Eco Perspectives

La croissance continue de ralentir

22/01/2020
PDF

Après s’être établi à 2,4% en 2018, le taux de croissance de l’économie suédoise est tombé à 1,4% en 2019, son niveau le plus bas depuis 2013. La faiblesse de la demande et l’incertitude pesant sur les exportations et le climat des affaires ne laissent pas présager d’accélération en 2020, notre prévision de croissance s’établissant à 1,2%.

Climat des affaires dégradé

Croissance et inflation

L’économie suédoise étant très ouverte (45,6% du PIB est exporté), elle est sensible aux fluctuations du commerce international. En 2020, elle devrait pâtir de la faiblesse des échanges, notamment avec l’Union européenne (58,3% des exportations). Le risque de Brexit, auquel la Suède est particulièrement exposée[1], a notamment pesé sur les perspectives de débouchés en 2019. En fin d’année, les indices PMI (46,3 en moyenne au dernier trimestre de 2019) ainsi que l’investissement des entreprises s’inscrivaient en recul. Même si la signature d’un accord de retrait entre l’UE et le Royaume-Uni (cf. Ecoflash du 20/12/2019) devrait apaiser les inquiétudes des chefs d’entreprise, le risque d’une sortie sans accord commercial en janvier 2021 pourrait maintenir le degré d’incertitude à un niveau élevé. Dans ce contexte, les investissements en machines et biens d’équipement devraient continuer de reculer en 2020.

Après avoir chuté de 8% en 2019, l’investissement résidentiel pourrait en revanche se stabiliser à un point bas[2], du fait de la résorption de l’excès de stock de logements disponibles à la vente.

La consommation privée reste inscrite sur une pente faible. Elle n’a progressé que de 1% en 2019 contre 1,6% en 2018. Malgré les baisses d’impôts mises en place par le gouvernement, la confiance des consommateurs est affectée par la remontée du taux de chômage, passé de 5,8% en novembre 2018 à 6,8% en novembre 2019. Au premier trimestre 2020, la progression des salaires restera, par ailleurs, très modérée.

Le taux d’inflation, de 1,8% en novembre, se rapproche de la cible de 2% de la Riksbank. Au-delà des fluctuations induites par le prix du pétrole, l’inflation dite « sous-jacente » (hors alimentation et énergie) a eu tendance à accélérer, notamment en raison de la hausse des loyers.

Le 19 décembre 2019, la Riksbank a ainsi décidé de remonter son taux d’intérêt directeur de -0,25% à 0%. Elle considère par ailleurs que l’application de taux d’intérêt négatifs peut avoir, sur le long terme, des conséquences induites négatives. Avec un taux de repo nul, la politique monétaire demeure toutefois expansionniste,

Alors que le ratio d’endettement public a beaucoup reculé ces dernières années (il atteint 34,6% en 2019, contre 45% du PIB en 2014) et que les comptes budgétaires affichent des excédents récurrents, la politique gouvernementale consistera à soutenir l’activité à hauteur de 0,5% du PIB en 2020. En l’occurrence, seront mises en place des mesures d’incitation à l’investissement (notamment dans la transition énergétique) et des baisses supplémentaires d’impôts à destination des ménages. Une partie conséquente du budget sera également allouée à la santé, l’éducation et l’employabilité.

[1] Selon l’Insee (Evaluer l’impact du Brexit sur l’activité des partenaires du Royaume-Uni : le canal des échanges commerciaux), la Suède serait le septième pays pour lequel la perte de valeur ajoutée serait la plus élevée en raison du Brexit. Le PIB suédois baisserait ainsi de 0,6% dans le cas d’un hard Brexit et de 0,3% dans le cas d’un soft Brexit.

[2] Il devrait atteindre son plus bas niveau en 2020 en s’inscrivant sous la barre des 200 milliards de couronnes suédoises, seuil qui n’avait pas été atteint depuis 2015 (198 milliards). Par la suite, un rebond est possible.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Global
Vers un léger rebond de la croissance

Vers un léger rebond de la croissance

Au cours des derniers mois, les enquêtes de conjoncture se sont stabilisées dans l’industrie manufacturière tandis qu’une légère progression a été enregistrée dans les services [...]

LIRE L'ARTICLE
États-Unis
2020, année à haut risque

2020, année à haut risque

La divergence entre tendances économique et boursière s’est accentuée aux Etats-Unis, sur fond d’accommodation monétaire et d’expansion de la dette des entreprises [...]

LIRE L'ARTICLE
Chine
Répit de début d’année

Répit de début d’année

La croissance économique a ralenti à 6,1% en 2019. Les exportations se sont contractées et la demande intérieure continue de s’affaiblir [...]

LIRE L'ARTICLE
Japon
Effet incertain de la politique budgétaire

Effet incertain de la politique budgétaire

Les autorités japonaises ont décidé en décembre 2019 d’initier un programme budgétaire de relance conséquent pour les années à venir [...]

LIRE L'ARTICLE
Zone euro
2020 : l’année du redémarrage ?

2020 : l’année du redémarrage ?

L’année 2020 sera-t-elle marquée par une accélération de l’activité en zone euro ? Des premiers signes plus favorables semblent émerger, sans toutefois apparaître nettement dans les données dures [...]

LIRE L'ARTICLE
Allemagne
Point de retournement en vue

Point de retournement en vue

L’activité économique n’a progressé que de 0,6% en 2019, la baisse de la production manufacturière ayant été contrebalancée par une activité accrue dans des secteurs moins tournés vers l’exportation [...]

LIRE L'ARTICLE
France
2020 : nouvelle année, mêmes tendances

2020 : nouvelle année, mêmes tendances

Après une année 2019 en demi-teinte, marquée par une croissance peu élevée mais résistante grâce à la bonne tenue de la demande intérieure finale, les perspectives pour 2020 sont à l’avenant [...]

LIRE L'ARTICLE
Italie
De nombreux défis à relever

De nombreux défis à relever

Le cycle d’activité reste très modéré en Italie [...]

LIRE L'ARTICLE
Espagne
Premiers pas de la nouvelle coalition

Premiers pas de la nouvelle coalition

La croissance espagnole reste solide, sans pour autant être immune au ralentissement économique européen. Elle devrait continuer de freiner cette année et s’établir autour de 1,7% en 2020, après à peine 2% en 2019 [...]

LIRE L'ARTICLE
Pays-Bas
Le défi des retraites et du changement climatique

Le défi des retraites et du changement climatique

L’activité pourrait avoir nettement ralenti au T4 2019, en raison du fléchissement du commerce mondial et du durcissement de certaines normes (émissions d’azote, composés perfluorés) [...]

LIRE L'ARTICLE
Belgique
Pression sur la demande intérieure

Pression sur la demande intérieure

La croissance du PIB belge devrait ralentir à 0,8% en 2020, contre 1,3% en 2019. La demande intérieure, qui reste le principal moteur de l’économie, est partiellement contrebalancée par une contribution nette négative des échanges commerciaux [...]

LIRE L'ARTICLE
Grèce
Le redressement se poursuit

Le redressement se poursuit

Portée par des effets de rattrapage, l’économie grecque est parvenue à légèrement accélérer dans un environnement européen orienté à la baisse [...]

LIRE L'ARTICLE
Royaume-Uni
Actualité du Brexit

Actualité du Brexit

Le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni quittera officiellement l’Union européenne et toutes les institutions qui la composent [...]

LIRE L'ARTICLE
Danemark
La croissance résiste

La croissance résiste

Dans un contexte international moins favorable, le Danemark, petite économie ouverte, conserve une activité relativement dynamique [...]

LIRE L'ARTICLE