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Eco Emerging // 3 trimestre 2021
economic-research.bnpparibas.com
1
5
SERBIE
DES PERSPECTIVES FAVORABLES
L’économie serbe n’a été que modérément affectée par les conséquences de la pandémie de Covid-19 en 2020. L’activité
s’est à peine contractée, tandis que la banque centrale a maintenu un niveau de liquidité en devise suffisant dans
un contexte d’euroisation élevée de l’économie. Ces bonnes performances sont à relier à l’attractivité de l’économie
pour les investisseurs internationaux, ainsi qu’aux efforts passés de consolidation budgétaire, qui ont accru la marge
de manœuvre du gouvernement pour soutenir l’activité l’an dernier. À court terme, la reprise devrait être soutenue,
grâce notamment aux exportations, et le risque inflationniste maîtrisé. Au-delà, la capacité des autorités à maintenir
la compétitivité de l’économie est essentielle pour réduire le risque de change.
L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE RÉSISTE
PRÉVISIONS
L’activité économique a bien résisté aux conséquences de la pandémie
en 2020 et les premiers signes de reprise en 2021 sont encourageants.
2
019
2020
2021e
2022e
Le repli du PIB n’a été que de 0,9% en 2020. Cette bonne performance
est due à trois facteurs : la baisse modérée de la consommation des
ménages (-2,5%) dans un contexte de restrictions d’activité limitées,
les différentes mesures gouvernementales de soutien aux entreprises
et au revenu des ménages (équivalentes à plus de 10% du PIB), et la
bonne tenue des exportations de biens. Par ailleurs, contrairement aux
autres pays des Balkans de l’ouest, la faible part du tourisme dans le
PIB a limité la baisse de l’activité dans le secteur des services.
Au premier trimestre 2021, le dynamisme de l’investissement (+10%
a/a) et des exportations (+7,9% a/a) a permis une évolution positive
du PIB (+1,7% a/a) malgré une consommation des ménages (-1,9%
a/a) toujours pénalisée par les conséquences de la pandémie. Les
perspectives sont plutôt positives à court terme en raison d’un taux de
vaccination relativement élevé et d’un secteur exportateur qui devrait
bénéficier de la reprise de l’activité en zone euro. La croissance du PIB
devrait ainsi atteindre environ 5% cette année.
PIB réel, variation annuelle, %
Inflation,HICP, var. annuelle, %
Solde budgétaire, % du PIB
4.2
1.9
-0.2
53
-0.9
1.5
5.0
2.5
-7.0
60
4.5
2.5
-2.5
59
-8.1
57
Dette du gouvernement , % du PIB
Balance courante, % du PIB
-6.9
66
-4.2
71
-5.3
65
-5.6
62
Dette externe, % du PIB
Réserves de change, mds EUR
Réserves de change, en mois d'imports
13.4
5.7
13.5
6.1
15
15.7
5.9
6.2
E: ESTIMATIONS ET PRÉVISIONS
TABLEAU 1
SOURCE : BNP PARIBAS RECHERCHE ECONOMIQUE GROUPE
CONTRIBUTION À LA CROISSANCE DU PIB (%)
Consommation privée
Consommation publique
Autres
8 %
6
Formation brute de capital fixe
Exportations nettes
Au cours des dernières années, l’économie serbe est devenue plus
réactive à la conjoncture internationale en raison d’un poids croissant
des exportations dans le PIB. Ces dernières représentaient 52% du
PIB en 2019 contre 23% en 2004 et se concentrent dans le secteur
manufacturier. Parallèlement, le rôle du marché intérieur comme
moteur de la croissance s’est réduit, tant du côté de la consommation
des ménages que de celui des dépenses publiques (de 13% du PIB en
Total GDP
4
2
0
2
004 à 9% en 2019).
-
-
-
2
4
6
L’INFLATION DEVRAIT RESTER MAITRISÉE
Durant l’année 2020, les mesures prises par la Banque centrale de
Serbie (BNS) ont permis d’éviter d’éventuelles contraintes sur la
liquidité. En plus d’une baisse du taux directeur de 125 points de base
à 1%, la liquidité bancaire a été favorisée par un accroissement des
opérations de swap de devises, de prise en pension et des rachats de
titres publics et privés. Malgré cela, depuis mars 2020, le bilan de la
banque centrale ne s’est accru que de l’équivalent de 5% du PIB.
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
GRAPHIQUE 1
SOURCES : COMMISSION EUROPÉENNE, BNP PARIBAS
En rythme annuel, l’inflation dépasse actuellement la cible d’inflation
de la banque centrale (3%) mais reste inférieure à la borne haute de
son intervalle de tolérance (4,5%). Nous estimons que l’inflation de-
À court terme, la conduite de la politique monétaire s’annonce plus dé- vrait rester dans cet intervalle et revenir en-dessous du taux cible en
licate. D’une part, le contexte sanitaire reste incertain et des mesures deuxième partie d’année. En effet, l’effet de base qui pousse les prix
d’assouplissement monétaire pourraient continuer d’être nécessaires. de l’énergie à la hausse devrait progressivement s’estomper et nous
D’autre part, les pressions inflationnistes ont accéléré depuis le début n’attendons pas de hausse significative du prix du baril de pétrole sur
de l’année. L’indice des prix à la consommation a progressé de 3,6% les marchés internationaux au deuxième semestre. Au total, la hausse
en rythme annuel en mai 2021, tandis que l’inflation avait atteint en des prix à la consommation devrait rester modérée et atteindre 2,5% en
moyenne 1,6% en 2020. Sans surprise, ce sont les prix de l’énergie (et moyenne en 2021. Dans ce contexte, la banque centrale reste en me-
dans une moindre mesure ceux des biens alimentaires) qui ont été le sure de poursuivre une politique monétaire accommodante favorable à
principal moteur de l’inflation au cours du premier semestre de 2021. la liquidité intérieure.
La banque
d’un monde
qui change