L’Europe connaît des pertes de parts de marché tendancielles, subies en raison de la montée en puissance d’autres producteurs (le Japon dans les années 1980, la Chine ensuite). En Allemagne, elles se sont même accrues après la pandémie de Covid-19 (-0,7 point en 2023 par rapport à 2019). L’industrie chimique allemande a subi de plein fouet la hausse des prix de l’énergie, renforçant la concurrence de la Chine et des États-Unis. Son industrie automobile (qui comptait pour 17% de ses exportations en 2023) souffre quant à elle directement de la concurrence chinoise.
Par comparaison, les autres pays européens ont moins perdu de parts de marché ces dernières années. La France a subi une désindustrialisation marquée dans les années 2000-2010 et se trouve désormais moins vulnérable à la concurrence étrangère sur ses points forts résiduels (aéronautique, luxe). Point positif pour l’Europe, celle-ci est redevenue le premier fournisseur de biens et services des États-Unis à la suite des tensions commerciales entre ces derniers et la Chine.
Côté américain, après une baisse assez importante sur la première moitié des années 2000, les États-Unis sont parvenus à stabiliser leurs parts de marché sur un niveau proche de celui qu’ils avaient il y a 20 ans (à 8,5% en 2023). Cette performance est à relier à leurs dépenses élevées en R&D (haute technologie), ainsi qu’à d’autres avantages compétitifs (développement du secteur pétrolier, coût de l’énergie, notamment). Cet effort a permis aux États-Unis de repasser devant l’Allemagne dès 2010.
Après sa montée en puissance dans les années 1990 et son adhésion à l’OMC en 2001, la Chine a su continuer à développer ses positions (+2,5 points entre 1990 et 2001, puis +6 points sur la décennie suivante, +3 points entre 2010 et 2019 et encore +1 point en 2023 par rapport à l’avant Covid). Aujourd’hui, le pays vise à éviter la dynamique en « vol d’oies sauvages » qu’a connu le Japon : l’envol, avec un accroissement des parts de marché à mesure que le pays bénéficiait de son avantage compétitif (1970-85), le vol stationnaire lorsqu’elles ont ensuite plafonné (1985-95), avant l’atterrissage lorsque d’autres pays plus compétitifs ont commencé à grignoter ses parts de marché. Si la croissance chinoise montre des signes de ralentissement ces derniers temps, elle conserve ses positions dominantes (métaux industriels, équipements électriques et électroniques) et, surtout, en acquiert de nouvelles, au travers notamment de la stratégie China 2025 de montée en gamme.