor des titres
de dette souverains sur le marché secondaire ; v/ prise en pension
de titres plus risqués (dette corporate) dans les opérations avec les
banques ; vi/ extension de garantie pour certains type de dépôts.
L’injection de liquidité est estimée à BRL 1 200 mds (16,7% du PIB)
et les allégements d’exigences de fonds propres à BRL 1 150 mds
(
16,1% du PIB). La BCB va continuer en parallèle d’assurer la
liquidité sur le marché des changes via ses programmes de swap
cambial, de repo et ses interventions au comptant (USD 9,7 mds en
mars).
(
dette obligataire + crédits bancaires syndiqués) en 2020 sont
modérées (env. USD 40 mds), ii/ les positions ouvertes en change
des entreprises sont faibles, iii/les entreprises endettées en devises
sont pour la plupart exportatrices et détiennent des avoirs liquides
off-shore, iv/ les réserves de change sont abondantes (env.
USD 345 mds fin mars), v/ la BCB a rétabli en mars une ligne de
swap de devises de USD 60 mds avec la Fed.
Sur le plan budgétaire, les annonces du gouvernement se sont
multipliées mais ont parfois manqué de clarté. Des soutiens
financiers, des reports d’échéances et autres garanties à hauteur de
2
BRL 490 mds (6,8% du PIB) ont été déployés pour : i/ protéger
l’emploi et les populations les plus vulnérables (environ
BRL 268 mds); ii/ combattre la pandémie (BRL 11,5 mds); iii/
alléger les pressions financières pesant sur les États et
municipalités (BRL 85,5 mds) et iv/ renforcer la trésorerie des
entreprises (BRL 35 mds de la BNDES + BRL 88 mds).
■
La réponse des autorités
Des dispositions ont été prises pour freiner la progression du virus.
Les frontières ont été fermées et plusieurs États ont décrété l’état
d’urgence et mis en place des mesures pour réduire la mobilité des
personnes. Toutefois les mesures de confinement ne sont que
partielles et sont sources de tensions politiques entre les différents
échelons du gouvernement. La plupart des gouverneurs des États
militent pour des mesures plus strictes. Ils demandent aussi au
Congrès de prendre les devants dans la lutte contre la pandémie
compte tenu du refus de la part du Président Bolsonaro de
reconnaitre la gravité de la situation sanitaire.
En décrétant « l’état de calamité publique », le Congrès a autorisé
le gouvernement à suspendre ses objectifs de déficit et autres
règles budgétaires pour 2020. Le déficit primaire (hors service des
intérêts de la dette) devrait ainsi largement dépasser les
BRL 124 mds (-1,6 % du PIB) prévus dans le budget 2020 pour
s’établir à BRL 515 mds (-7,3% du PIB compte tenu de la
contraction du PIB), ce qui porterait le déficit budgétaire global à
1
2,5% du PIB en fin d’année. Les mesures actuelles ne prennent
toutefois pas en compte un éventuel programme de relance post
confinement. Les inquiétudes sur la soutenabilité de la dette
publique – qui pourrait atteindre les 90% du PIB – ne sont pas près
d’être résorbées.
Les autorités monétaires ont pris des dispositions importantes pour
endiguer les risques systémiques de crédit lié au choc
macroéconomique. Des mesures d’assouplissement monétaire et
prudentielles ont été déployées pour faire face aux fortes tensions
sur la liquidité en BRL, faciliter le refinancement des banques et les
inciter à alléger les termes de paiement des ménages et entreprises
sur BRL 3 200 mds d’encours : i/ baisse du taux directeur (la 7e
consécutif) de 50 pb, à 3,75% ; ii/ assouplissement du ratio de
réserves obligatoires sur les dépôts à terme de 30% à 17% ;
2
À noter que d’autres estimations font état d’une enveloppe globale à hauteur
de BRL 700 mds (9,8% du PIB). Le ministre de l’Économie Paulo Guedes
estime que les soutiens pourraient dépasser BRL 800 mds.