Un choc massif et étendu
Jusqu’ici presque invisible dans les données, le choc négatif du Covid-19 est largement intégré dans les indices des directeurs d’achats (Purchasing Managers Index, PMI) pour la zone euro, publiés le 24 mars 2020.
L’indice composite PMI s’effondre en mars à 31,4 (après 51,6 en février), atteignant son plus faible niveau depuis juillet 1998. La zone euro est désormais pleinement et largement affectée par le choc massif induit par l’épidémie de Coronavirus.
Le PMI dans le secteur des services affiche une baisse drastique pour s’établir à seulement 28,4 en mars après 52,6 le mois précédent. Le dernier point le plus bas atteint en février 2009, pendant la crise financière, était de 39,2. Ceci démontre l’ampleur du choc actuel et les effets des mesures prises sur l’activité économique, telles que le confinement des populations, l’arrêt de certaines activités (restauration par exemple) ou les restrictions (transport aérien). Dans le secteur manufacturier, la baisse du PMI, bien que marquée, est moindre. Celui-ci a été en partie soutenu par un allongement des délais de livraison, non pas en raison d’une surchauffe du côté de la demande mais vraisemblablement davantage suite aux contraintes importantes pesant sur l’ensemble de la chaîne de production et de livraison.
Les anticipations relatives à l’activité future se sont également largement détériorées tout comme la composante « emploi » de l’indicateur PMI. Cette dynamique sera à suivre tout particulièrement, le maintien de l’activité productive et de l’emploi dans les entreprises étant déterminant à la dynamique de sortie de crise. Les décisions de politique économique (i.e. mesures de chômage partiel ou de soutien à la trésorerie des entreprises) devront porter leurs fruits.
Le choc semble n’épargner personne, en particulier la France et l’Allemagne qui affichent, en mars, un niveau de PMI historiquement bas dans le secteur des services.
Ces évolutions étaient attendues compte tenu de la triple nature du choc : choc d’offre, choc de demande et choc d’incertitudes. De plus, certains indicateurs en temps réels indiquaient déjà une dégradation très rapide dans certains secteurs, en Europe et ailleurs[1]. Néanmoins, l’ampleur de la chute dépasse les anticipations. La zone euro pourrait alors connaître une baisse sensible de son PIB au 1er mais également au 2e trimestre 2020, certaines mesures sanitaires pouvant en effet être prolongées voire renforcées.