En Chine, les indices PMI publiés par le Bureau Statistique le 31 janvier et les récents indicateurs de mobilité mettent en évidence un rebond plus rapide qu’espéré de la demande intérieure, suite à l’abandon de la politique zéro Covid et la réouverture du pays. Cette dynamique devrait se renforcer dans les prochains mois si le reflux de la vague épidémique se confirme. Notre prévision de croissance pour 2023 est maintenant légèrement supérieure à 5%, contre 3% en 2022.
Le redressement de l’activité sera tiré par la consommation privée et le secteur des services, qui profiteront d’effets de rattrapage et d’une amélioration de la confiance des ménages après trois années de restrictions sanitaires. Par ailleurs, grâce aux mesures de soutien des autorités, le secteur immobilier devrait se stabiliser au cours de l’année. La sortie de crise sera néanmoins compliquée, puisque de nombreux promoteurs immobiliers continuent de faire face à des difficultés financières et les risques de défaut restent élevés.
Le rebond post-Covid de la croissance en Chine aura des répercussions positives sur les autres économies de la région.
D’abord parce que la réouverture des frontières chinoises devrait avoir des effets considérables sur le tourisme en Asie. Hong Kong, le Vietnam et la Thaïlande, ainsi que Singapour et la Malaisie, en seront les principaux bénéficiaires, du fait de l’importance du tourisme pour ces économies et de la prédominance des touristes chinois.
Par ailleurs, si la situation dans le secteur immobilier chinois s’améliore, cela devrait soutenir la demande et les prix mondiaux de certaines matières premières, en particulier des métaux. Ceci profitera aux pays exportateurs de matières premières, en particulier l’Indonésie.
En revanche, s’il devait y avoir une nouvelle hausse des prix des matières premières, ceci pourrait alimenter de nouvelles pressions inflationnistes et retarder la fin des resserrements monétaires en Asie.
Enfin, le redressement de la croissance chinoise devrait avoir des effets limités sur le commerce de biens manufacturés en Asie. La demande chinoise de biens manufacturés est principalement destinée à son secteur exportateur, et moins à son marché intérieur, et dépend donc surtout de la demande finale en provenance des économies développées. Or, celle-ci s’affaiblit rapidement, et le cycle électronique mondial se retourne. Les exportations de marchandises des pays industrialisés d’Asie ont ainsi enregistré une forte baisse de leurs exportations sur les deux derniers mois de 2022. Cette dynamique devrait persister à court terme.
Au final, la reprise économique en Chine devrait apporter un soutien bienvenu à l’activité en Asie, principalement dans les secteurs des services. Mais Hong Kong et la Thaïlande devraient être les seuls pays, avec la Chine, qui devraient connaître une croissance plus forte cette année qu’en 2022. En moyenne, la croissance des économies d’Asie émergente hors Chine et Inde va ralentir en 2023, atteignant 3.6% contre 4.5% en 2022. La demande intérieure sera pénalisée par le durcissement des conditions financières et la diminution des effets de rattrapage post-Covid. Et surtout, les exportations de marchandises vont souffrir de l’affaiblissement de la demande des pays avancés.