Les enquêtes de conjoncture japonaises envoient des signaux contrastés. Côté positif, le climat des affaires de l’enquête TANKAN s’est amélioré, passant de 8 au T2 à 10 au T3, porté par les services : la confiance du secteur grimpe à son plus haut niveau depuis 1991. Le PMI pour les services fait également preuve de résilience. Bien qu’en baisse de 0,5 point en septembre, il se maintient en zone d’expansion à 53,8.
À l’inverse, le PMI du secteur manufacturier s’enfonce davantage en zone de contraction pour le quatrième mois consécutif (-1 point à 48,5). En conséquence, le PMI composite pour le mois de septembre s’est replié à 52,1. L’Economy Watchers Survey chute, quant à lui, de 3,7 points à 49,9 en septembre.
L’inflation japonaise s’est repliée légèrement à 3,2% a/a au mois d’août (contre 3,3% le mois précédent). Les biens alimentaires restent le principal contributeur à la hausse des prix (+8,8% a/a pour une contribution à l’inflation totale de 2,3 pp). À l’inverse, la déflation de l’énergie s’intensifie (-9,8% a/a), ôtant ainsi près de 1 pp à l’inflation. L’inflation sous-jacente, hors produits frais et énergie, continue d’augmenter, passant de 4,6% a/a à 4,7% a/a. Toutefois, la tension sur les prix à la production tend à s’estomper. L’indice PPI a ralenti de 1,3 pp à 2% a/a au mois de septembre, laissant présager une stabilisation voire une baisse de l’inflation des prix à la consommation dans les mois à venir. Ce signal est également renforcé par la baisse de l’inflation dans la région de Tokyo sous la barre des 3% en septembre. Toutefois, la dépréciation historique du yen se poursuit et le taux de change avec le dollar US s’approche désormais des 150 USD/JPY, ce qui risque d’accroître l’inflation importée.
Autre difficulté : une pénurie de main d’œuvre historique. L’indice de diffusion de l’enquête TANKAN sur les conditions d’emploi baisse à -33 au T3 et pourrait atteindre -37 au T4 selon les dernières prévisions. Si cela se vérifiait, ce serait le pire niveau depuis 1991. À 2,7% en septembre, le taux de chômage reste stable et 0,5 pp au-dessus du record de 2,2% enregistré en décembre 2019. Malgré cela, les salaires nominaux ne décollent toujours pas et l’évolution des salaires réels se maintient en territoire négatif à -2,5% a/a au mois d’août. Cela pèse sur la confiance des ménages, ainsi que sur leur consommation qui diminue en glissement annuel en août pour le 6e mois consécutif (-3,4% a/a), selon l’enquête mensuelle du ministère du Travail.
Dans ce contexte, nous anticipons un ralentissement de l’activité au T3 (croissance de 0,1% t/t après 1,0% en moyenne par trimestre au S1) avant une légère reprise au T4 (0,3% t/t). Toutefois, l’accélération de l’activité au premier semestre, couplé à un acquis de croissance favorable en 2022, devraient permettre de maintenir une croissance élevée de 2,0% a/a pour l’année 2023 dans son ensemble.
Guillaume Derrien avec la collaboration de Nassim Khelifi, stagiaire (achevé de rédiger le 16/10/2023)