Hors hydrocarbures
La mise en place de réformes n’est pas seulement cruciale pour l’avenir de l’industrie pétrolière, elle l’est autant - si ce n’est plus - pour le reste de l’économie.
Le défi est colossal. Les différentes enquêtes menées sur l’environnement des affaires placent en général le Nigéria parmi les pays les plus difficiles au monde. C’est notamment le cas de l’enquête de la Banque mondiale qui le situe à la 146e place sur 190 pays. Cette performance d’ensemble doit être nuancée.
Malgré un saut de plus vingt places sur les trois dernières années, le Nigéria n’est revenu qu’au niveau moyen de l’Afrique sub-saharienne, elle-même se plaçant assez loin des standards internationaux. En outre, cette progression résulte principalement de la simplification de procédures réglementaires et non pas d’une amélioration des infrastructures qui demeurent un véritable obstacle au développement du secteur privé. La fourniture d’électricité est particulièrement défaillante. Le Nigéria dispose d’une capacité de 12500 megawatts (MW) pour alimenter un pays de 190 millions d’habitants alors qu’il en faudrait quasiment le double. Surtout, la production générée sur le réseau peut tomber sous 4000 MW en raison de la faible puissance de son réseau, obligeant industriels et particuliers à se tourner vers des systèmes alternatifs plus onéreux. Les surcoûts générés par le manque d’infrastructures physiques (ports, routes) et sanitaires sont également significatifs.
Il n’est pas étonnant dès lors de voir le Nigéria enregistrer des niveaux d’investissement structurellement bas. La dynamique s’est même détériorée ces dernières années en raison de l’aversion des banques au risque, l’atonie de la croissance et la pression sur les finances publiques. En 2018, le taux d’investissement était ainsi inférieur à 14% du PIB contre 16% en 2014 (cf. graphique 19). A titre de comparaison, ce ratio atteignait 23% en moyenne pour les autres producteurs africains de pétrole et 25% pour le sous-continent. Le Nigéria attire aussi de plus en plus difficilement des investissements directs étrangers (cf. graphique 20). Ainsi en 2018, ce dernier en a reçu moins que le Ghana, dont le PIB est pourtant 6 fois plus petit. De plus, les investissements directs étrangers au Nigéria sont concentrés surtout dans le secteur des hydrocarbures avec des retombées sur le reste de l’économie en général limitées.