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Eco Emerging // 3 trimestre 2021
economic-research.bnpparibas.com
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fallu vingt ans pour extraire de la pauvreté 248 millions de personnes
selon la Banque mondiale. Dans le même temps, la population vivant
avec un revenu compris entre USD 2 et USD 10 par jour a augmenté
pour s’élever à 1,13 milliard fin 2020.
Le CMIE estime que la deuxième vague avait déjà entraîné, à la fin
du mois de mai 2021, la perte de 25,3 millions d’emplois (dont 15
millions pour le seul mois de mai), principalement des travailleurs
journaliers qui ne bénéficient d’aucune protection sociale. Néanmoins,
contrairement aux travailleurs « réguliers », ceux qui travaillent dans
le secteur informel retrouveront plus rapidement un emploi dès lors
que les mesures de confinement seront levées.
BALANCE DES PAIEMENTS
%
PIB
IDE nets
Inv. nets portefeuille
Autres inv. nets
Dérivés financiers nets
Solde compte courant
4
3
2
1
0
HAUSSE DES PRESSIONS SUR LES FINANCES PUBLIQUES
-1
-2
Les finances publiques indiennes, déjà fragiles avant la crise de la
Covid-19, se sont sensiblement fragilisées au cours de l’exercice
-
3
0
2
020/2021 avec la forte hausse des dépenses publiques. Le déficit du
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gouvernement a atteint 9,2% du PIB et sa dette (hors dette des États) a
augmenté de plus de 9 pp à 55,4% sur les trois premiers trimestres de
l’exercice 2020/2021. On estime que le déficit et la dette de l’ensemble
des administrations publiques pourraient avoir atteint respectivement
GRAPHIQUE 2
SOURCE : RBI
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4% du PIB et plus de 87% du PIB en 2020/2021.
Lors du budget 2021/2022, présenté en février 2021, le gouvernement
avait pris la décision de soutenir la reprise au risque de détériorer
encore davantage ses finances publiques. Il prévoyait en effet un déficit
de 6,8% du PIB contre 3,8% du PIB en moyenne au cours des cinq années
qui ont précédé la crise de la Covid-19. Bien qu’en baisse de plus de 2 pp
par rapport à l’année 2020/2021, les dépenses prévues dans le budget
(
contre 1,8% du PIB en moyenne au cours des cinq dernières années).
Selon l’UNCTAD, l’Inde a été le cinquième récipiendaire d’IDE en
020. Cet afflux s’est fait principalement sous la forme de fusions
2
et d’acquisitions, concentrées principalement dans le secteur des
technologies de l’information et de la communication, la santé, les
infrastructures et l’énergie.
(
15,6% du PIB) restent bien supérieures au niveau enregistré avant la
crise sanitaire. Le gouvernement prévoit ainsi un déficit primaire de Les investissements de portefeuille, bien qu’en baisse par rapport
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,1% du PIB, soit un niveau très supérieur à ce qui prévalait avant la à 2019, en raison notamment d’importantes sorties de capitaux
au premier trimestre 2020, ont fortement accéléré aux troisième et
quatrième trimestres 2020. Sur l’ensemble de 2020, ils affichaient ainsi
un solde excédentaire de 0,6% du PIB.
crise (0,7% du PIB au cours des cinq années précédentes).
Avec la deuxième vague épidémique, les appels pour un soutien
budgétaire de plus grande envergure commencent à se faire entendre
alors même que les recettes budgétaires se sont fortement réduites en Globalement, la balance des paiements (hors variations des réserves
avril 2021, conjointement à la mise en place de nouvelles mesures de de change) a ainsi affiché un excédent de 3,9% du PIB en 2020 (contre
confinement et à la contraction de l’activité économique. Or, les marges 2% en 2019).
de manœuvre du gouvernement sont étroites. La note souveraine
Sur les cinq premiers mois de l’année calendaire, le déficit commercial a
indienne a été mise en perspective négative par les agences de notation
augmenté sensiblement par rapport à la même époque l’année dernière
et une nouvelle dégradation du ratio de la dette rapportée au PIB
mais cela reflète davantage une normalisation de la situation qu’une
pourrait faire passer la note de l’Inde en catégorie « non-investment
réelle dégradation. Par ailleurs, les investissements directs étrangers
sont restés solides (sur les quatre premiers mois). En revanche, les
grade ». Or, selon nos projections, si la croissance était inférieure à
9
% pour l’année budgétaire en cours, le ratio de dette ne serait pas
investissements de portefeuille ont affiché un déficit au mois d’avril,
de même ampleur que celui enregistré un an plus tôt (en raison, une
fois encore, de la propagation de l’épidémie et de la contraction de
l’activité), provoquant des tensions à la baisse sur la roupie.
Néanmoins, la position extérieure de l’Inde reste solide. Les réserves
de change, qui ont atteint un point haut de USD 564 mds mi-juin 2021,
soit l’équivalent de 10,6 mois d’importations, couvraient 1,8 fois les
besoins de financement à court terme du pays. La dette extérieure
restait contenue sous le seuil de 22% du PIB.
stabilisé.
LES COMPTES EXTÉRIEURS RESTENT SOLIDES
Les comptes extérieurs de l’Inde se sont consolidés en 2020. En dépit
d’un environnement domestique et international défavorable, l’Inde
est restée attractive pour les investissements étrangers.
Sur l’ensemble de l’année calendaire 2020, le solde courant a
enregistré un excédent de 1,3% du PIB, ce qui n’était jamais arrivé. Cette
consolidation résulte notamment de la baisse du déficit commercial de
près de 2 pp. La forte contraction des importations induite par la baisse
de la demande intérieure a été plus que suffisante pour compenser la
diminution des exportations.
Achevé de rédiger le 5 juillet 2021
Johanna MELKA
johanna.melka@bnpparibas.com
Dans le même temps, les flux d’investissements directs étrangers (IDE)
ont augmenté de plus de 27% pour atteindre le niveau de 2,5% du PIB
La banque
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