Repli des exportations
La croissance économique a atteint 3,2% en 2018, un niveau toujours solide mais néanmoins inférieur à celui de 2017 (tableau 1). La croissance a principalement souffert de la contraction de l’investissement et de la baisse d’activité dans le secteur exportateur. Le ralentissement devrait se poursuivre en 2019, et la croissance atteindre 2,5%.
Les exportations de marchandises se sont contractées de 0,3% en glissement annuel (g.a.) sur la période novembre 2018-février 2019, après avoir augmenté de 12,5% sur la période janvier-octobre 2018. Les exportations de produits locaux non pétroliers ont quant à elles chuté de 6,5% en g.a. depuis novembre (graphique 2). Cette dégradation résulte principalement du retournement du cycle électronique et des conséquences des hausses des droits de douane américains imposées à la Chine (baisse des exportations vers la Chine, effets de contagion via les chaines de valeur régionales). Singapour est particulièrement pénalisé par sa forte exposition à la demande chinoise (13% des exportations, ou 16% du PIB), sa forte participation aux chaînes de valeur dans le secteur de la haute technologie et la diversification limitée de ses exportations (environ un cinquième est constitué de semi-conducteurs). A très court terme, les perspectives d’exportation restent sombres ; elles dépendront notamment de l’issue des négociations entre les Etats-Unis et la Chine, toujours en cours.
La contribution du commerce extérieur net à la croissance du PIB a été positive en 2018, car la progression en volume des importations de biens et services a connu un ralentissement plus marqué que celle des exportations. Ce soutien à la croissance ne suffit plus car le fléchissement de l’activité dans le secteur exportateur a des répercussions sur le reste de l’économie. Au T4 2018, il a contribué à un mouvement de déstockage et à la baisse de l’investissement en machines-outils et équipements (-4,1% en g.a. après quatre trimestres de hausse). De plus, l’emploi dans le secteur manufacturier a diminué après l’expansion enregistrée au T3 2018.
L’investissement s’est contracté de 3,4% en termes réels en 2018, après avoir augmenté de 5,3% en 2017. Ce repli a concerné toutes les grandes composantes de l’investissement, et plus particulièrement la construction résidentielle (-11,8%). L’investissement en machines-outils et équipements a un peu mieux résisté, ne fléchissant qu’au T4 2018. A court terme, les investisseurs du secteur manufacturier resteront prudents étant donné les menaces protectionnistes et les incertitudes qui pèsent sur les perspectives d’exportation. L’investissement privé dans la construction de logements devrait rester déprimé. En revanche, l’investissement dans les projets de construction publics devrait rebondir, et permettre une stabilisation de la croissance de l’investissement total sur l’année 2019.
La consommation privée est restée un important contributeur à la croissance du PIB en 2018 malgré son ralentissement à 2,4% en g.a. contre 3,2% en 2017. Les conditions du marché du travail sont restées tendues, avec une hausse des salaires toujours solide (+3,5% en 2018) et un emploi stable (soutenu par les services). En 2019, la croissance de la consommation privée devrait continuer à décélérer, en raison des répercussions du repli des exportations sur le marché du travail, de moindres effets de richesse (le marché de l’immobilier est entré dans une nouvelle phase de correction) et d’un léger durcissement des conditions de crédit.
Le resserrement monétaire devrait marquer une pause
Les taux d’intérêt courts ont légèrement augmenté depuis la fin 2016, en ligne avec les taux d’intérêt américains et internationaux. La banque centrale (Monetary Authority of Singapore, ou MAS) a également commencé à durcir sa politique monétaire en 2018 en réponse à la hausse (très modérée) de l’inflation (graphique 3). Le taux d’appréciation de la bande de fluctuation du taux de change effectif nominal du SGD a été légèrement relevé en avril puis en octobre, le portant à 1% contre 0% en 2016-2017[1].