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Eco Emerging // 4 trimestre 2020 (achevé de rédiger le 28 septembre 2020)
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le pic avait été enregistré le 29 février, avec 909 nouveaux cas. Les
restrictions ont été allégées dès la mi-septembre (le nombre quotidien
de nouveaux cas s’était stabilisé autour de 100), mais restent au
POSITION EXTÉRIEURE NETTE (% DU PIB) ET SES COMPOSANTES (USD MDS)
Avoirs de réserve
Dérivés financiers
Investissement direct
Autres investissements
Investissement de portefeuilles
PII (% du PIB, éch.d)
«
niveau 2 » pour une durée indéterminée dans la région de Séoul (i.e.
le recours au télétravail et l’enseignement à distance sont privilégiés,
les rassemblements sont limités). Le gouvernement devrait présenter
dans les prochains jours de nouvelles mesures au plan national afin
d’établir « une stratégie prudente entre croissance économique et lutte
contre le virus ». Ces mesures pèseront sur la consommation privée au
dernier trimestre (notamment sur la demande de services) et au début
de l’année 2021, mais probablement moins qu’au premier semestre.
D’autre part, même si les exportations devraient pouvoir se redresser à
très court terme, la demande mondiale restera durablement affaiblie,
pénalisant d’autant le secteur exportateur coréen. Les tensions
entre les États-Unis et la Chine pèseront particulièrement sur les
exportations coréennes compte tenu, à la fois, de la forte intégration
de la Corée dans les chaînes de valeur régionales et de l’importance
des relations commerciales entre les deux pays (comme source de la
demande finale). Signe de leur vulnérabilité, les exportations totales de
la Corée ont chuté de 10% en g.a. (en dollars courants) en 2019 lorsque
les tensions sino-américaines se sont intensifiées, alors que celles
de Taiwan n’ont diminué que de 2% sur l’année (et les exportations
chinoises n’ont que très légèrement baissé). De même, alors que les
exportations chinoises et taiwanaises se sont redressées pendant
l’été 2020, les ventes coréennes ont continué de chuter (-9% en g.a.
en juillet-août). Les exportations coréennes à destination de la Chine
ont diminué de 16% en 2019 et de 5% sur les 8 premiers mois de 2020.
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5
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2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
GRAPHIQUE 2
SOURCE : BANQUE CENTRALE
la redistribution, en augmentant les dépenses publiques. Le Korean
New Deal présenté en juillet s’inscrit dans ce cadre. Au total, le déficit
budgétaire devrait s’établir à 4,4% du PIB en 2020, contre 0,6% en 2019.
La dette publique devrait atteindre 44% du PIB en 2020, contre 39,5% en
019. Si le gouvernement applique effectivement les plans annoncés,
on s’attend, pour les prochaines années, à une stabilisation du déficit
et de la dette autour de ces niveaux.
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Le profil de la dette publique est favorable : la maturité des bons du
Trésor est longue (plus de 10 ans), la base d’investisseurs est diversifiée,
à la fois au plan domestique et international. Par ailleurs, la part
d’investisseurs étrangers détenteurs de bons du Trésor a légèrement
augmenté récemment, mais reste modérée (à 17% en juillet 2020, après
avoir été stable autour de 15% depuis 2015). Enfin, la dette contingente
liée aux entreprises publiques reste importante (estimée à 26% du PIB
à fin-2019), mais décroit continûment depuis la mise en place du plan
de restructuration instauré en 2013 (la dette contingente représentait
alors plus de 35% du PIB).
Enfin, le système bancaire dans son ensemble est solide et capable
d’absorber une dégradation temporaire de la qualité des actifs. La
rentabilité des banques va diminuer au cours des prochains trimestres,
mais les mesures de soutien mises en place par le gouvernement et
la banque centrale aideront à absorber le choc. Cela dit, quelques
fragilités sont à surveiller : la vulnérabilité de plusieurs banques
régionales a augmenté (pour les régions dans lesquelles les mesures de
distanciation sociale ont été les plus strictes), ainsi que pour certaines
branches du secteur exportateur (automobile et naval notamment).
Par ailleurs, bien que le risque associé soit considéré comme modéré à
court terme, la dette des ménages est élevée (103% du PIB à la fin du
T1 2020). Les mesures macroprudentielles mises en place depuis 2017
ont permis de ralentir la progression du crédit aux ménages, mais le
profil de la dette reste source de vulnérabilité, notamment parce que
Les revenus liés au tourisme devraient également rester faibles au
cours des prochains trimestres, mais l’effet sur la croissance ne sera
pas aussi important que pour d’autres pays de la région. Au sens strict,
les recettes du tourisme représentent 2% du PIB en Corée, contre près
de 12% en Thaïlande par exemple.
Enfin, en l’absence de nouvelles mesures de soutien à l’activité, la
contribution de la consommation publique à la croissance devrait se
réduire. Dans sa proposition de budget (présentée mi-septembre), le
gouvernement ne prévoit une augmentation des dépenses que de 1%
en 2021 relativement au montant total de 2020 (qui avait augmenté de
près de 15% par rapport à 2019, après inclusion des quatre plans de
relance successifs).
DE SOLIDES FONDAMENTAUX MACROÉCONOMIQUES
AIDENT À ABSORBER LA DÉGRADATION ACTUELLE
Les fondamentaux macroéconomiques coréens devraient rester solides
à court terme. D’une part, la vulnérabilité externe reste particulièrement
faible. Le compte courant devrait se dégrader mais rester excédentaire
(
avec un excédent attendu à 1%, du PIB après 3,6% en 2019). En outre, la
position financière extérieure se renforce continument depuis 2010 et
était proche de 36% du PIB à la fin du T2 (alors qu’elle était légèrement
inférieure à 30% à la fin du T4 2019), constituant une solide protection
contre les épisodes de fuites de capitaux.
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0% du total de cette dette est toujours liée à des emprunts à taux
D’autre part, la dégradation des finances publiques, consécutive aux
quatre plans de relance annoncés cette année, s’inscrit dans une
situation très confortable et devrait être modérée. Tout d’abord parce
que le secteur privé (y compris les institutions financières) contribuera
largement au soutien financier apporté aux entreprises. Ensuite, dès le
budget 2019, le gouvernement avait proposé une politique économique
de « croissance tirée par les revenus », dont l’objectif était d’améliorer
variables.
helene.drouot@bnpparibas.com
La banque
d’un monde
qui change