e
Eco Emerging // 2 trimestre 2022
economic-research.bnpparibas.com
7
une politique monétaire accommodante. Entre décembre et février,
les sorties nettes d’investissement de portefeuille de la part des
investisseurs étrangers ont atteint l’équivalent de 1,5% du PIB annualisé
alors que les achats se sont élevés à 1,2% du PIB sur l’ensemble de
l’année 2021. Néanmoins, la roupie est restée relativement stable
INDE : PRODUCTION INDUSTRIELLE
Production industrielle
Biens de consommation durable
Biens en capital
déc. 2019 = 100
60
1
(
-1,6% sur la période décembre-février) grâce aux interventions de la
banque centrale sur les marchés des changes.
140
120
La forte hausse des prix des matières premières induite par le conflit
et les sanctions prises à l’encontre de la Russie est un risque plus
important.
100
80
60
40
20
0
Sur le plan alimentaire, l’Inde importe l’essentiel de ses céréales et
huiles en provenance d’Ukraine (34,3% des céréales et 15,8% des huiles)
et ses engrais en provenance de Russie (61%). La forte hausse des prix
des céréales devrait toutefois avoir un impact modeste dans la mesure
où l’Inde importe peu de céréales (hormis du maïs). Elle produit et ex-
porte du blé et du riz. En revanche, le pays est un gros consommateur
et importateur d’huiles animales et végétales. Sur le seul mois de mars
2
016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2
3
022, les prix domestiques des huiles ont ainsi augmenté de près de
0% participant ainsi à hauteur de 12 points de base (pb) à la hausse
GRAPHIQUE 2
SOURCE : CEIC
des prix de détail. Enfin et surtout, l’Inde importe des engrais dont la
hausse des prix (fortement corrélés à ceux du gaz) pourrait se répercu-
ter sur les prix des produits alimentaires au cours des prochains mois à
moins que le gouvernement n’augmente sensiblement ses subventions.
L’Inde est aussi un gros importateur de métaux (notamment de métaux
précieux) et surtout de combustibles, qui constituaient en 2019 res-
pectivement 12,3% et 31,9% de ses importations. La hausse des prix de
l’énergie (+54,9% sur les trois premiers mois de 2022) et des métaux
précieux (+9,3%) devrait entraîner un creusement du déficit courant et
une hausse des pressions inflationnistes.
de ses finances publiques. Il prévoit notamment d’augmenter ses
investissements (+24,5%).
Le gouvernement anticipe ainsi une réduction modeste de son déficit
(
hors déficit des États) de 6,9% du PIB (budget révisé pour l’année fis-
cale 2021/2022) à 6,5% du PIB. Mais ce budget semble optimiste dans
les conditions actuelles. Etabli avant le conflit en Ukraine, il prévoyait
une forte réduction des subventions (-27%, i.e. l’équivalent de 0,7 point
de PIB) par rapport au budget révisé 2021/2022. Ces baisses devaient
porter sur le fioul, les engrais et l’alimentaire. Les montants des sub-
Au cours des trois derniers mois (décembre-février), le déficit com- ventions prévus pour le budget 2022/2023 restaient toutefois légère-
mercial de produits pétroliers a enregistré une hausse de près de 30% ment supérieurs aux niveaux d’avant crise.
par rapport à la moyenne annuelle de 2019. Selon les estimations de
la RBI, une hausse des prix du pétrole de 10% aurait un impact de
Les montants des subventions prévus pour le budget 2022/2023 res-
teraient légèrement supérieurs aux niveaux d’avant-crise. Mais les
tensions sur les prix des matières premières et les risques baissiers
sur la croissance devraient contraindre le gouvernement à réviser à la
hausse ses dépenses de subventions, fragilisant ainsi la consolidation
-
0,2 point de pourcentage (pp) sur la croissance, de +0,3 pp sur l’infla-
tion et de +0,4 pp sur le déficit courant (en % du PIB) si cette hausse se
répercutait intégralement sur l’économie.
Pour contenir l’impact de la hausse des prix du pétrole sur le pouvoir budgétaire annoncée.
d’achat des ménages, le gouvernement pourrait cependant décider de
réduire les taxes ou d’accroître les subventions. Les taxes constituent
VICTOIRE DU BJP AUX ÉLECTIONS RÉGIONALES
près de 50% du prix de l’essence payé par le consommateur indien. Fin
mars, le gouvernement n’avait annoncé aucune mesure de soutien à
son économie. En revanche, anticipant la hausse de la facture pétro-
lière, il a fortement augmenté ses achats de brut à la Russie en février
et mars à un prix très avantageux (30 USD en dessous du cours du
brent, hors transport et assurance). Mais ces achats (13 millions de
barils sur deux mois vs. 16 millions sur l’ensemble de l’année 2021)
restent marginaux par rapport aux besoins du pays, dont les importa-
tions totales de pétrole ont atteint 4,9 millions de barils par jour en
Le parti de Narendra Modi, le BJP, est parvenu à garder le contrôle
de quatre des cinq États qui tenaient des élections régionales en fé-
vrier-mars. Sa victoire dans l’Uttar Pradesh (UP) est un signal positif
pour le premier ministre dans la mesure où cet État le plus peuplé
est un bon indicateur des résultats des élections générales, lesquelles
auront lieu en 2024. La position du BJP dans l’UP est néanmoins
moins confortable qu’elle ne l’était en 2017, le parti ayant remporté
2
51 sièges contre 312 cinq ans plus tôt.
2
021.
Le BJP a en revanche perdu le contrôle du Punjab derrière l’Aam Admi
Party (AAP) qui remporte pour la première fois un État. Dans les États
du Gujarat et de l’Himachal Pradesh, actuellement contrôlés par le
BJP, les élections auront lieu en fin d’année. Globalement, les résul-
tats de ces élections devraient assurer une certaine stabilité politique
jusqu’aux prochaines élections, voire au-delà.
En conséquence, en supposant que les prix internationaux des matières
premières restent à des niveaux élevés, le supplément d’inflation total,
pour l’année 2022/2023, pourrait atteindre 1,5 pp et la hausse du défi-
cit courant pourrait être de 2 points de PIB.
BUDGET À RISQUE POUR L’ANNÉE 2022/2023
Achevé de rédiger le 6 avril 2022
Le budget présenté en février pour l’exercice budgétaire 2022/2023
qui s’achèvera au 31/03/2023 est expansionniste. Le gouvernement
privilégie un soutien à sa croissance plutôt qu’une consolidation
Johanna MELKA
johanna.melka@bnpparibas.com
La banque
d’un monde
qui change