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Instabilité politique au Pérou

16/02/2023

La crise politique s’est aggravée au Pérou au court des deux derniers mois. A très court terme, l’instabilité politique devrait continuer et peser sur les perspectives de croissance.

Transcription

Aggravation de la crise politique

Le climat politique et social péruvien s’est brusquement dégradé le 7 décembre dernier. La destitution et l’arrestation de Pedro Castillo, au pouvoir depuis Avril 2021, a cristallisé les tensions politiques et sociales existantes depuis près de 10 ans. D’après la constitution en vigueur, c’est la vice-présidente, Dina Boluarte, qui assure l’intérim jusqu’aux prochaines élections, prévues en 2026. Cela fait d’elle la 6eme présidente du pays en 6 ans.

Ces évènements ont provoqué de nombreuses manifestations populaires et une répression meurtrière du gouvernement, sans à ce jour de voie claire vers un compromis politique et une fin de la violence. Afin d’apaiser les tensions, la présidente a proposé d’avancer les élections, d’abord en 2024, puis en octobre de cette année. Les deux propositions ont été rejetées par le congrès.

Peu de visibilité à court terme

A court terme, aucun scénario n’est optimiste. Que la présidente démissionne, qu’elle soit destituée ou qu’elle termine le mandat semble ne pas influer sur une possible issue prochaine de la crise. Même en cas de nouvelles élections législatives, il est probable que le parlement reste fragmenté, sans franche majorité, et que la défiance vis-à-vis du gouvernement reste vive, ce qui n’améliorera pas la gouvernabilité et la capacité à mener des réformes.

Ralentissement de la croissance

Jusqu’ici, la faible vulnérabilité extérieure, le faible endettement public et la solidité du secteur bancaire ont permis à l’économie péruvienne de ne pas accuser de déséquilibres majeurs. Mais l’activité a déjà commencé à souffrir de la situation politique et sociale. A la fin du mois de janvier, le ministère de l’économie estimait que les pertes représentaient près de 650 millions de dollars, soit 0,25% du PIB. Les exportations pourraient être particulièrement touchées, puisque les régions les plus concernées par les blocages, au sud du pays, concentrent environ 60% de la production nationale de cuivre. En outre, les pénuries alimentaires liées aux blocages des routes ont entraîné une nouvelle hausse de l’inflation, à près de 9% en g.a. en janvier, alors que celle-ci avait diminué au cours des derniers mois.

Au-delà de l’effet sur la croissance à court terme, l’instabilité politique s’ajoute aux faiblesses structurelles du pays et pèse sur les perspectives de moyen terme. Une baisse durable de la confiance des investisseurs et une incapacité à appliquer une politique économique crédible pèseront sur la croissance potentielle du pays.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE