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Eco Emerging // 3 trimestre 2021
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Ainsi, les ventes de détails affichaient en mai un 3 mois consécutif de
gain, soutenues par l’épargne reconstituée au S2 2020, l’aide d’urgence
distribuée depuis avril et la progression du crédit aux ménages (+7,8%
en g.a. en mai).
TAUX : INFLATION, TAUX DIRECTEUR, RENDEMENTS OBLIGATAIRES
SELIC tx direc. (%, é.g)
Govies 10 ans (%, é.g)
IPCA - IPC (g.a, % - é.g)
Govies 10 ans-2ans (pp, é.d)4
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Les perspectives de croissance à court terme demeurent bien orientées
à la faveur d’un environnement externe toujours porteur et d’un regain
d’optimisme des entreprises et des ménages concourant avec la levée
des restrictions et la progression de la vaccination. Des risques bais-
siers subsistent toutefois : émergence de souches virales plus résis-
tantes aux vaccins, aléas climatiques, dégradation du climat politique,
accélération plus marquée de l’inflation. Certaines mesures de soutien
ont déjà été envisagées par les autorités pour contrebalancer les effets
d’une persistance de l’épidémie et de la hausse des prix. Le gouverne-
ment a annoncé la prolongation d’au moins 3 mois de l’aide d’urgence
distribuée au ménages (d’avril à juillet initialement). Les autorités
devraient également augmenter de 60% la valeur des allocations du
programme Bolsa Familia d’ici la fin de l’année. Des lignes de crédit à
hauteur de USD 50,7 mds vont également être mises à disposition des
agriculteurs pour stimuler la production agricole en 2021/22.
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GRAPHIQUE 2
SOURCES : MACROBOND, BNP PARIBAS
des primes de risque. Entre mars et début juillet, les spreads CDS à
ans et EMBI+ ont baissé respectivement d’environ 60 et 45 pb tandis
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INQUIÉTUDES CROISSANTES CONCERNANT L’INFLATION
que le spread entre le taux d’intérêt à 10 ans et celui à 2 ans sur les
obligations d’État a baissé de près de 100 pb. La baisse relative des
risques budgétaires conjuguée à la remontée du différentiel de taux
La reprise plus forte qu’attendu de l’activité, la faiblesse du real, la
hausse du prix des matières premières et des facteurs climatiques
alimentent des tensions sur les prix. En juin, l’indice des prix à la
(
SELIC - Fed Funds) et à un dollar plus faible ont aussi permis à la
monnaie de retrouver des couleurs après sa chute au T1 (~9%). Le real,
dont la dynamique est de plus en plus découplée du cycle des matières
premières et des termes de l’échange, atteignait ainsi fin juin son ni-
veau le plus fort depuis un an en passant sous la barre des 5 USD/BRL.
consommation (IPCA) a atteint un plus haut niveau en près de 5 ans
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(
+8,4% en g.a.), marquant un 16 mois consécutif d’accélération de
l’inflation. Depuis février 2020, la composante alimentaire de l’IPCA
est en hausse d’environ 20% tandis que le prix de l’essence et du gaz
domestique ont progressé d’environ 25%. Les factures d’électricité ont
dans le même temps bondi de 10%, conséquence de la sécheresse qui DES COMPTES EXTERNES SOLIDES
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touche le pays depuis quelques mois .
Le déficit du compte courant sur 12 mois glissants continue de se
Même si la transmission à l’inflation sous-jacente reste pour l’instant
limitée (l’inflation dans les services est par exemple à moins de 2%),
le décrochage de près de 5 points de l’inflation globale par rapport à
la cible (3,75% +/- 1,5) laisse présager un resserrement plus rapide
que prévu de la politique monétaire au deuxième semestre. La banque
centrale (BCB) a déjà procédé à trois hausses de 75 points de base (pb)
du taux SELIC depuis le début de l’année et prévu une autre hausse de
résorber atteignant en mai son plus bas niveau depuis plus de 13 ans
(
USD 8,4 mds, 0,6% du PIB). Cette baisse, qui devrait se poursuivre,
reflète d’importants excédents commerciaux depuis un début d’année
marqué par une forte accélération des exportations de matières
premières, notamment de minerai de fer, de pétrole mais aussi
de viande. Sans surprise, l’effet prix des exportations (+44% en g.a.
en juin) domine l’effet volume (+11% en g.a. en juin). Au niveau du
compte financier, les flux d’investissement directs étrangers (IDE), qui
avaient chuté d’environ 50% en 2020 pour s’établir à USD 34,2 mds
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5 pb lors de sa prochaine réunion en août prochain. Une détérioration
des anticipations d’inflation pourrait toutefois inciter les autorités à un
resserrement plus important à la fin de l’été.
(
un plus bas depuis 25 ans), peinent pour l’instant à se renforcer en
raison notamment de remboursements de prêts inter-entreprises
plus élevés que les décaissements. Les IDE devraient totaliser environ
USD 50 mds en 2021. Ils ne devraient pas durablement retrouver leur
niveau moyen d’avant-crise (USD 72 mds sur la période 2015-2019)
avant au moins 2023. En revanche, les investissements de portefeuille
restent robustes. Les flux nets de la part des non-résidents sont
positifs depuis août 2020 (à l’exception du mois de mars) et cumulaient
USD 42 mds en mai sur 12 mois soit le niveau le plus élevé depuis
DÉTENTE DES PRIMES DE RISQUE SUR LE SOUVERAIN
La meilleure tenue de l’activité, des recettes plus dynamiques (du fait
de la montée de l’inflation mais aussi d’importants gains sur les swaps
de change enregistrés par la BCB), conjuguées à la restriction des
dépenses (du fait du retard dans l’approbation du budget 2021) ont
permis une amélioration des soldes budgétaires et de la dynamique de
la dette malgré la hausse des taux. En mai, le déficit global sur 12 mois
glissants s’élevait à 9,1% du PIB (5,4% du PIB de déficit primaire + 3,7%
du PIB de charge d’intérêt), soit une amélioration de 1,5 pp sur un
mois, tandis que la dette brute baissait dans le même temps de 1,1 pp
à 84,5% du PIB, profitant d’une croissance plus élevée du PIB nominal.
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015. Ils devraient se maintenir au cours des prochains trimestres
compte tenu de la remontée des taux et de la meilleure assise de la
reprise économique. À noter que les entreprises locales qui s’étaient
désendettées à l’étranger depuis un peu plus d’un an et demi sont de
nouveau en quête de financement extérieur.
La baisse des tensions sur les comptes publics, l’avancée de certaines
Achevé de rédiger le 9 juillet 2021
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privatisations (ex. Electrobras, Cedae) ainsi que la présentation de la 2
Salim HAMMAD
salim.hammad@bnpparibas.com
phase du projet de loi sur la réforme fiscale ont favorisé un tassement
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L’électricité au Brésil est produite principalement par des centrales hydroélectriques. Si les réservoirs d’eau atteignent des niveaux bas du fait d’un manque de pluie, comme c’est le cas
depuis quelques mois, d’autres sources d’énergie, plus chères, doivent être activées.
La banque
d’un monde
qui change