Par ailleurs, comme en Allemagne, le gouvernement avait pour objectif un budget à l’équilibre. En 2017, le déficit budgétaire légué par la grande coalition précédente, constituée par le SPÖ (socio-démocrates) et l’ÖVP (conservateurs), atteignait 0,8 % du PIB. L’assainissement des finances publiques devait donc passer, pour le nouveau gouvernement, par des réformes structurelles, notamment une réforme fiscale globale et une baisse des dépenses que la nouvelle coalition avait l’intention de réduire d’environ EUR 12 mds, soit 3 % du PIB.
L’immigration est devenue une préoccupation majeure pour la population. Cela s’explique en partie par le poids important de la main-d’œuvre étrangère dans la population active. En 2018, 16 % des salariés étaient de nationalité étrangère, soit l’un des taux les plus élevés de l’UE. La plupart d’entre eux sont issus d’autres pays de l’Union, en particulier d’Europe centrale et orientale. De plus, l’Autriche a dû faire face à un afflux considérable de demandeurs d’asile, dont le nombre a atteint 130?000 personnes sur la période 2015-2016. Ce flux a, depuis, sensiblement diminué aux environs de 1?000 demandes par mois, avec la réduction du nombre de réfugiés arrivant en Europe par la route des Balkans occidentaux.
Le gouvernement de coalition souhaitait réduire l’attractivité de l’Autriche pour les immigrés. De son point de vue, en effet, l’immigration ne devait être facilitée que pour les travailleurs qualifiés dans des secteurs dans lesquels les entreprises autrichiennes avaient du mal à trouver de la main-d’œuvre ayant les qualifications requises. De plus, l’aide sociale devait être limitée aux nouveaux arrivants ayant passé au moins cinq ans en Autriche au cours des six dernières années. Enfin, les prestations versées aux demandeurs d’asile devraient être réduites.
Au cours de la courte période pendant laquelle la coalition est restée au pouvoir, seules quelques mesures modestes ont été prises, comme la réduction des cotisations d’assurance chômage pour les bas revenus, l’annulation de la hausse du taux de la TVA sur les séjours hôteliers et l’introduction d’un programme de primes aux familles. Ce dernier prévoit notamment un crédit d’impôt pouvant aller jusqu’à EUR 1 500 par enfant et par an. Il remplace la déduction fiscale des frais de garde et l’allocation pour enfants à charge. La mesure est critiquée par le SPÖ, car elle favorise les ménages aisés. Les foyers aux revenus modestes n’en bénéficient pas pleinement dans la mesure où ils ne paient pas d’impôts ou presque pas.
Concernant l’immigration, le gouvernement a décidé de conditionner l’aide sociale accordée aux étrangers à leur maîtrise de l’allemand. De plus, les allocations familiales versées au titre des enfants résidant dans un autre pays de l’Union ont été indexées sur le coût de la vie dans ce même pays. Estimant que cette mesure n’était pas compatible avec les règles de l’UE, la Commission européenne a engagé une procédure d’infraction à l’encontre de l’Autriche.
La situation des finances publiques s’est améliorée entre décembre 2017 et mai 2019. En 2018, le budget affichait un excédent de 0,1 % du PIB, une première depuis 1974. Pour 2019, l’excédent budgétaire est estimé à 0,3 % du PIB. Ce résultat s’explique principalement par la baisse des taux d’intérêt et un environnement économique favorable qui a permis l’augmentation des recettes fiscales. En conséquence, la charge fiscale a légèrement progressé en 2018 à 42,8 % contre 42,4 % en 2017. Une légère baisse à 42,6 % est prévue pour 2019.
Les négociations en vue de former une coalition s’annoncent difficiles
Les sondages donnent l’ÖVP nettement en tête des intentions de vote. Le parti pourrait réunir environ 36 % des voix. Pour obtenir une majorité, il devra néanmoins rechercher un partenaire. Sebastian Kurz avait espéré former une coalition avec le petit parti libéral NEOS, or celui-ci est crédité de 8,3 % des voix, ce qui ne suffira pas pour former une majorité.
S. Kurz pourrait restaurer la «?grande coalition?» avec le SPÖ. L’Autriche a, en effet, été gouvernée à plusieurs reprises par cette alliance?; ce fut dernièrement le cas, entre janvier 2007 et décembre 2017. Cependant, l’expérience ayant laissé un goût amer, le leader de l’ÖVP ne sera pas particulièrement tenté de la renouveler. Cela impliquerait aussi un changement radical de politique. De son côté, le SPÖ qui devrait connaître, selon les sondages, une forte érosion de son électorat, avec un score d’environ 22 % contre 26,9 %, lors des élections de 2017, ne souhaitera peut-être pas rejoindre la coalition.
Ne reste plus qu’une alliance avec un FPÖ affaibli. Le parti d’extrême droite est, en effet, crédité dans les sondages de 20 % des voix contre 26 % lors des législatives de 2017. Une reconduction de la coalition avec un FPÖ beaucoup moins puissant donnerait à S. Kurz plus de poids pour poursuivre son ancien programme et mettre en œuvre ses propres politiques, mais lui permettrait aussi de faire entrer plus de ministres de son propre parti au gouvernement.
Ralentissement de la croissance économique en perspective