Les pays d’Europe centrale sont relativement bien positionnés dans les secteurs industriels à fort contenu technologique. Il existe toutefois des divergences au vu des parts respectives, dans la valeur ajoutée et dans les exportations du secteur manufacturier, des produits technologiques. La part du secteur « high-tech », composé de seulement trois segments selon l’approche sectorielle (pharmacie, informatique/électronique/optique et aéronautique) est relativement modeste, mais celle du secteur « moyenne-haute technologie » (chimie, armement, équipement électrique, machines, véhicules à moteur, autres véhicules, matériel médical) est élevée. Or, ces secteurs présentent aussi une forte intensité en technologie. De ce fait, la prise en compte des secteurs de « moyenne-haute technologie » s’avère nécessaire pour avoir une vision plus complète de leur importance en Europe centrale.
L’entrée des pays d’Europe centrale au sein de l’Union européenne (2004 : la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie ; 2007 : la Roumanie) s’est accompagnée d’un afflux, à la fois, de fonds européens et de capitaux étrangers sous forme d’investissements directs étrangers (IDE). Cela a contribué à la montée en gamme de leur industrie manufacturière dans la chaîne de valeur. Contrairement aux idées reçues, leur tissu industriel ne se borne pas au seul secteur automobile, même s’il est important.
Il ressort aussi de ce graphique que la Hongrie se démarque par l’importance de son secteur high-tech (17,6% des exportations du secteur manufacturier), porté par le segment informatique/électronique/optique. Sa part plus modérée en République tchèque et en Slovaquie peut surprendre. Elle s’explique par les critères retenus dans l’approche sectorielle (NACE) qui inclut les postes « équipements électriques » et « machines », non pas dans le segment high-tech mais dans le groupe « moyenne-haute » technologie. Ces deux postes sont particulièrement importants pour les pays d’Europe centrale1. À titre de comparaison, en Allemagne et en France, les catégories « aéronautique » et «pharmaceutique» sont significatives (d’où la part élevée du secteur high-tech).
Quels relais à court terme ? Le maintien du bon positionnement des pays d’Europe centrale n’est cependant pas garanti dans le temps, d’autant plus qu’ils doivent aussi faire face à la montée de la concurrence chinoise qui inclut une gamme très large de produits, y compris des produits high tech (Ecoweek du 17 septembre). Pour conserver leur avantage comparatif et poursuivre leur montée en gamme dans la chaîne de valeur, davantage d’investissements seront nécessaires dans le secteur de la recherche et développement (R&D) en Europe centrale. À l’heure actuelle, les dépenses en R&D restent sensiblement inférieures à celles des pays avancés (Pologne : 1,6% du PIB, République tchèque : 1,8%, contre 2,2% pour la zone euro).
En attendant, les fonds européens (dans le cadre du programme pour la reprise et la résilience et du budget européen pluriannuel 2021-2027) continueront de jouer un rôle important en matière d’innovation. Les bonnes perspectives d’IDE, dans un contexte de réorganisation de l’activité productive des pays développés de la zone euro, vont aussi y contribuer à court terme. De même, certains pays d’Europe centrale, notamment la Hongrie et la Pologne, dans une moindre mesure, restent en bonne position pour continuer de bénéficier des IDE en provenance de Chine, bien qu’ils soient pour l’instant essentiellement dirigés vers le secteur automobile.