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Exportations françaises : s’il ne doit en rester qu’un…

08/11/2023
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La dynamique des exportations françaises s’est singulièrement essoufflée au fil de ces derniers mois. Si les exportations sont, sur les 9 premiers mois de l’année, de EUR 14 mds supérieures à celles enregistrées sur la même période de 2022, l’essentiel de ce gain a été obtenu dès le 1er trimestre. Sur les 2e et 3e trimestres, la hausse cumulée des exportations se limite à EUR 1 md (par rapport au T2 et T3 2022), avec au premier rang des progressions les exportations aéronautiques (+5,5 mds).

Le mois de septembre a confirmé la réduction du déficit extérieur, qui ne s’établit plus qu’à EUR 86 mds en cumul sur 9 mois contre 126 mds sur la même période de 2022, notamment en raison d’une amélioration de la balance énergétique. Les exportations aéronautiques, qui bénéficient d’un carnet de commandes élevé, constituent un autre soutien. Avec l’automobile, le secteur de l’aéronautique a enregistré un net regain d’activité depuis début 2023. En volume, les matériels de transport expliquent 75% de la progression des exportations de biens et services entre les 9 premiers mois de 2022 et la période équivalente de 2023.

En analysant les données en valeur de la balance commerciale française, la dynamique de l’aéronautique apparait cependant de plus en plus isolée. Au T2 et au T3 2023, les exportations aéronautiques ont atteint 84% du niveau connu sur les mêmes trimestres de 2019, contre 65% en 2022 et 58% en 2021. Et si les exportations aéronautiques ont progressé de EUR 5,5 mds en cumul au T2 et au T3 2023 a/a, les exportations françaises n’ont, elles, augmenté que de 0,5 md. Au 3e trimestre les exportations se sont ainsi contractées a/a de EUR 3 mds vers l’Italie et de 1,3 md vers l’Allemagne.

Le rebond progressif des exportations aéronautiques pourrait finir par être pénalisé par des freins entravant une montée en charge plus prononcée : à 7% en moyenne entre mi-2022 et mi-2023, la proportion d’entreprises françaises dans les autres matériels de transports (aéronautique, ferroviaire, naval) signalant qu’une pénurie de main d’œuvre limite sa production a augmenté à 34% en moyenne au 2nd semestre 2023 selon la Commission européenne.

Stéphane Colliac

Economiste Senior, France-Allemagne

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