Wall Street a rebondi dans le sillage de l’annonce d’un programme de relance massif et d’une réévaluation de la distribution des risques. Désormais, l’attention se concentre entièrement sur les perspectives de résultats des entreprises, d’où l’importance du débat sur la configuration de la reprise.
Un premier facteur évident est l’assouplissement massif de la politique monétaire. La Réserve fédérale a clairement décidé de ne pas « rechigner sur les moyens ». En particulier, sa décision de rachat de papier émis par des sociétés a considérablement réduit le risque de défaillance de nombreuses entreprises, ce qui a – par ricochet – contribué à soutenir le sentiment boursier. La baisse des rendements d’État va dans le même sens. En outre, l’assouplissement quantitatif peut inciter les investisseurs à rééquilibrer leurs portefeuilles, avec un impact positif sur le cours des actions.
Deuxième facteur possible, la politique budgétaire. Les mesures de soutien votées par le Congrès américain avoisinent 14 % du PIB. Pour reprendre les mots mêmes de Jerome Powell : « Alors que le choc économique du coronavirus apparaît d’une ampleur inégalée, la réponse budgétaire a aussi été la plus rapide et la plus puissante jamais apportée face aux récessions depuis la guerre. » Ceci ne sera probablement pas sans impact sur les anticipations de croissance, ne serait-ce qu’en réduisant le risque de scénarios extrêmes.
Un troisième facteur est lié spécifiquement à la distribution des risques. Durant 2019 et au début de 2020, les enquêtes ont montré que les chefs d’entreprise américains estimaient le risque de récession élevé à l’horizon prévisible. Partant du principe que les marchés actions chutent en période de récession, on peut en conclure que l’équilibre des risques tendait plutôt vers une baisse : la probabilité d’une baisse importante était plus forte que celle d’une hausse de même ampleur. Considérant la baisse des marchés depuis la pandémie, et compte tenu de la réponse des politiques monétaire et budgétaire, on est en droit de penser que le risque est aujourd’hui moins asymétrique qu’au début de l’année.