D’Adam Smith à nos jours, la richesse des nations s’est bâtie sur les énergies fossiles. Le charbon, le pétrole, le gaz, sont devenus consubstantiels à nos modes de vie. En 2021, ils représentent encore 82% du mix primaire mondial, autant dire l’essentiel de ce qui nourrit l’activité économique.
Le lien entre produit intérieur brut (PIB) et émissions de dioxyde de carbone (CO2) reste donc solide, même s’il a connu des hauts et des bas au fil du temps : fusionnel pendant les « Trente Glorieuses », distendu après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, puis à nouveau très fort dans les années 2000, lorsqu’il s’est agi d’alimenter le décollage économique des deux géants d’Asie que sont l’Inde et la Chine.
Première émettrice de gaz à effet de serre, cette dernière est aussi celle qui investit le plus dans les énergies renouvelables. Sa transition écologique a commencé, alors que la phase la plus intensive en carbone de son développement, correspondant au boom des infrastructures, est déjà bien avancée.
Depuis une dizaine d’années, les émissions mondiales de CO2 témoignent d’une élasticité réduite (de l’ordre de 0,3) par rapport au PIB, mais toujours positive. Les faire baisser sans perte associée d’activité demeure donc, à court terme, difficilement envisageable. Les pays qui y parviennent sont minoritaires et souvent (bien que non systématiquement) parmi les plus avancés ; les autres, qui forment le gros des effectifs couverts par le Fonds monétaire international (environ les trois quarts) accroissent leurs émissions en même temps qu’ils se développent. Ce sont encore eux qui, sur la décennie écoulée, contribuent le plus (aux deux tiers) à la croissance mondiale.